Raid sur la TV libyenne, enquête sur la mort du général Younes

L’Otan a bombardé des émetteurs de télévision à Tripoli tuant trois journalistes, selon un communiqué libyen, alors qu’à Benghazi, fief des insurgés, une enquête a été ouverte après le meurtre du général Younes, ancien pilier du régime devenu chef d’état-major des rebelles.

Khaled Bazilia, le directeur de la chaîne libyenne Al-Jamahiriya, le 30 juillet 2011 à Tripoli. © AFP

Khaled Bazilia, le directeur de la chaîne libyenne Al-Jamahiriya, le 30 juillet 2011 à Tripoli. © AFP

Publié le 31 juillet 2011 Lecture : 3 minutes.

"Trois de nos collègues ont été tués et 15 autres blessés durant l’exercice de leur devoir professionnel en tant que journalistes libyens", a indiqué samedi Khaled Bazilia, le directeur de la chaîne libyenne Al-Jamahiriya diffusant en langue anglaise.

M. Bazilia, qui lisait le communiqué, a qualifié les raids de l’Otan menés dans la nuit de vendredi à samedi d’"acte de terrorisme international", en violation des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.

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Plus tôt, l’Otan avait annoncé avoir mené une série de frappes de précision contre trois émetteurs de la télévision libyenne afin de "réduire le colonel Kadhafi au silence".

Mais samedi soir, Mouammar Kadhafi a répété qu’il n’"abandonnera jamais" la bataille, dans un nouveau message sonore à ses partisans à Janzour, banlieue ouest de Tripoli, diffusé par la télévision libyenne qui émet toujours malgré les raids.

Il a prévenu ses ennemis qu’ils allaient être "vaincus devant la résistance et le courage du peuple libyen".

Le dirigeant libyen, au pouvoir depuis 42 ans, résiste depuis cinq mois et demi à un soulèvement contre son régime autoritaire et aux raids menés par l’Otan sous mandat de l’ONU pour protéger la population civile d’une répression sanglante.

Contact entre Kadhafi et le CNT

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Pour sa part, le vice-ministre libyen aux Affaires étrangères, Khaled Kaaim, a indiqué dans la nuit de samedi à dimanche que le régime du colonel Kadhafi était en contact avec des membres du Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion.

"Il y a des contacts avec Mahmoud Jebril (numéro deux du CNT), avec (Ali) Al-Issaoui (responsables des relations extérieures), (le dignitaire religieux) Ali Sallabi et d’autres", a déclaré M. Kaaim au cours d’une conférence de presse.

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A Benghazi, fief des rebelles, le CNT "a nommé une commission d’enquête" pour tenter d’éclaircir les circonstances de la mort d’Abdelfettah Younes, a annoncé Ali Tarhuni, chargé des affaires économiques au sein du CNT.

Le corps criblé de balles et partiellement calciné du général Younes a été retrouvé vendredi matin dans les faubourgs de Benghazi, mais le CNT avait été informé de sa mort la veille, quand le chef d’une bande armée à l’origine de sa mort avait avoué le crime, a-t-il expliqué.

"Le chef de la bande est en prison maintenant", a déclaré M. Tarhuni, ajoutant que certains des autres auteurs du crime étaient encore recherchés et que leurs motivations n’étaient pas claires. "Nous ne savons pas pour qui ils travaillaient", a-t-il dit.

Il a précisé que ceux qui ont attaqué le général Younès étaient des membres de la brigade Jarah Ibn al-Obeïdi.

Les milices rebelles dissoutes

Plusieurs membres du CNT ont accusé Mouammar Kadhafi d’être derrière l’assassinat, tandis que des rumeurs affirment que le général a été exécuté par des rebelles qui le soupçonnaient de trahison.

Vendredi soir, le porte-parole du régime libyen, Moussa Ibrahim, a accusé Al-Qaïda d’avoir commis le meurtre pour "marquer sa présence et son influence dans cette région" de l’Est contrôlée par la rébellion.

Pour Tripoli, cet assassinat est une nouvelle preuve que le CNT n’a "aucun pouvoir à Benghazi". "C’est Al-Qaïda qui a le pouvoir à l’Est", a ajouté le porte-parole.

Agé de 67 ans, le général Younes avait participé au coup d’Etat qui a porté le colonel Kadhafi au pouvoir en 1969, avant de devenir son éminence grise. Envoyé à Benghazi pour mater la révolte naissante mi-février, il avait, contre toute attente, rallié la rébellion.

Les rebelles libyens ont ordonné samedi à toutes les milices de se dissoudre et de se rallier au Conseil national de transition (CNT) après cet assassinat.

"Le temps est venu de dissoudre ces brigades. Quiconque refusera d’appliquer ce décret sera jugé", a indiqué le président du CNT Moustapha Abdeljalil au cours d’une conférence de presse.

Vendredi soir, les Etats-Unis ont exhorté les rebelles à rester unis et concentrés sur leur objectif de renverser le colonel Kadhafi, tandis que la France et le Royaume-Uni ont appelé à la prudence sur les explications et les responsabilités dans cette affaire.

Quant aux finances des rebelles, leur état s’est légèrement amélioré avec l’arrivée à Benghazi d’un prêt de 200 millions de dollars de la part de la Turquie, a annoncé M. Tarhuni, précisant que cet argent était avant tout destiné aux montagnes de Nefoussa, au sud-ouest de Tripoli, où les combattants rebelles et leurs familles manquent de tout à l’approche du ramadan.

Le prêt turc vient s’ajouter à un prêt de 180 millions de dollars de la part du Koweït, tandis qu’un autre prêt de 415 millions de dollars de la France était attendu "dans les prochains jours", a précisé M. Tarhuni.

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