Assimi Goïta, maître sorcier pour souveraineté occulte

Le Mali a inauguré le 14 février un centre de sorcellerie africaine, une université destinée à « libérer le potentiel magique » de l’Afrique et à affranchir le continent des puissantes occultes. Une ambition en adéquation avec les discours souverainistes du président de la transition malienne et des juntes sahéliennes.

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Publié le 18 février 2024 Lecture : 2 minutes.

« Bombe atomique spirituelle » ou « université de la sorcellerie » dans la « Mecque de la magie » : les superlatifs de la presse locale malienne ne manquent pas pour qualifier la récente inauguration, aux portes de Bamako, d’un centre scientifique de la sorcellerie africaine de 500 m2. Pour 500 millions de francs CFA d’investissement, le promoteur Mamadou Babou Niang, célèbre marabout parfois présenté comme le « pape de la sorcellerie africaine », entend « libérer le potentiel magique du continent ».

Pour que le Mali apparaisse effectivement comme la capitale continentale des pouvoirs ancestraux, le président du réseau des Détenteurs de savoirs occultes africains a réussi à mobiliser, dans le cadre de la deuxième conférence dudit réseau, des chefs traditionnels et des féticheurs venus du Cameroun, du Bénin, du Burkina Faso, de la Centrafrique, du Niger ou encore de la Côte d’Ivoire. Le bâtiment de cinq étages engage tous les grands sorciers à venir transmettre leurs secrets aux jeunes générations, avec un impératif « d’innovation ».

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Libérer l’Afrique des « puissances hostiles »

Moderne mais censément truffé d’amulettes, l’immeuble abrite des salles de cours, des amphithéâtres, un hall d’exposition, des chambres et des laboratoires dédiés à des pratiques « alchimiques » millénaires qu’il conviendrait de « démystifier » pour dégonfler les préjugés sur la magie africaine. Mais Mamadou Babou Niang sait également surfer sur le discours politique sahélien ambiant.

Au diapason de la pensée néopanafricaniste portée par les putschistes régionaux – le Malien Assimi Goïta en tête –, son projet vise à émanciper l’Afrique « du joug de puissances hostiles ». Dénonçant en filigrane un impérialisme des spiritualités importées, il esquisse un concept de souveraineté de l’occultisme, dans la foulée des plaidoiries en faveur d’une nouvelle indépendance politique, économique et militaire. Et le gouvernement malien de transition ne s’y est pas trompé.

Conscient de la force de relais du capital ésotérique africain et en particulier malien, Assimi Goïta et son Premier ministre Choguel Kokalla Maïga ont dépêché, à cette pendaison de crémaillère, le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme. C’est un Andogoly Guindo grandiloquent et partageur qui a souhaité que le siège de ce réseau devienne un « centre d’incubation des savoirs et savoir-faire endogènes de l’Afrique pour que germe la graine de la puissance africaine, et qu’elle devienne le grand arbre dont le fruit servira à l’humanité tout entière ».

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