En RDC, la situation reste tendue autour de Saké, au Nord-Kivu
L’intensification des combats entre les forces gouvernementales et le M23 pousse toujours plus de civils à fuir le Masisi. Des milliers d’entre eux se pressent désormais aux portes de Saké, à une vingtaine de kilomètres de Goma.
La situation restait tendue vendredi 9 février dans l’est de la RDC, où les combats se sont intensifiés ces derniers jours entre les forces gouvernementales et la rébellion du M23. Des milliers d’habitants paniqués de Saké, cité considérée comme stratégique sur la route de Goma, se sont enfuis mercredi 7 février pour échapper aux bombardements et se sont ajoutés aux centaines de milliers de déplacés déjà agglutinés dans les faubourgs du chef-lieu du Nord-Kivu.
Selon le Comité international de la Croix-rouge (CICR), l’hôpital qu’il soutient à Goma a reçu pour la seule journée de mercredi 58 blessés par arme, dont 31 civils. « Les blessés n’ont cessé d’affluer, certains transportés à moto, d’autres par bus. Avec les patients déjà suivis (…), nous avons atteint 120 blessés pris en charge, alors que notre capacité initiale est de 64 lits », précise le CICR dans un communiqué. « Les civils et les structures sanitaires sont de plus en plus exposés à la violence des combats », déplore-t-il.
Selon des habitants restés à Saké, interrogés par téléphone depuis Goma, des combats se sont poursuivis vendredi 9 février dans les collines surplombant la ville. « Les FARDC [forces armées de RDC] continuent à pilonner des positions du M23 à Malehe et Jérusalem », a déclaré l’un d’eux. « Je ne suis pas rassuré, l’ennemi peut toujours nous surprendre ici », ajoutait-il.
Bombardement
« Les combats se rapprochent encore une fois de Sake et la panique gagne du terrain », a témoigné dans l’après-midi une autre personne, affirmant que le M23 avait reçu des renforts.
« Ce matin tout semblait calme ici, mais aux environs de 10 heures du matin une bombe est tombée non loin de la mosquée, elle a endommagé deux maisons », a indiqué un autre habitant de Saké. Selon lui, par ailleurs, une femme blessée la veille par un bombardement a succombé vendredi 9 février à ses blessures.
Dans ce contexte de crise, le ministre congolais de la Défense, Jean-Pierre Bemba, est arrivé le 9 février à Goma pour une « visite de réconfort et de soutien » aux forces armées, à la population de Saké et aux « familles endeuillées », qui sont douze selon lui. « Je peux vous dire que tout est mis en œuvre pour que Saké et Goma ne tombent pas » et « que tous les territoires […] puissent être libérés », a-t-il déclaré à la presse.
Après un responsable de l’ONU mercredi 7 février et la France le lendemain, la Belgique s’est dite « très préoccupée par la nouvelle recrudescence de violence au Nord-Kivu ». « Nous condamnons la violente offensive du M23 et les actions de tous les groupes armés illégaux dans l’est de la RDC, qui ne font qu’ajouter à la misère et à la souffrance de civils innocents », indique dans une déclaration l’ambassade de Grande-Bretagne à Kinshasa. « Il faut que les efforts diplomatiques, dans le cadre des processus régionaux, soient relancés », demande la Belgique dans un texte transmis également par son ambassade en RDC.
Le M23, mouvement majoritairement tutsi apparu en 2012 et défait l’année suivante, a repris les armes en novembre 2021, reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des engagements sur la réinsertion de ses combattants. La RDC accuse le Rwanda et ses « supplétifs » du M23 de vouloir faire main basse sur les minerais de l’est congolais.
Le M23 affirme de son côté défendre une frange menacée de la population et réclame des négociations, que Kinshasa refuse, excluant de discuter avec des « terroristes ». Par ailleurs, cette semaine à Kinshasa, quelques dizaines de personnes ont manifesté devant plusieurs ambassades contre un supposé soutien apporté au Rwanda par les pays occidentaux.
(Avec AFP)
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