Libye : le nouveau régime s’installe à Tripoli

Les nouveaux dirigeants en Libye, cherchant à asseoir leur pouvoir, ont annoncé leur installation prochaine à Tripoli et la formation d’une armée nationale, même si le leader déchu Mouammar Kadhafi reste en fuite et ses forces continuent de résister dans quelques bastions.

Des combattants rebelles à Tripoli le 2 septembre 2011. © AFP

Des combattants rebelles à Tripoli le 2 septembre 2011. © AFP

Publié le 3 septembre 2011 Lecture : 3 minutes.

Reconnu comme représentant légitime du peuple libyen par plus d’une soixantaine de pays, le Conseil national de transition (CNT), issu de la rébellion, vient d’être invité samedi à Moscou par le gouvernement russe qui a finalement lâché son allié de longue date Mouammar Kadhafi.

Les discussions doivent porter surl’énergie alors que la Libye, principale réserve de pétrole d’Afrique et quatrième producteur du continent, s’emploie à retrouver sa capacité de production, d’environ 1,7 million de barils par jour avant le conflit déclenché le 15 février par une révolte contre le pouvoir de Kadhafi.

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Cherchant parallèlement à rétablir l’ordre et à reconstruire le pays ravagé par la guerre civile, le CNT, qui doit recevoir 15 milliards de dollars débloqués par les grandes puissances, a annoncé qu’il s’installerait "la semaine prochaine" à Tripoli, après avoir siégé à Benghazi (est). Il a aussi demandé vendredi à ses combattants venus de province et encore présents dans Tripoli de rentrer chez eux, assurant que ceux de la capitale étaient désormais en mesure de la protéger, avec l’aide des forces de sécurité et des policiers qui doivent reprendre le travail samedi.

Calendrier

Le responsable des affaires militaires au sein du CNT, Omar al-Hariri, a de son côté indiqué que l’armée nationale libyenne était en train d’être reconstruite en tant que principal garant de la sécurité dans le pays. "Nous avons commencé la création d’une nouvelle armée nationale pour protéger la démocratie, les institutions et les civils innocents", a-t-il affirmé. "Nous voulons prouver au monde (…) que nous sommes très capables de reconstruire notre pays", a indiqué un autre responsable Abdel Razaq Moukhtar.

Sur le plan politique, le représentant du CNT au Royaume-Uni, Guma al-Gamaty, a évoqué un calendrier pour la transition prévoyant des élections générales dans 20 mois. "Durant huit mois, le CNT dirigera la Libye avant qu’une assemblée élue par le peuple" ne prenne les commandes du pays pour rédiger une Constitution, et "au bout d’un an, des élections seront organisées", a-t-il dit à la BBC.

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La transition peut commencer parce que Mouammar Kadhafi "se cache, il est isolé". C’est "seulement une question de temps avant qu’il ne soit arrêté, à moins qu’il ne soit tué s’il résiste", selon lui. La communauté internationale et le nouveau régime qui contrôle la majeure partie de Libye estiment que le conflit sera vraiment terminé avec la capture de l’ex-homme fort du pays, qui reste introuvable et veut toujours se battre.

Kadhafi la menace

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Paris, Londres et l’Otan ont affirmé que les opérations militaires internationales se poursuivraient tant que Mouammar Kadhafi représenterait une menace. Mais dans la capitale, l’heure est à la joie. Des dizaines de milliers de personnes, dont un très grand nombre de femmes, se sont rassemblées vendredi soir sur la Place Verte à Tripoli, symbole de l’ère Kadhafi rebaptisée Place des martyrs, pour célébrer la chute du régime.

Ailleurs dans le pays, sur le front ouest de Syrte, bastion de Kadhafi et objectif essentiel pour l’état-major du CNT à 360 km à l’est de Tripoli, aucun mouvement n’avait lieu, alors que les forces du CNT sont positionnés autour de Sadada, à environ 150 km à l’ouest de Syrte, selon des sources du CNT.

Par contre, les forces pro-CNT ont entamé un mouvement samedi en provenance de Misrata (à 200 km à l’est de Tripoli) vers la région de Bani Walid, plus au sud ou pourraient se cacher Mouammar Kadhafi et certains de ses fils. Elles se regroupent autour de Bir Doufan, à mi-chemin entre Misrata et Bani Walid.

Lors de la grande conférence internationale jeudi à Paris, l’ONU et les grandes puissances ont débloqué les 15 milliards USD d’avoirs libyens gelés contre la promesse d’une transition démocratique et d’une réconciliation nationale. Et en échange de ce soutien, les États-Unis ont aussi demandé aux nouveaux dirigeants de "combattre l’extrémisme". "Dire qu’il y a des extrémistes armés en Libye, c’est répéter ce que Kadhafi disait", a répliqué le "ministre" de l’Intérieur du CNT, Ahmed Darrat.

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