Gaza : qui empêchera la « puissante attaque » d’Israël sur Rafah ?
Alors que les négociations avec le Hamas pour une trêve et la libération des otages se poursuivent au Caire, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, reste déterminé à mener son offensive sur le sud du territoire palestinien, où plus d’un million de personnes ont trouvé refuge. Et ce, malgré les pressions internationales.
Rien ni personne ne semble pouvoir empêcher Tsahal de lancer son offensive sur Rafah. La communauté internationale, États-Unis en tête, redoublait ce 16 février ses appels pour dissuader Israël de lancer une offensive à grande échelle sur la ville-refuge du sud de la bande de Gaza, où près d’un million et de demi de Palestiniens sont pris dans la nasse à la frontière avec l’Égypte.
Après quatre mois de guerre entre Israël et le Hamas, les violences se concentrent entre la ville de Khan Younès, où l’armée israélienne a annoncé le 15 février mener une « opération ciblée » dans l’hôpital Nasser qui abritait des milliers de déplacés, et celle de Rafah. Netanyahou a annoncé vouloir y mener une « action puissante » pour porter le coup de grâce au Hamas, au pouvoir à Gaza, mais a assuré que son armée permettrait auparavant aux civils « de quitter les zones de combat », sans expliquer vers quelle destination.
Environ 1,4 million de personnes, dont beaucoup déplacées à plusieurs reprises, s’y entassent, dans ce qui est désormais un gigantesque campement. « Plus de la moitié de la population gazaouie s’entasse dans moins de 20 % de la bande de Gaza », résume l’ONU. Rafah est en outre le principal point d’entrée de l’aide humanitaire depuis l’Égypte, contrôlée par Israël et insuffisante pour répondre aux besoins d’une population menacée par la famine et les épidémies.
Le président américain Joe Biden a réitéré au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, lors d’un appel téléphonique, son opposition à une opération militaire à Rafah « sans un plan crédible et réalisable assurant la sécurité des civils à Rafah », selon la Maison-Blanche. Lors de cette conversation, Joe Biden a également « réaffirmé son engagement à travailler sans relâche pour assurer la libération de tous les otages dès que possible ».
Attaque sur l’hôpital Nasser
Selon Israël, 130 otages sont encore détenus à Gaza, dont 30 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées sur son territoire le 7 octobre. Une trêve d’une semaine en novembre 2023 avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël.
L’armée israélienne a expliqué son opération dans l’hôpital Nasser de Khan Younès, par « des renseignements crédibles » selon lesquels le Hamas y aurait retenu des otages « et qu’il y aurait peut-être des corps d’otages » sur place.
Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a affirmé le 16 février craindre pour la vie de six patients en soins intensifs et de trois nourrissons dans la maternité de l’hôpital par manque d’oxygène, les générateurs électriques s’étant arrêtés.
L’offensive israélienne dans la bande de Gaza a fait 28 663 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le dernier bilan, le 15 février, du ministère de la Santé du Hamas. Dans la seule nuit du 15 au 16 février, « 112 » personnes auraient été tuées à travers la bande de Gaza, selon cette même source. Parmi les victimes figurent de nombreux journalistes. Sur 99 journalistes et employés des médias tués dans le monde en 2023, 72 sont morts « dans des attaques israéliennes sur Gaza », souligne dans son rapport annuel publié jeudi le Comité de protection des journalistes (CPJ).
Dernier jour de négociation pour la libération des otages
Des négociations en vue d’une trêve incluant de nouvelles libérations d’otages du Hamas et de Palestiniens détenus par Israël se poursuivent au Caire jusqu’à ce 16 février, sous la médiation du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis. Après sa conversation avec Joe Biden, Benyamin Netanyahou a rejeté jeudi soir toute reconnaissance internationale d’un Etat palestinien hors du cadre d’une reprise de négociations de paix israélo-palestiniennes, en réaction à un plan évoqué par le quotidien américain Washington Post.
« Une telle reconnaissance, à la suite du massacre du 7-Octobre, offrirait une énorme récompense à un terrorisme sans précédent et empêcherait tout futur accord de paix », a affirmé le Premier ministre israélien sur son compte X (ex-Twitter).
Le journal rapporte que l’administration Biden et plusieurs pays arabes alliés des États-Unis travaillent à un plan global destiné à établir une paix israélo-palestinienne durable après la fin de la guerre entre Israël et le Hamas. Ce plan prévoirait un cessez-le-feu « d’une durée prévue d’au moins six semaines », la libération des otages israéliens, ainsi qu’un calendrier pour l’établissement à terme d’un État palestinien, une perspective rejetée par le gouvernement Netanyahou.
Le Washington Post cite des responsables américains et arabes qui espèrent un accord avant le 10 mars, date de début du ramadan. Ce plan pourrait faire l’objet de discussions à la Conférence de Munich sur la sécurité, qui s’ouvre ce 16 février, selon ses promoteurs.
(avec AFP)
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