Cap-Vert : alternance politique en douceur
L’opposant libéral Jorge Carlos Fonseca a remporté le second tour de l’élection présidentielle de dimanche au Cap-Vert, selon des résultats presque définitifs, et succèdera au socialiste Pedro Pires à la tête de ce pays lusophone salué comme modèle de démocratie en Afrique.
Selon les résultats issus de 99,28% des bureaux de vote, M. Fonseca, candidat du Mouvement pour la démocratie (MPD), a obtenu 54,09% des voix. Son adversaire Manuel Inocencio Sousa, candidat du Parti africain pour l’indépendance du Cap-Vert (PAICV, socialiste), est arrivé deuxième avec 45,91% des suffrages.
Le PAICV est la formation du président sortant Pedro Pires et du Premier ministre José Maria Neves, l’homme fort de l’exécutif dans cet archipel ouest-africain doté d’un régime semi-présidentiel.
Un peu plus de 305.000 Capverdiens résidant sur le territoire ou vivant à l’étranger étaient appelés aux urnes dimanche.
A cause de fortes pluies, les opérations de vote n’avaient pu se dérouler dans la ville de Paul, sur l’île de Santo Antao (nord-ouest). Les opérations de vote ont été clôturées à 18H00 locales (19H00 GMT). Ce vote ne modifiera pas les résultats..
La mission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), forte de 75 membres, estime que "l’élection présidentielle du 21 août au Cap-Vert respecte dans l’ensemble les conditions de liberté et de transparence", a déclaré devant la presse son chef, le Ghanéen David Adenze Kangah. Elle dit n’avoir constaté "ni irrégularités majeures ni incidents facheux", selon la même source.
Les 15 observateurs de l’Union africaine (UA) ont abouti à des conclusions similaires, selon leur déclaration lue devant la presse par leur chef, le Congolais Pascal Gayama.
Dès dimanche soir, les deux candidats ont accepté les résultats.
Victoire de la démocratie
Manuel Inocencio Sousa, 60 ans, ex-ministre des Affaires étrangères et ex-ministre des Infrastructures, a le premier reconnu sa défaite et félicité son adversaire, également âgé de 60 ans et ex-ministre des Affaires étrangères.
"Je félicite mon adversaire Jorge Carlos Fonseca. Je reconnais avoir perdu ce deuxième tour de l’élection présidentielle du 21 août", avait dit M. Inocencio à Mindelo, sur l’île de Sao Vicente (nord) d’où sont originaires les deux candidats.
Quelques heures plus tard, dans la nuit de dimanche à lundi, M. Fonseca a aussi félicité son adversaire battu "pour son courage", lors d’une prise de parole devant ses partisans à Praia.
"Ma victoire est celle de la démocratie, de la dignité du peuple capverdien qui a cru à mon projet. (…) Je garantis que je ferai en sorte que les engagements que j’ai pris vis-à-vis de ce peuple pendant la campagne électorale soit honorés", avait affirmé l’opposant, surnommé "Zona", qui était arrivé en tête au premier tour de la présidentielle, le 7 août.
Selon les résultats quasi-complets, le taux d’abstention au second tour est de 40,3%. Au premier tour, il a été de 46,8%.
La sérénité du scrutin, l’absence de contestation violente et le "fair-play" de la classe politique sont autant d’éléments qui confortent la réputation du Cap-Vert comme modèle de démocratie en Afrique.
L’archipel avait particulièrement étonné en 2001, lorsque, après dix ans de pouvoir libéral, le socialiste Pedro Pires avait été élu au second tour avec seulement 12 voix d’avance sur Carlos Veiga, candidat MDP, qui avait reconnu sa défaite et avait félicité son adversaire.
Réélu en 2006, M. Pires ne pouvait prétendre à un troisième mandat, conformément à la Constitution de ce pays qui jouit également d’une bonne réputation à l’étranger au plan économique.
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