Libye : combats à Bani Walid avant l’expiration de l’ultimatum aux bastions pro-Kadhafi

De violents affrontements ont eu lieu vendredi à Bani Walid et près de Syrte en Libye, à quelques heures de l’expiration d’un ultimatum lancé aux derniers bastions pro-Kadhafi pour se rendre ou faire face à une offensive des forces du nouveau régime.

Des combattans du CNT libyen, le 9 septembre 2011 lors d’un rassemblement à Tripoli. © AFP

Des combattans du CNT libyen, le 9 septembre 2011 lors d’un rassemblement à Tripoli. © AFP

Publié le 10 septembre 2011 Lecture : 4 minutes.

Alors que l’ancien dirigeant en fuite Mouammar Kadhafi, fait l’objet d’un avis de recherche international après la diffusion d’une "notice rouge" par Interpol, les nouvelles autorités libyennes ont donné à ses troupes jusqu’à samedi pour déposer les armes.

Les bastions concernés sont notamment ceux de Syrte (360 km à l’est de Tripoli), Bani Walid (170 km au sud-est de Tripoli) et Sebha (centre). Des négociations qui durent depuis plusieurs jours pour une reddition pacifique des pro-Kadhafi n’ont toujours pas progressé.

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"Jusqu’à présent, les négociations n’ont pas produit de résultat et une action militaire serait imminente en cas d’échec des discussions", a dit à l’AFP le commandant Salem Jeha, un influent membre du conseil militaire du Conseil national de transition (CNT), issu de la rébellion, à Misrata.

Mais à Bani Walid, les combattants n’ont pas attendu la fin de l’ultimatum qui expire aux premières heures de samedi selon des commandants militaires sur place.

"Des cellules dormantes des révolutionnaires sont entrées en action et des combats ont lieu dans les rues de la ville", a déclaré Abdallah Kenchil, chef des négociations du côté CNT, précisant que les forces du CNT à l’extérieur étaient à 1 km de la ville.

"Combats acharnés"

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Ces combats ne constituent pas "une offensive générale sur Bani Walid. Nos forces ne font que tenter de faire taire la source des attaques à la roquette qui nous visent et de mettre hors jeu les snipers", a-t-il expliqué aux journalistes postés à une vingtaine de kilomètres de Bani Walid.

Quelques heures plus tôt, le commandant Abdallah al-Khzami, revenant du front, avait évoqué "des combats acharnés" tout près de Bani Walid, alors que des convois transportant des munitions, des armes et des hommes armés sont passés en nombre en direction de la ville.

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Dans la Vallée rouge, ligne de défense essentielle à une soixantaine de kilomètres à l’est de Syrte prise jeudi par les pro-CNT après des combats meurtriers, des pro-Kadhafi ont contre-attaqué, selon un journaliste de l’AFP.

Abrités derrière deux bâtiments, les pro-CNT ont résisté toute la journée à des tirs de roquettes et d’obus de mortier, avant de reprendre l’offensive en pilonnant les positions pro-Kadhafi au canon 106 mm, sans pour autant parvenir à soulager la pression des tirs des pro-Kadhafi.

Selon le commandant Selim Nabouss, cette contre-attaque venait "en représailles après l’avancée rebelle au cours de laquelle les forces loyales ont perdu 25 hommes".

Les combattants pro-CNT ont annoncé avoir perdu vendredi deux des leurs dans la Vallée rouge et un près de Bani Walid.

Mais pour Moustafa Al-Samou, commandant des opérations au sud de Misrata (est de Tripoli), le principal objectif est l’immense oasis de Djofra, qui abrite trois villes (Houn, Sokra et Waddan) et "280 gros dépôts d’armes et de munitions" à 300 km au sud de Misrata.

Des milliers de combattants pro-CNT -entre 12.000 et 18.000 selon les sources- sont d’ailleurs rassemblés à Misrata, bien armés et bien équipés, en vue de combats aussi bien dans le désert au sud que sur la côte en direction de Syrte.

Outre la chute des dernières poches de résistance, les nouvelles autorités espèrent aussi mettre rapidement la main sur Mouammar Kadhafi, qui semble n’avoir désormais que deux options: se cacher dans l’immense désert libyen ou fuir vers un pays voisin.

Le Niger respectera ses engagements

Interpol a diffusé une "notice rouge" pour demander à ses 188 pays membres d’arrêter le colonel Kadhafi, son fils Seif Al-Islam et son beau-frère Abdallah Al-Senoussi, tous trois recherchés par la Cour pénale internationale sur des soupçons de crimes contre l’humanité.

Cette notice "va restreindre significativement les possibilités pour ces trois hommes de franchir les frontières et sera un outil important pour aider à leur localisation et à leur capture", a assuré Ronald K. Noble, le secrétaire général d’Interpol.

La Libye a des frontières terrestres avec la Tunisie et l’Agérie à l’ouest, le Niger et le Tchad au sud, et l’Egypte et le Soudan à l’est.

Le Niger, où plusieurs proches de M. Kadhafi se sont réfugiés mais qui dément avoir accueillir le dirigeant en fuite lui-même, a assuré qu’il respecterait ses engagements vis-à-vis des tribunaux internationaux concernant des pro-Kadhafi recherchés et présents sur son sol.

Le "ministre" de la justice au CNT, Mohammed al-Allagy, a affirmé que la Libye demanderait l’extradition des responsables du régime qui ont fui au Niger. Trois nouveaux généraux libyens proches de M. Kadhafi sont d’ailleurs arrivés jeudi soir à Agadez, dans le nord du Niger.

Enfin, le Conseil de sécurité de l’ONU s’apprête à voter la semaine prochaine sur une résolution prévoyant l’envoi d’une mission de trois mois en Libye destinée à aider les autorités transitoires à organiser des élections et à rédiger une constitution, ainsi que l’allègement de certaines sanctions.

Vendredi, le président des Etats-Unis Barack Obama a accepté les lettres de créance du nouvel ambassadeur de Libye à Washington, le premier depuis la chute du dirigeant Mouammar Kadhafi et la conquête de Tripoli par la rébellion, a annoncé la Maison Blanche.

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