Mali – Libye : des Maliens prêts à accueillir Mouammar Kadhafi en fuite

« Que (Mouammar) Kadhafi vienne ici. Nous lui offrons le gîte et le couvert », affirme un pharmacien de Gao, dans le Nord du Mali, où des habitants affirment que l’ancien guide libyen, traqué par les insurgés depuis la chute de Tripoli la semaine dernière, serait le bienvenu.

Des chameliers attendent le leader libyen Mouammar Kadhafi à Toumbouctou, en avril 2006. © AFP

Des chameliers attendent le leader libyen Mouammar Kadhafi à Toumbouctou, en avril 2006. © AFP

Publié le 28 août 2011 Lecture : 2 minutes.

"Je suis d’accord (pour accueillir Kadhafi). Nous ne sommes pas des ingrats. Il a ouvert son portefeuille aux Africains. Aujourd’hui qu’il est en difficulté, nous n’allons pas l’abandonner", déclare un brin nerveux un directeur d’école.

"Je n’ai jamais reçu un franc de Kadhafi mais je l’aime. C’est un homme qui sait partager. Regardez ce qu’il a fait pour des pays comme le Mali. Combien de dirigeants arabes ont aidé les pays d’Afrique noire ?", interroge Nouhoun Koné, employé à l’aéroport de Gao.

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"Nous sommes prêt à le protéger, l’héberger et l’aider"

Le Mali fait partie des pays africains où la Libye a le plus investi, notamment dans les secteurs de l’agriculture, de l’hôtellerie et de la banque.

Deux habitants de Gao, devant leur concession, se proposent aussi d’héberger l’ancien dirigeant libyen. "Nous sommes prêt à le protéger, l’héberger et l’aider. Nous allons lui laisser notre lit. Personne ne pourra venir le chercher ici. Dites-lui de venir", insiste l’un deux.

Un des hommes les plus riches de Gao abonde dans le même sens sous couvert de l’anonymat. "Pourquoi ne pas lui construire une résidence à Gao ou l’autoriser à vivre dans sa résidence à Tombouctou", une ville du Nord-ouest du Mali où l’ancien guide libyen se rendait souvent, se demande-t-il.

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Ibrahim Ag Kina, un ancien rebelle touareg, dit avoir reçu d’émissaires libyens 250.000 dollars (plus de 172.000 euros) dans le cadre de l’opération de désarmement des rebelles touareg dans le Nord du Mali.

Il précise que l’année dernière, alors qu’il était dans le désert malien, des diplomates libyens sont venus le voir pour lui demander d’"organiser avec des gens de ma tribu une petite opération de désarmement et que Kadhafi allait nous donner de l’argent".

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"J’ai eu ma part et les émissaires ont pris leurs commissions. Kadhafi était un homme généreux", dit-il, en montrant une photo de lui au côté de l’ancien guide libyen en Libye.

Le CNT pas encore reconnu officiellement

Des manifestations de soutien à Kadhafi ont été organisées au Mali ces derniers mois notamment par des écrivains ainsi que par plusieurs partis et associations.

Le gouvernement malien a exprimé jeudi sa "solidarité" au peuple libyen dans son "aspiration à la démocratie" mais sans formellement reconnaître le Conseil national de transition (CNT), l’organe dirigeant de la rébellion libyenne.

Des habitants soutiennent également Mouammar Kadhafi "parce que ce sont des non musulmans (des Occidentaux) qui ont aidé les rebelles" à contrôler la Libye, selon plusieurs témoignages qui mettent en exergue le rôle de l’Otan dans la chute du régime libyen.

"Comment des non-musulmans peuvent en plein mois de Ramadan aider d’autres musulmans à attaquer les croyants ?" fait remarquer Aïcha Toume, une Nigérienne.

D’autres ne partagent pas ces opinions positives sur Kadhafi, évoquant l’absence de démocratie en Libye.

"Ce qui lui arrive est injuste mais il violait les libertés fondamentales", souligne Zouératt, une étudiante malienne.

Cependant "je suis pour qu’un pays lui accorde l’asile. Il n’était pas démocrate mais il ne faut pas oublier que les rebelles libyens qui contrôlent aujourd’hui une grande partie (de la Libye) ne sont pas non plus des démocrates", dit-elle.

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