« Nous avons peur » : Israël maintient son offensive sur Rafah, ville refuge palestinienne

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a déclaré vouloir d’abord faire évacuer la ville située dans le sud de la bande de Gaza. De plus en plus de pays et d’organisations internationales s’inquiètent des conséquences désastreuses d’une telle attaque sur le territoire contrôlé par le Hamas palestinien.

Environ 1,4 million de Palestiniens se sont réfugiés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza (ici le 14 février 2024). © SAID KHATIB / AFP.

Environ 1,4 million de Palestiniens se sont réfugiés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza (ici le 14 février 2024). © SAID KHATIB / AFP.

Publié le 15 février 2024 Lecture : 4 minutes.

« Nous combattrons jusqu’à la victoire complète, ce qui implique une action puissante à Rafah, et ce, après avoir permis à la population civile de quitter les zones de combat. » Malgré les protestations de plus en plus fortes venues de la communauté internationale et alors que plus d’un million de Palestiniens se sont réfugiés dans la ville du sud de la bande de Gaza, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a été très clair, le 14 février, sur son compte Telegram, dans sa volonté persistante d’y mener une offensive de taille.

Pour l’heure, les violences se concentrent sur le sud de la bande de Gaza assiégée et dévastée, en particulier la ville de Khan Younès, où des milliers de déplacés ont trouvé abri dans l’hôpital Nasser, encerclé par l’armée israélienne, et Rafah, à la frontière avec l’Égypte, qui reste fermée.

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Environ 1,4 million de personnes, selon l’ONU, soit plus de la moitié de la population de Gaza, dont beaucoup déplacées à plusieurs reprises par la guerre, s’entassent à Rafah, transformée en un gigantesque campement, dans l’angoisse de l’offensive annoncée depuis plusieurs jours par Benyamin Netanyahou.

Pressions internationales

Après les États-Unis, principal allié d’Israël, qui disent s’opposer à une offensive sur Rafah sans « garanties » pour la sécurité des civils, l’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande ont mis en garde ce 15 février le gouvernement Netanyahou en garde contre une opération « catastrophique » à Rafah.

« Il n’y a tout simplement nulle part où aller » pour les quelque 1,4 million de Palestiniens bloqués à la frontière, soulignent ces trois pays du Commonwealth, exhortant le Premier ministre israélien à « ne pas s’engager dans cette voie ».

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a fait état jeudi d’un bilan de 107 morts, « en majorité des femmes et des enfants », au cours de la nuit dans des attaques israéliennes. Une personne a été tuée et plusieurs ont été blessées par des bombardements sur le département d’orthopédie de l’hôpital Nasser à Khan Younès, a indiqué le ministère. Selon le dernier bilan global, le 14 février du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, 28 576 personnes sont mortes à Gaza, en grande majorité des civils.

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Manque d’eau et de nourriture

Rafah est en outre le principal point d’entrée de l’aide humanitaire depuis l’Égypte, insuffisante pour répondre aux besoins d’une population menacée en plein hiver par la famine et les épidémies.

« Mon mari et mon fils Mohammad sont partis hier [le 14 février] avec des milliers de personnes, mais je ne sais pas ce qu’ils sont devenus, nous avons perdu le contact », a témoigné une déplacée à l’hôpital Nasser, Jamila Zidane, 43 ans, de Khouzaa, une localité située plus à l’est.

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« Nous avons peur », confie-t-elle, restée dans l’établissement avec ses six filles par crainte de ce qui les attend à l’extérieur. « Depuis plusieurs jours, nous n’avons plus de nourriture et nous buvons de l’eau souillée », ajoute-t-elle.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a une nouvelle fois dénoncé le 14 février la situation des hôpitaux de Gaza, « complètement submergés, débordés et insuffisamment approvisionnés ». Le personnel doit procéder à des amputations, faute de moyens pour soigner les patients, a témoigné de Gaza le représentant local de l’OMS, Rik Peeperkorn.

Poursuite des négociations pour une nouvelle trêve

Les négociations en vue d’une trêve incluant de nouvelles libérations d’otages du Hamas, au pouvoir à Gaza, et de Palestiniens détenus par Israël se poursuivent néanmoins en parallèle au Caire, sous médiation du Qatar et de l’Égypte.

Après une réunion le 13 février au Caire à laquelle participaient le chef du Mossad, David Barnea, le directeur de la CIA, William Burns, le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, et des responsables égyptiens, ces tractations devaient se poursuivre jusqu’au 16 février.

Une délégation du Hamas, selon une source du mouvement, était attendue le 14 février au Caire pour rencontrer des responsables qataris et égyptiens. Le Premier ministre israélien a évoqué dans un communiqué « des exigences délirantes du Hamas » qui bloqueraient les négociations, sans autre précision.

Le président palestinien Mahmoud Abbas, dont l’Autorité gouverne les zones autonomes de Cisjordanie, mais plus la bande de Gaza dont le Hamas l’a chassée en 2007, a appelé mercredi le mouvement islamiste à conclure « rapidement » un accord de trêve, notamment pour « éviter une attaque » sur Rafah qui ferait « des milliers de victimes ».

Selon Israël, 130 otages sont encore détenus à Gaza, dont 29 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre. Une trêve d’une semaine en novembre avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a réitéré ce 15 février « son extrême inquiétude pour la vie et le bien-être des otages retenus à Gaza depuis plus de quatre mois ».

« Campagne très offensive » au Liban

Israël a par ailleurs lancé le 14 février des frappes dans le sud du Liban qui au fait au moins neuf morts, selon des sources libanaises, en représailles à des tirs qui ont tué une soldate, faisant de nouveau craindre une contagion régionale de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien, au pouvoir à Gaza.

Le chef d’état-major israélien, Herzi Halevi, en visite dans le nord du pays, a menacé d’une « campagne très offensive » au Liban, après quatre mois d’échanges de tirs entre l’armée israélienne et le Hezbollah chiite libanais, soutenu par l’Iran, qui appuie également le Hamas.

(avec AFP)

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