L’Égypte réclame à Israël l’ouverture d’une enquête sur la mort de trois de ses policiers

L’Égypte a officiellement protesté vendredi auprès d’Israël après la mort dans un raid de Tsahal de trois de ses policiers à la frontière avec l’Etat hébreu, demandant une enquête sur ces violences. Le Caire a également annoncé sa décision de rappeler son ambassadeur à Tel Aviv.

Des forces de sécurité égyptiennes surveillent le 19 août 2011 la zone de Al-Kharuba, dans le Si © AFP

Des forces de sécurité égyptiennes surveillent le 19 août 2011 la zone de Al-Kharuba, dans le Si © AFP

Publié le 20 août 2011 Lecture : 4 minutes.

Mis à jour à 10h16.

"L’Égypte a officiellement protesté auprès d’Israël et demandé une enquête urgente pour établir les causes et les circonstances (…) de ces pertes", a indiqué l’agence officielle Mena. "Les forces armées font une évaluation globale des derniers évènements qui se sont produits dans le Sinaï aux frontières est de l’Égypte, et réagiront de la manière adéquate aussitôt terminée l’enquête sur ce qui s’est passé", a indiqué l’armée dans un communiqué. Trois membres des forces de l’ordre ont été tués jeudi et sept blessés près de la frontière avec l’Etat hébreu, au moment où Israël pourchassait des hommes armés soupçonnés d’avoir déclenché des attaques meurtrières sur son sol, selon un haut responsable militaire cité par les médias officiels.

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La télévision égyptienne a également annoncé samedi que l’Égypte avait décidé de rappeler son ambassadeur en Israël. Les responsables israéliens mènent des discussions à propos de cette décision, a annoncé samedi un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères.

C’est la deuxième fois que l’Egypte, premier pays arabes à avoir conclu la paix avec Israël en 1979, rappelle son ambassadeur en Israël. Le Caire avait rappelé son ambassadeur en Israël en novembre 2000 pour protester contre l’usage excessif de la force par Israël contre les Palestiniens après le déclenchement de la deuxième Intafada. Cité par l’agence égyptienne, le ministre de l’Information Oussama Heykal a affirmé que cinq policiers ont été tués à l’intérieur du territoire égyptien en raison d’un échange de tirs entre les forces israéliennes et des éléments armés à l’intérieur des territoires israéliens.

Manifestations anti-israéliennes

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté vendredi soir devant l’ambassade d’Israël au Caire en demandant l’expulsion de l’ambassadeur israélien. Rassemblés devant l’immeuble jouxtant celui de l’ambassade, les manifestants scandaient Sinaï, Sinaï. A bas Israël, le peuple veut que le drapeau (israélien) soit descendu, l’ambassadeur dehors.

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"Le sang de l’Égyptien est trop cher pour être versé sans réponse", avait réagi la veille le Premier ministre égyptien Essam Charaf dans un message publié sur sa page officielle sur Facebook. "Notre glorieuse révolution a eu lieu pour que l’Egyptien puisse regagner sa dignité à l’intérieur comme à l’extérieur, et ce qui était accepté dans l’Égypte d’avant la révolution ne le sera plus dans l’Égypte d’après la révolution", a-t-il ajouté.

M. Charaf a évoqué vendredi soir "l’évolution de la situation sécuritaire dans le Sinaï" avec, notamment, les ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères ainsi qu’un représentant du Conseil suprême des forces armées et des services de renseignement, a indiqué la Mena sans plus de détails.

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Informations contradictoires

Le Parquet d’Al-Arich a commencé à enquêter sur les violences survenues du côté égyptien de la frontière. Des informations contradictoires ont circulé sur les circonstances du décès des trois policiers. Selon un responsable militaire cité par la Mena, ils ont été tués par une roquette tirée par un hélicoptère de combat israélien qui visait des activistes en fuite à la frontière israélo-égyptienne, après les attaques sur le sol israélien.

Mais le quotidien égyptien Al-Ahram, citant un haut responsable militaire, a affirmé que les trois policiers avaient été tués par des hommes armés tentant d’entrer en Égypte depuis Israël. Des bilans différents ont également été donnés sur les policiers égyptiens tués. Des sources de sécurité ont ainsi fait état de six policiers en tout tués jeudi et vendredi, le dernier dans un échange de tirs avec des hommes armés inconnus à la frontière avec Israël.

Une source militaire a indiqué que le chef d’état-major égyptien, Sami Anan, s’était rendu dans la péninsule du Sinaï pour "passer les troupes en revue et leur remonter le moral". Une autre source militaire a dit qu’il présidait une commission chargée d’enquêter sur la mort des policiers.

Toutefois, un responsable cité par la Mena a déclaré qu’il ne s’était pas rendu dans la région frontalière entre l’Égypte et Israël. Enfin, le point de passage d’al-Oja, entre l’Égypte et Israël, a été fermé "en raison des évènements" de jeudi "jusqu’à nouvel ordre", selon l’agence. Ce terminal sert au au passage de marchandises entre l’Égypte et Israël.

"Le prix du sang égyptien"

Amr Moussa, l’ancien patron de la Ligue arabe et candidat le plus en vue à la future présidentielle, a réclamé "une réaction" de l’Égypte, en affirmant que "toutes les parties, y compris Israël, doivent être mises en garde contre le fait de nuire aux soldats égyptiens".

"Les sionistes (les Israéliens, ndlr) doivent se rendre compte que le sang égyptien a maintenant un prix", a de son côté affirmé Saad al-Katatni, du Parti de la Liberté et de la Justice (issu des Frères musulmans), dans des déclarations publiées sur le site du quotidien Al-Chourouq.

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