Égypte : état d’alerte après l’attaque de l’ambassade israélienne et des heurts meurtriers
Des forces de l’armée et de la police étaient déployées en masse samedi devant l’ambassade d’Israël au Caire, au lendemain d’une attaque d’une violence sans précédent lancée par des manifestants égyptiens contre la chancellerie et de heurts meurtriers avec la police.
A Jérusalem, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé qu’un "désastre" avait été évité, alors que le numéro deux de l’ambassade d’Israël va rester au Caire après le départ précipité de l’ambassadeur Yitzhak Levanon, rentré en Israël.
Le président américain Barack Obama a exprimé sa "grande inquiétude" et sommé le pouvoir égyptien de protéger l’ambassade. Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, avait auparavant téléphoné au secrétaire américain à la Défense Leon Penetta pour demander la protection de la représentation.
Le bâtiment abritant l’ambassade d’Israël, symbole de la paix conclue en 1979 entre les deux pays mais qui cristallise aussi la colère d’une partie de l’opinion égyptienne, a été envahi vendredi par des manifestants égyptiens qui ont jeté des documents dans la rue et retiré le drapeau israélien.
Les manifestants, armés de marteaux, de barres de fer et de cordes avaient au préalable fait tomber un mur de protection érigé ces derniers jours par les autorités devant la mission située en haut d’un immeuble d’une vingtaine d’étages.
Ils se sont ensuite battus toute la nuit avec les policiers appelés en renfort qui ont tiré en l’air pour les disperser. Trois personnes ont été tuées et plus de 1.000 blessées, dont 300 policiers, selon des sources hospitalières et de sécurité. L’un des blessés a succombé à une crise cardiaque.
Dix-neuf manifestants ont été arrêtés et déférés à la justice militaire, selon des sources de sécurité.
Démission probable du gouvernement égyptien
Samedi matin, les stigmates des affrontements étaient toujours visibles dans les rues jonchées de pierres et de bris de verre, selon une journaliste de l’AFP. Des voitures de police ont été incendiées.
Des véhicules blindés étaient déployés devant l’ambassade et une trentaine de véhicules des forces anti-émeutes postés aux alentours et près du commissariat proche dans le quartier de Guizeh. Seules certaines rues menant à l’ambassade étaient fermées.
Le ministère égyptien de l’Intérieur a proclamé la mobilisation générale, en annulant les permissions des policiers, et le Premier ministre Essam Charaf a convoqué une réunion de la cellule de crise du gouvernement dans la journée.
Selon le journal gouvernemental Al-Ahram, le gouvernement Charaf a l’intention de présenter sa démission "pour ne pas avoir pu contenir les conséquences" des manifestations pro-démocratie de vendredi.
L’attaque s’est en effet produite après un rassemblement pour plus de réformes et de démocratie sur la place Tahrir au Caire, sept mois après la chute du président Hosni Moubarak chassé par un soulèvement populaire, et la prise du pouvoir par l’armée.
"L’attaque violente contre l’ambassade est un incident sérieux mais elle aurait pu être pire si les émeutiers avaient réussi à franchir la dernière porte et à blesser notre personnel", a déclaré M. Netanyahu, cité par le site d’information Ynet. "Je suis heureux que nous ayons réussi à éviter un désastre et je voudrais remercier le président Obama pour son aide".
Six Israéliens sauvés par des commandos
Selon un haut responsable gouvernemental israélien, des commandos égyptiens ont sauvé six Israéliens "piégés dans l’ambassade", des agents de la sécurité selon la radio publique.
Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a condamné cet "acte de violence" et souhaité que les relations entre l’Egypte et Israël "s’apaisent".
C’est la première fois que l’ambassade d’Israël est attaquée avec une telle violence depuis 1979.
Les relations entre les deux pays traversaient déjà une crise très sérieuse après la mort de cinq policiers égyptiens tués le 18 août alors que l’armée israélienne poursuivait des auteurs présumés d’attaques dans le secteur d’Eilat, près de la frontière avec l’Egypte.
Durant la révolte populaire en Egypte, premier pays à avoir signé la paix avec Israël, l’Etat hébreu avait dit craindre l’émergence d’un pouvoir islamiste qui menacerait ce traité, dénoncé par une tranche importante de la société égyptienne. Mais l’armée au pouvoir au Caire a assuré qu’elle respecterait les accords.
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