Sénégal : opposants et supporters d’Abdoulaye Wade dans les rues de Dakar
Plusieurs milliers d’opposants au président sénégalais Abdoulaye Wade se sont rassemblés samedi à Dakar pour exiger qu’il ne se représente pas à la présidentielle de 2012, avant un grand meeting de ses partisans qui entendent eux manifester leur soutien à sa candidature.
Les opposants – 8.000 à 10.000 personnes selon la police, au moins 50.000 selon les organisateurs – se sont retrouvés sur la place de l’Obélisque, éloignée du centre-ville où ils n’ont pas obtenu l’autorisation de se retrouver comme ils l’avaient souhaité.
"Non à un troisième mandat de Wade", "Wade go, Wade out" (Wade va-t-en, Wade dégage), pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants.
"Wade, c’est la déception absolue"
L’un d’eux, Alpha Ciss, rappelle qu’en 2007 "Wade avait dit qu’il n’allait pas se représenter, il faut qu’il respecte sa parole. Tous les problèmes du Sénégal viennent de lui". Pour un autre se faisant appeler Tall, "Wade c’est la déception absolue".
De quelques centaines au début du rassemblement qui doit se terminer à 18H00 (locales et GMT), le nombre de manifestants n’a cessé d’augmenter au fur et à mesure jusqu’à atteindre plusieurs milliers à la mi-journée.
Armés de boucliers, casqués, les policiers-anti-émeutes étaient présents autour de la place, sans qu’aucun incident n’ait été signalé depuis le début du rassemblement auquel participent les grands leaders de l’opposition, dont celui du parti socialiste (PS), Ousmane Tanor Dieng, et de la société civile.
Meeting animé par le chef de l’État
Elle a lieu avant un meeting du parti présidentiel, le parti démocratique sénégalais (PDS), prévu samedi après-midi dans un autre quartier de Dakar, qui sera animé par le chef de l’Etat lui-même.
Ces manifestations se tiennent un mois jour pour jour après des émeutes qui avaient fait une centaine de blessés devant l’Assemblée nationale, au moment où les députés examinaient un projet de loi visant à faire élire un président et un vice-président avec un minimum de 25% des voix au premier tour de l’élection présidentielle de février 2012.
Acculé par la contestation populaire et de vives critiques à l’étranger, le président Wade, âgé de 85 ans, avait finalement retiré le texte.
La manifestation de la place de l’Obélisque se tient à l’appel du Mouvement des forces vives du 23 juin (M23), créé après cette journée de violence, et qui rassemble partis politiques d’opposition et organisations de la société civile exigeant que M. Wade ne soit pas candidat à sa succession en 2012.
Elle a pour but "d’attirer l’attention sur les risques et les dangers du troisième mandat" qui a créé des troubles dans plusieurs pays africains, dont le Niger, a déclaré un des dirigeants du M23, Alioune Tine, à une télévision privée proche de l’opposition, Walf TV.
"Nous avons besoin d’institutions fortes, pas d’hommes forts", a-t-il ajouté, et il faut "ancrer dans nos moeurs l’alternance entrée de manière merveilleuse en 2000" sur la scène politique sénégalaise avec l’élection du président Wade après quarante ans de régime socialiste.
Le chef de l’Etat, élu cette année-là pour sept ans, réélu pour cinq ans en 2007 après une réduction du mandat présidentiel, est à nouveau candidat à sa propre succession en 2012.
Ses opposants jugent sa candidature anticonstitutionnelle, estimant qu’il a déjà épuisé ses deux mandats légaux, ce à quoi le chef de l’Etat répond que c’est au Conseil constitutionnel de trancher.
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