France : diminué, Jacques Chirac n’ira sûrement pas à son procès

Jacques Chirac n’ira sûrement pas à son procès des emplois présumés fictifs de la ville de Paris, qui s’ouvre lundi, sa défense ayant annoncé samedi que l’ex-chef de l’Etat n’a « plus l’entière capacité d’y participer », car, selon son gendre, il « n’a plus la mémoire pour cela ».

Jacques Chirac à Saint-Tropez le 14 août 2011. © AFP

Jacques Chirac à Saint-Tropez le 14 août 2011. © AFP

Publié le 4 septembre 2011 Lecture : 3 minutes.

L’ancien président (1995-2007), qui aura 79 ans en novembre, dit toutefois vouloir que le procès, déjà reporté en mars, se déroule malgré tout, selon un communiqué de ses avocats, auxquels il a demandé de le "représenter" aux audiences du 5 au 23 septembre au tribunal correctionnel de Paris.

Ce sera au président de la 11e chambre, Dominique Pauthe, d’en décider. Il peut accepter cette demande et laisser le procès se poursuivre ou bien renvoyer les débats, mais il ne fait quasiment aucun doute que M. Chirac ne viendra pas.

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Les conseils de l’ex-président ont remis vendredi à M. Pauthe "une lettre de (leur) client à laquelle était jointe son dossier médical". M. Chirac y exprime "son souhait de voir le procès aller à son terme et sa volonté d’assumer ses responsabilités même si il n’a plus l’entière capacité de participer au déroulement des audiences", explique encore sa défense.

Chirac "n’a plus la mémoire pour cela"

Selon Le Monde, le rapport du neurologue Olivier Lyon-Caen, de la Pitié-Salpêtrière, affirme que "M. Chirac est dans un état de vulnérabilité qui ne lui permet pas de répondre aux questions sur son passé". Le rapport a été sollicité en juillet par Bernadette Chirac et sa fille Claude. "Son état de santé s’est dégradé depuis quelques mois, c’est vrai, et dans ces conditions, sa présence au procès ne peut pas avoir lieu dans des conditions humaines et de dignité", a dit à l’AFP Frédéric Salat-Baroux, gendre de l’ex-chef de l’Etat. M. Chirac n’a "plus la mémoire pour cela", a-t-il ajouté.

D’après une personne qui le fréquente régulièrement, son état de santé "s’est dégradé durant l’été, avec une grande faiblesse en juillet". Il "a des pertes de mémoire et ne maîtrise pas ses paroles, non pas qu’il dise des choses incompréhensibles, mais sa parole est mal maîtrisée", a dit cette source à l’AFP.

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Plusieurs élus de droite ont réagi samedi. Pour le chiraquien Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée, Jacques Chirac "veut que son procès aille au bout (…) Il est hors de question que la procédure judiciaire s’arrête". L’ancien Premier ministre de M. Chirac, Jean-Pierre Raffarin, s’est dit "affecté" par son état de santé.

A gauche, Jean-Michel Baylet, président du PRG, n’est "pas sûr que ce procès soit indispensable". Premier ancien président de la République à être renvoyé en correctionnelle, M. Chirac doit être jugé, avec neuf coprévenus, pour des faits remontant au début des années 1990, lorsqu’il était maire de Paris.

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«"Système organisé"

En mars, Jacques Chirac n’avait pas assisté au début de son procès, ajourné en raison d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). M. Chirac, qui était protégé par son immunité présidentielle pendant ses 12 ans à l’Élysée, avait ainsi obtenu un répit. Mais la Cour de cassation avait rejeté cette QPC le 20 mai, permettant de reprogrammer le procès en septembre. Un volet de l’affaire, instruit à Nanterre, porte sur sept emplois. Le second, instruit à Paris, en concerne 21.

La ville de Paris a renoncé à se porter partie civile à la suite d’un accord d’indemnisation conclu en 2010 avec l’UMP et Jacques Chirac. L’association anti-corruption Anticor, partie civile au procès des emplois présumés fictifs de la ville de Paris, a adressé samedi une demande au tribunal pour que Jacques Chirac comparaisse bien, a annoncé à l’AFP son avocat Jérôme Karsenti.

M. Chirac a toujours récusé l’idée d’un "système organisé", disant les recrutements en cause "légitimes" et "utiles à la ville de Paris". Renvoyé pour "détournement de fonds publics", "abus de confiance" et "prise illégale d’intérêt", il encourt dix ans de prison et 150.000 euros d’amende. Mais le parquet avait requis un non-lieu pendant l’instruction et devrait logiquement demander sa relaxe.

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