En pleine tourmente, la Cedeao appelle ses membres à l’unité

L’organisation ouest-africaine s’est réunie jeudi à Abuja pour évoquer la dégradation de la situation au Sénégal et l’annonce du retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Plusieurs dirigeants ont rappelé aux États membres l’importance de faire front commun.

Manifestants devant le Parlement sénégalais, à Dakar, le 5 février 2024. © JOHN WESSELS / AFP

Manifestants devant le Parlement sénégalais, à Dakar, le 5 février 2024. © JOHN WESSELS / AFP

Publié le 9 février 2024 Lecture : 3 minutes.

Ce jeudi 8 février, dans la capitale nigériane, des discussions à huis clos ont eu lieu pendant plusieurs heures lors d’une session extraordinaire réunissant les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). L’ordre du jour comprenait la crise politique au Sénégal et le retrait de l’organisation du Mali, du Burkina Faso et du Niger.

« Développement inquiétant » au Sénégal

Omar Alieu Touray, le président de la Commission de la Cedeao, a qualifié la crise sénégalaise, née du report surprise de la présidentielle du 25 février au 15 décembre, de « développement inquiétant », avant de lancer un appel à l’unité des pays membres. « S’il y a bien un moment où la Cedeao doit rester unie, c’est maintenant », a martelé le diplomate gambien dans la capitale nigériane Abuja.

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Après la réunion, le président de la Commission de la Cedeao a indiqué que le Conseil n’avait pas encore discuté de la constitutionnalité du report de la présidentielle sénégalaise, condition indispensable, selon lui, avant de prendre ou d’imposer des sanctions.

La Cedeao avait demandé mardi au Sénégal, réputé comme un des bons élèves de l’organisation, de rétablir « de toute urgence » le calendrier de la présidentielle. L’Union européenne (UE), s’alignant sur la Cedeao, avait à son tour appelé à revenir au 25 février. Un autre allié, les États-Unis, a jugé illégitime le vote ajournant l’élection.

Ces partenaires du Sénégal ont exprimé leur inquiétude devant le risque de troubles, mais aussi devant le coup porté à la pratique démocratique au Sénégal. « Nous entendons bien ce message, mais nous privilégions aujourd’hui la logique politique interne », avait déclaré mercredi soir depuis le Nigeria le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Ismaïla Madior Fall, sur la chaîne de télévision France 24.

Des ministres sénégalais ont assisté à la réunion de jeudi, contrairement à leurs homologues burkinabè, maliens, nigériens et guinéens, suspendus de la Cedeao après des coups d’État.

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Retrait « malheureux » des États sahéliens

Le chef du Conseil de médiation et de sécurité de l’organisation régionale, Yusuf Maitama Tuggar, a pour sa part exhorté le Niger, le Mali et le Burkina à faire marche arrière et ne pas quitter la Cedeao. Il a averti qu’un retrait des trois pays sahéliens entraînerait « des difficultés supplémentaires pour les citoyens ordinaires ». La Cedeao garantit en effet aux citoyens des 15 pays membres de pouvoir voyager sans visa et de s’établir dans les pays membres pour y travailler ou y résider.

L’annonce, le 28 janvier dernier, du retrait burkinabè, nigérien et malien, suscite l’inquiétude de centaines de milliers de ressortissants de ces pays, aussi bien du côté des particuliers que des commerçants. « Nous sommes plus forts ensemble, en tant que communauté », a insisté Yusuf Maitama Tuggar, également ministre nigérian des Affaires étrangères.

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L’annonce du retrait des trois pays sahéliens est « malheureux », a de son côté indiqué jeudi le président béninois Patrice Talon : « Cela m’a beaucoup peiné. J’ai parlé avec l’un des trois chefs d’État concernés et je lui ai dis que ce n’était pas bien. Cette décision pénalise les peuples et il n’y a pas de conflit entre les peuples de la Cedeao. »

Ce vendredi, l’incertitude persistait sur les mesures concrètes à venir concernant les différentes crises qui mettent la crédibilité de la Cedeao en jeu.

(Avec AFP)

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