Après le bombardement de l’aéroport de Goma, la RDC accuse le Rwanda

Au milieu de la nuit du 17 février, deux détonations ont été entendues dans le chef-lieu du Nord-Kivu, dans l’est de la RDC. D’après Kinshasa, « des drones » rwandais seraient responsables des tirs.

Deux avions stationnés à l’aéroport de Goma, en mars 2013. © Junior D. Kannah / AFP.

Deux avions stationnés à l’aéroport de Goma, en mars 2013. © Junior D. Kannah / AFP.

Publié le 17 février 2024 Lecture : 3 minutes.

L’origine des deux détonations entendues par certains dans la nuit du 17 février à Goma a-t-elle été trouvée ? Après avoir enquêté sur l’explosion d’une supposée « bombe », l’armée de la RDC a accusé le Rwanda d’avoir attaqué avec « des drones » l’aéroport de Goma, dans l’est du pays, une région théâtre de combats contre la rébellion du M23 soutenue par Kigali.

« Dans la nuit, à 02 h du matin heure locale (00 h GMT), les drones d’attaque de l’armée rwandaise, qui ont bien évidemment quitté le territoire rwandais, ont violé les limites territoriales » de la RDC, a déclaré lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, porte-parole de l’armée pour le Nord-Kivu. « Au regard des trajectoires suivies par les tirs de ces drones », ils « ont visé les aéronefs » des Forces armées congolaises (FARDC), a-t-il ajouté, dans une vidéo diffusée par le service de communication du gouverneur de province.

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« Les aéronefs des FARDC n’ont pas été touchés », mais ce sont « plutôt les avions civils qui ont été endommagés », a-t-il ajouté, sans préciser combien d’appareils étaient concernés, ni combien de projectiles avaient été tirés. Dans la nuit, les habitants de Goma, dont un correspondant de l’AFP, ont entendu deux fortes détonations.

Malgré cet incident, l’aéroport international de Goma fonctionne normalement, selon des sources sur place. « Les activités tournent normalement là, je suis en train de servir mes clients », a déclaré un commerçant installé à l’entrée de l’aéroport, pendant que des voyageurs arrivent avec leurs bagages pour prendre leur avion.

Intensification des combats avec le M23

Le Nord-Kivu est en proie depuis la fin de 2021 à un conflit qui oppose le M23, appuyé par des unités de l’armée rwandaise, à l’armée congolaise associée notamment à des groupes armés dits « patriotes » et à deux sociétés militaires privées étrangères. Plusieurs milliers de soldats et de miliciens sont engagés, ainsi que de l’artillerie, des avions de chasse Sukhoï-25 et des drones.

Le M23 s’est emparée depuis de vastes pans du territoire du Nord-Kivu. Son chef-lieu, Goma, agglomération de plus d’un million d’habitants, calée entre le lac Kivu au sud et la frontière rwandaise à l’est, est actuellement pratiquement coupée de toutes ses voies d’accès terrestres vers l’intérieur du pays, au nord et à l’ouest.

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La RDC accuse le Rwanda et ses « supplétifs » du M23 de vouloir faire main basse sur les minerais de l’est congolais. Le M23 affirme de son côté défendre une frange menacée de la population et réclame des négociations, que Kinshasa refuse, excluant de discuter avec des « terroristes ».

Il y a une dizaine de jours, les combats se sont intensifiés au niveau de Sake, cité stratégique du territoire de Masisi située à une vingtaine de km à l’ouest de Goma. Aucun chiffre officiel n’a été donné, mais selon diverses sources, il y a eu des dizaines de morts et blessés, civils et militaires.

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Sommet de l’UA

Le 15 février, l’armée sud-africaine a annoncé que deux de ses hommes, intégrés dans une force régionale d’Afrique australe qui vient de se déployer dans la région, avaient été tués et trois autres blessés. Les initiatives diplomatiques lancées pour régler la crise n’ont jusqu’à présent rien donné.

Un mini-sommet sur la situation dans l’est de la RDC, réunissant plusieurs chefs d’État africains, s’est tenu vendredi soir à Addis-Abeba en marge du sommet de l’Union africaine (UA).

Le président de la RDC, Félix Tshisekedi, a été largement réélu pour un deuxième mandat le 20 décembre, après une campagne au cours de laquelle il a menacé de déclarer la guerre à Kigali et comparé le président rwandais à Adolf Hitler et à ses « visées expansionnistes ».

Mise à jour de 16 h 42 : ajout des accusations de la RDC à l’encontre du Rwanda.

(avec AFP)

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