Libye : les rebelles à la frontière tunisienne, Kadhafi traqué tous azimuts
Les rebelles libyens se sont emparés du principal poste-frontière avec la Tunisie, signant une nouvelle avancée face au régime moribond de Mouammar Kadhafi, recherché tous azimuts.
Tripoli était calme samedi, après une nuit émaillée d’explosions isolées et de rafales d’armes automatiques en particulier dans deux quartiers du sud de la ville, Abou Salim, réputé majoritairement pro-Kadhafi, et Salaheddine.
Les rebelles affirment contrôler 95% de la capitale mais disent qu’ils ne proclameront pas la victoire avant d’avoir retrouvé M. Kadhafi.
Une semaine après le début de leur offensive sur Tripoli, ils ont annoncé samedi contrôler "entièrement" l’aéroport international et avoir libéré le quartier voisin de Qasr ben Ghichir, tout en redoutant toujours la présence de tireurs embusqués isolés.
Dans la capitale, qui compte quelque deux millions d’habitants, l’eau se faisait rare dans certains quartiers mais les rebelles ont affirmé travailler à restaurer les services essentiels, tout en reconnaissant la difficulté de la tâche.
Quasiment déserte depuis une semaine, Tripoli n’était plus une ville fantôme samedi, les habitants commençant à sortir de chez eux et les commerces ayant réouvert, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Après les violents combats des derniers mois, les appels internationaux à la réconciliation et au renoncement à toute vengeance se sont multipliés, aussi bien du côté de l’Union européenne, des Nations unies que de l’Union africaine.
L’une des priorités des rebelles reste l’arrestation de Mouammar Kadhafi et de ses fils, après 42 ans d’un pouvoir sans partage. Parmi tous les refuges possibles pour l’ancien "Guide", les rebelles ont évoqué Syrte, sa région natale, à 360 km à l’est de Tripoli. Ils ont promis une récompense de près de 1,7 million de dollars pour le retrouver, mort ou vif.
Un convoi passé en Algérie
Un convoi de six Mercedes blindées, qui pourrait transporter de hauts responsables libyens voire Kadhafi lui-même, est passé vendredi en Algérie par la ville frontalière Ghadamès, a affirmé l’agence officielle égyptienne Mena.
"Rien n’est confirmé", a déclaré à ce sujet le chef du "bureau exécutif" du CNT, l’équivalent du gouvernement, Mahmoud Jibril, au Caire pour des entretiens avec son homologue égyptien Essam Charaf et le chef d’Etat de facto de l’Egypte Hussein Tantaoui.
Un haut responsable algérien de la région frontalière a pour sa part jugé l’information "peu probable".
L’Algérie, qui n’a pas reconnu le Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion, dit observer une "stricte neutralité" dans le conflit.
L’Union africaine a elle aussi refusé vendredi de reconnaître la légitimité du CNT , jugeant la situation militaire encore trop instable. Mais samedi, le Niger, voisin de la Libye, a rejoint la dizaine de pays africains à avoir reconnu de manière individuelle l’autorité de l’instance rebelle libyenne.
La chancelière allemande Angela Merkel a pour sa part estimé Mouammar Kadhafi devait être jugé par la Cour pénale internationale à La Haye: "Kadhafi devrait avoir un procès conforme au droit comme il ne l’a jamais accordé à ses opposants".
Nouvelle victoire des rebelles
Dans l’ouest du pays, les rebelles ont remporté une nouvelle victoire vendredi soir en prenant le contrôle sans grande difficulté le poste-frontière de Ras Jdir, porte vers la Tunisie.
Sur le front Est, les pro-Kadhafi, qui avaient reculé de plus d’une centaine de kilomètres il y a quelques jours, résistent encore à Ben Jawad, à 140 km à l’est de Syrte, bombardant les rebelles, bloqués à Ras Lanouf, plus à l’est.
L’Otan a poursuivi vendredi ses frappes aériennes dans les environs de Syrte, touchant 19 cibles, de même qu’à Tripoli, où elle a détruit deux installations militaires.
D’après Amnesty International, après six mois de combats acharnés, les rebelles comme les pro-Kadhafi pratiquent tortures et mauvais traitements. L’organisation a aussi fait état d’exécutions sommaires de "nombreux prisonniers" dans deux camps tenus par des pro-Kadhafi près de Tripoli.
Selon la rébellion, des gardes ont aussi tué à la grenade plus de 150 prisonniers avant de s’enfuir du QG de Kadhafi tombé mardi.
Des journalistes de l’AFP ont en outre assisté à Tripoli à des tabassages d’une violence extrême de partisans présumés du régime qui n’ont dû leur survie, peut-être temporaire, qu’à la présence des médias.
"Il ne doit pas y avoir de représailles", a insisté la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.
Lors du prêche du vendredi à Tripoli, les imams ont eux aussi appelé au calme. "Cette révolution a été celle de la liberté et de l’islam, alors il ne doit pas y avoir de vengeance", a affirmé cheikh Wanis Mabrouk, un imam de l’Est célèbre pour ses diatribes contre le régime.
"Il y a une nécessité urgente de rétablir l’ordre et la stabilité", a déclaré le patron de l’ONU, Ban Ki-moon, se disant "prêt" à envoyer une force de police en Libye.
Un premier bateau évacuant des étrangers de Tripoli est arrivé samedi à Benghazi (est), avec à son bord 263 personnes, en majorité des Egyptiens et des Algériens. Un deuxième bateau, d’une capacité de 1.200 places, a quitté Benghazi vendredi pour Tripoli, avait annoncé l’OIM à Genève.
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