Gaza : la pression internationale sur Benyamin Netanyahou s’accentue
Le directeur de la CIA au Qatar et en Égypte, le roi de Jordanie à la Maison-Blanche… La diplomatie internationale tente de retenir le bras du Premier ministre israélien qui s’apprête à frapper Rafah.
La pression internationale s’intensifie pour un accord de trêve entre Israël et le Hamas incluant une nouvelle libération d’otages, malgré les menaces d’une offensive sur Rafah, dernier refuge pour plus d’un million de Palestiniens de la bande de Gaza.
Le directeur de la CIA, Richard Burns, est attendu au Caire pour de nouveaux pourparlers sous médiation du Qatar portant notamment sur l’échange d’otages israéliens détenus par le mouvement islamiste palestinien, selon des sources proches du dossier.
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a récemment ordonné à son armée de préparer une offensive sur Rafah, où sont massés 1,4 million de Palestiniens selon l’ONU, soit plus de la moitié de la population totale du territoire, la plupart ayant fui la guerre qui fait rage depuis quatre mois. Il a répété sa détermination à poursuivre « la pression militaire jusqu’à la victoire complète » sur le Hamas, dont Rafah est le « dernier bastion », pour libérer « tous [les] otages [israéliens] ».
Quelques heures auparavant, Israël avait libéré deux de ses otages, deux Israélo-Argentins, à Rafah, lors d’une opération commando nocturne accompagnée de bombardements qui ont fait une centaine de morts, selon les autorités du mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007.
Appel à un « plan crédible »
Les États-Unis, principal allié d’Israël, insistent sur leur opposition à une opération à grande échelle sans solution pour les civils coincés à la frontière fermée avec l’Égypte à l’extrême sud du territoire.
Le président américain, Joe Biden, a réclamé, de la part des forces israéliennes, un plan « crédible » pour épargner la population palestinienne, en préalable à toute offensive, lors d’une rencontre le 12 février à la Maison-Blanche avec le roi de Jordanie, Abdallah II. Le monarque, dont le pays est le deuxième État arabe à avoir signé un traité de paix avec Israël, en 1994, est allé plus loin. « Nous ne pouvons pas nous permettre une attaque israélienne sur Rafah », où la situation humanitaire est déjà « insupportable », estime Abdallah II qui a également appelé à « un cessez-le-feu durable immédiatement » dans la bande de Gaza.
« Les États-Unis travaillent à un accord de libération des otages entre Israël et le Hamas, qui amènerait immédiatement une période de calme d’au moins six semaines à Gaza », a pour sa part indiqué le président américain, dont l’administration rejette toujours une trêve inconditionnelle et à durée indéterminée. Cette période pourrait déboucher sur « quelque chose de plus durable », a ajouté Joe Biden.
« Les Palestiniens sur la Lune ? »
Face aux craintes internationales d’une offensive militaire majeure, Benyamin Netanyahou a affirmé le 11 février qu’Israël ouvrirait à la population « un passage sécurisé » pour quitter Rafah, sans préciser vers quelle destination. « Ils vont évacuer » les Palestiniens. « Où ? Sur la Lune ? », s’est interrogé à Bruxelles le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
L’ONU ne s’associera pas à « un déplacement forcé de population » à Rafah, a pour sa part prévenu le porte-parole du secrétaire général de l’organisation. La perspective d’une offensive est « terrifiante », s’est alarmé de son côté le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk, tandis que le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Karim Khan s’est dit « profondément inquiet » du sort des civils.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, l’un des dirigeants les plus critiques à l’égard d’Israël depuis le début de son opération à Gaza, était par ailleurs attendu le 13 février à Dubaï et le 14 au Caire.
Le Hamas a prévenu qu’une offensive sur Rafah « torpillerait » tout accord sur les otages. Le département d’État américain a fait miroiter les bénéfices « énormes » d’un tel accord, en matière de libération d’otages, mais aussi d’accès de l’aide humanitaire à Gaza.
(Avec AFP)
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