Libye : affrontements entre rebelles et pro-Kadhafi à Tripoli pendant la nuit

Des explosions et des échanges de tirs nourris ont retenti dans la nuit de samedi à dimanche à Tripoli où des témoins ont fait état d' »affrontements » dans certains quartiers de la capitale libyenne vers laquelle les rebelles progressent.

Jugeant la fin du régime proche, des milliers de Libyens crient victoire le 21 août 2011 à Bengha © AFP

Jugeant la fin du régime proche, des milliers de Libyens crient victoire le 21 août 2011 à Bengha © AFP

Publié le 21 août 2011 Lecture : 4 minutes.

Dans un message sonore diffusé pendant la nuit par la télévision officielle, le colonel Mouammar Kadhafi a exhorté ses partisans à "marcher par millions" pour "libérer les villes détruites". Qualifiant les rebelles d’"agents, de traîtres et de rats" qui "profanent les mosquées", il a ajouté qu’ils étaient "des agents du (président français Nicolas) Sarkozy qui veut prendre le pétrole libyen".

Des affrontements entre des insurgés et les pro-Kadhafi ont été signalés par des habitants en début de soirée dans plusieurs quartiers de la capitale, notamment dans la banlieue Est, où des cris d’Allah Akbar étaient diffusés par les haut-parleurs des mosquées. Peu après 04h00 (02H00 GMT), quatre puissantes explosions ont secoué la ville, survolée par des avions. L’Otan bombarde quasi-quotidiennement des objectifs à Tripoli.

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Le porte-parole du gouvernement, Moussa Ibrahim, a simplement confirmé des "petits affrontements" avec de petits groupes dans des quartiers comme Tajoura, Soug Jomaa ou Ben Achour. Selon lui, les forces loyalistes sont venues à bout des insurgés et les affrontements n’ont duré qu’une demi-heure. "La situation est désormais sous contrôle", a-t-il affirmé dans des déclarations diffusées par la télévision officielle.

Manifestations de joie

Toutefois, des tirs nourris et des explosions retentissaient toujours dans la capitale vers 0430 (01H30 GMT). A Sabratah (50 km à l’ouest de Tripoli), la population, massée autour des téléviseurs, manifestait sa joie dans les rues, jugeant que la fin du régime était proche, a constaté un journaliste de l’AFP. A Benghazi,"capitale" rebelle dans l’est de la Libye, des milliers de personnes en liesse se sont rassemblées samedi soir pour soutenir le "soulèvement" à Tripoli, a constaté un photographe de l’AFP. "Au revoir Kadhafi!", "Dieu est grand!" scandaient les manifestants.

A Tunis, des milliers de personnes, en majorité des Libyens, se sont également rassemblées samedi soir devant l’ambassade de Libye, où le drapeau des insurgés a été hissé sur le toit du bâtiment, a constaté un photographe de l’AFP. "Kadhafi traître!" "le peuple veut ton départ!" criaient les manifestants.

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Plus tôt samedi, le chef de la rébellion, Moustapha Abdeljalil, avait affirmé que la fin du colonel Kadhafi était "très proche". "Nous avons des contacts avec le premier cercle du colonel Kadhafi (…), tout montre que la fin est très proche", a déclaré M. Abdeljalil, président du Conseil national de transition (CNT, organe politique des rebelles) lors d’une conférence de presse à Benghazi.

"Je m’attends à une fin catastrophique pour lui et les siens. Je m’attends aussi à ce qu’il créé une situation (d’anarchie) dans Tripoli. J’espère que je me trompe", a-t-il ajouté. En prévision des combats à venir dans la capitale, M. Abdeljalil a appelé ses habitants à "protéger la vie et les biens de la population", mais également à "protéger les institutions et les biens publics". Il a aussi appelé les combattants rebelles "à protéger et à traiter avec justice" les soldats du régime qui seront faits prisonniers ou se rendront.

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Parallèlement, les rebelles qui avaient nettement progressé dans Brega, (240 km au sud-ouest de Benghazi) vendredi rencontraient une résistance samedi dans ce poste avancé des pro-Kadhafi dans l’Est. Brega est le théâtre de violents combats depuis fin juillet. Après avoir annoncé s’être emparés vendredi de l’ensemble de la ville, les rebelles ont reconnu samedi après-midi avoir été repoussés de la zone pétrolière par des tirs d’artillerie.

Résistance à Brega

Vendredi, les rebelles avaient annoncé avoir pris Zliten et Zawiyah. Des journalistes de l’AFP sur place ont confirmé les progrès à Zawiyah, à 40 km à l’ouest de Tripoli, mais il n’a pas été possible d’obtenir d’information indépendante sur Zliten (150 km à l’est de Tripoli). A Zawiyah, la ville est "libérée", ont déclaré d’autres rebelles tout en prenant possession de l’hôpital, dernier grand bâtiment tenu par les pro-Kadhafi.

Samedi, "il y a eu de violents affrontements à la porte est de Zawiyah. Nous avons subi quelques pertes", a déclaré un porte-parole des rebelles sur place. L’atout principal de Zawiyah reste sa raffinerie – unique source d’approvisionnement de la capitale en essence, gazole et gaz -, prise jeudi par les rebelles.Des milliers de Tripolitains, qui subissaient déjà de longues coupures d’électricité, tentent désormais de fuir le bastion du régime.

Ainsi l’ancien numéro deux du régime, Abdessalem Jalloud, a fui Tripoli vendredi. Selon un responsable gouvernemental tunisien, M. Jalloud est passé en Tunisie et est reparti à l’aube "avec sa famille" vers l’Italie. Abdessalem Jalloud, l’un des principaux officiers ayant participé au coup d’Etat qui a porté Mouammar Kadhafi au pouvoir en 1969, a longtemps été considéré comme le numéro deux du régime, avant d’être discrètement mis à l’écart à partir de 1990.

Tripoli comme les rebelles ont minimisé la portée de cette défection. M. Jalloud avait "abandonné la politique, de son propre gré, depuis un bon moment" et "passait la plupart de son temps à l’étranger pour des soins", a affirmé l’agence officielle Jana.
"Je ne pense pas qu’il puisse être utile à la révolution (…). Il est marginalisé depuis longtemps", a déclaré le colonel Bani à Benghazi.

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