Libye : dans la peau d’un rebelle du djebel Nefoussa

Avant l’aube, Salah Al-Majdoub, rebelle libyen en première ligne au pied du djebel Nefoussa, termine les spaghettis de la veille. Puis se rendort, sous la tente écrasée de soleil, avant une nouvelle journée de jeûne et de garde, pour le second jour du ramadan.

Un avion atterrit près du village d’al-Ruhaybat, à djebel Nefoussa, au sud-ouest de Tripoli, le 31 © AFP

Un avion atterrit près du village d’al-Ruhaybat, à djebel Nefoussa, au sud-ouest de Tripoli, le 31 © AFP

Publié le 3 août 2011 Lecture : 2 minutes.

2011, un ramadan sous le signe de la révolution
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2011, un ramadan sous le signe de la révolution

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Avec une dizaine de compagnons d’armes, il tient les dernières positions de l’insurrection près du village de Joch, à environ 200 km au sud-ouest de Tripoli, pris puis perdu par l’insurrection au cours des derniers jours.

Le début, lundi, du mois sacré, qui cette année tombe en août, semble avoir plongé le front et les combattants dans la léthargie. Ils assurent être prêts à repasser à l’offensive tout en jeûnant mais, dans les faits, ils surveillent la route qui poudroie et tirent de temps à autre une rafale pour signaler leur présence. En face, rien ne bouge.

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« Je me réveille vers 09H00, et on attend. On discute, on fait un peu la sieste. Il y en a toujours un qui jette un coup d’oeil à la jumelle », dit ce jeune homme de trente ans. Pantalon de survêtement, courte barbe noire, chapeau de paille à ses pieds, il vient du village voisin de Chatchouk, où il était garde de sécurité (sans arme) avant ce qu’il appelle « la révolution ».
« Avant le ramadan, nous tenions les positions pendant 48 heures. Mais depuis lundi, c’est 12 ou 24 heures, pas plus », dit-il, allongé sur un matelas mousse.

Il fait plus de quarante degrés au soleil, à peine moins sous la tente. A ses côtés, une Kalachnikov neuve, récupérée lors du pillage de l’armurerie de la caserne de la ville voisine de Zenten.

« Ce matin, on a envoyé trois voitures jusqu’à l’entrée de Joch: le village est vide. Les hommes de Kadhafi l’ont évacué. Ils se sont repliés sur Tiji. Mais de là aussi, on va les chasser. Les gars de Kabao vont les attaquer par l’est, nous d’ici, ils ne pourront que fuir vers le nord, à travers le désert. Et là, les avions de l’Otan les détruiront. Ils sont foutus.»

Joch et Tiji sont les seuls villages que tiennent encore les forces de Tripoli sur la route qui court dans la plaine au pied du djebel Nefoussa. Descendus de la montagne, qui s’est soulevée en février, les rebelles gagnent du terrain, jusqu’à menacer Guaryane, le verrou qui contrôle la route de la capitale, 90 km plus au nord.

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L’état-major de la rébellion pour le djebel Nefoussa affirme que le ramadan ne va pas ralentir leur progression mais, sur le terrain, il semble bien, aux premiers jours du mois sacré, que ce soit le cas.

Dans les villages, rien ne bouge ou presque avant la tombée du jour. Sous une telle chaleur, pas question de monter à l’assaut sans boire. Et, même si le Coran autorise les combattants à ne pas respecter le jeûne, tous les hommes interrogés dans la région depuis trois jours par l’AFP assurent vouloir éviter de boire et de manger, citant souvent le prophète Mahomet en exemple, qui a, selon les écritures, remporté deux batailles pendant le ramadan.

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Au crépuscule, quand la chaleur devient supportable, les membres de la tribu de Salah apportent le dîner d’iftar, la rupture du jeûne: des pizzas, du lait, des haricots, des spaghettis, des dattes.

« Notre premier iftar sans Kadhafi ! Le ramadan de la liberté, il avait un goût extraordinaire ! On a fait du feu, du thé, on a chanté. Le mois prochain, nous serons à Tripoli ! »

Ils veillent tard, profitant de la fraîcheur de la nuit. Puis dorment en prenant des tours de garde de quatre heures. Avant les premières lueurs du jour, Salah réchauffe les spaghettis.

 

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