Libye : Benghazi prépare son premier ramadan libre

Le ramadan approche à grand pas, et guerre ou pas, il faut s’assurer qu’à la rupture du jeûne, la table sera couverte de desserts préparés spécialement pour l’occasion.

Un femme prépare des gâteaux pour le ramadan à Benghazi, en Libye, le 25 juillet 2011. © Gianluigi Guercia/AFP

Un femme prépare des gâteaux pour le ramadan à Benghazi, en Libye, le 25 juillet 2011. © Gianluigi Guercia/AFP

Publié le 26 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

A la pâtisserie Al-Harabi de Benghazi, des dizaines de femmes pétrissent et travaillent la pâte dès l’aube. L’Est de la Libye, sous contrôle de la rébellion, s’apprête à passer son tout premier ramadan "libéré" de la coupe du régime du colonel Mouammar Kadhafi. Le mois de jeûne, pendant lequel les musulmans ne doivent ni boire ni manger du lever au coucher du soleil, durera tout au long du mois d’août.

En ces temps pourtant incertains, les employées de la pâtisserie, l’une des plus célèbres de Benghazi, le fief de la rébellion dans l’est du pays, ne se laissent impressionner ni par la guerre, ni par la chaleur, ni même par les fréquentes coupures de courant.

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Nouvelles recrues

Une foule de jeunes femmes ont été embauchées depuis le début de la révolte au début de l’année. Certaines étaient étudiantes jusqu’à ce que la guerre ne ferme écoles et universités. D’autres doivent suppléer à l’absence de leurs hommes partis au front, ou dont les salaires ne sont plus versés.

"Nous n’avions pas d’argent et j’avais du temps libre, donc j’ai commencé à travailler ici", témoigne Imed al-Jihani, 22 ans et étudiante en médecine. Son salaire de 275 dinars libyens (159 euros) aide à soutenir sa famille qui compte cinq personnes.

"J’ai commencé à travailler ici une semaine après la révolution car il n’y avait plus de cours et je ne voulais pas rester à la maison", déclare Heba Teitari, 21 ans, étudiante infirmière.

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Gada Ali, 20 ans, est devenue le principal soutien de sa famille depuis le départ de son père et de ses deux frères au combat: "Je suis en charge de tout à présent, même de la location de la maison", confie-t-elle en malaxant sa pâte, les yeux pleins de larmes. "Je suis constamment inquiète. Je pense à eux tout le temps", dit-elle.

Hausse de la demande.

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En temps de paix, la pâtisserie, ouverte en 2006, connaissait déjà un franc succès. A l’époque, elle ne comptait que 4 femmes aux fourneaux, contre près de 70 actuellement.

"Les douceurs sont la spécialité des femmes", explique Selma Abdelsalam, en manipulant des dattes tunisiennes. Les sucreries – l’entreprise en fabrique plus d’une centaine de types différents – sont livrées dans plusieurs villes dans les régions sous contrôle de la rébellion, et même jusqu’à Koufra, à plusieurs centaines de kilomètres au sud de Benghazi.

"Maintenant nous faisons des gâteaux aux couleurs de la révolution, pour fêter la libération de la Libye", se félicite Wisha Ibrahim, qui supervise le travail à la pâtisserie. Et parfois, des douceurs sont envoyées aux combattants sur le front.

Selon les chefs-pâtissiers, le ramadan ne manque jamais de provoquer une envolée de la demande, surtout dans un premier temps de friandises du type chaussons au fromage ou biscuits aux olives. Les douceurs sont plus prisées vers la fin du jeûne, lorsque se profile la fête de l’Aïd al-Fitr.

Le propriétaire du lieu, Mohamed al-Harabi, se veut toutefois prudent: "Le problème, c’est l’argent. Les gens ne reçoivent pas de salaires, alors il y a des retards dans les paiements".

Les coupures de courant, qui durent souvent entre quatre à six heures par jour, représentent aussi un défi pour son entreprise. Seule consolation, le four, lui fonctionne au fioul, et fournit quoiqu’il arrive son lot de biscuits bien croquants.

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