Une « provocation » : la Somalie accuse l’Éthiopie d’avoir tenté de l’empêcher d’accéder au sommet de l’UA

Le chef de l’État somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, a accusé le 17 février les forces de sécurité éthiopiennes d’avoir bloqué le véhicule qu’il partageait avec son homologue djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh. Le ministère somalien des Affaires étrangères a appelé l’organisation panafricaine à une enquête.

Le président somalien, Hassan Sheikh Mohamoud, à Mogadisco, le 20 décembre 2023. © Hassan Ali Elmi / AFP.

Le président somalien, Hassan Sheikh Mohamoud, à Mogadisco, le 20 décembre 2023. © Hassan Ali Elmi / AFP.

Publié le 18 février 2024 Lecture : 3 minutes.

Somalie et Éthiopie ont étalé publiquement le 17 février leurs profonds antagonismes jusque dans les couloirs du sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, pourtant ouvert par un appel du président de la Commission de l’organisation à un « sursaut » pour l’« unité » entre États d’un continent sous tension.

La récente signature par Addis-Abeba d’un mémorandum d’entente avec le Somaliland, région de Somalie autoproclamée indépendante depuis trois décennies, a créé de graves dissensions avec Mogadiscio. Le document prévoit que le Somaliland loue à l’Éthiopie une partie de son littoral.

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Devant la presse au siège de l’Union africaine (UA), le président somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, a accusé les forces de sécurité éthiopiennes d’avoir tenté de l’empêcher d’accéder au sommet, en bloquant le véhicule qu’il partageait avec son homologue djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh. Il a dénoncé une « provocation ». Le ministère somalien des Affaires étrangères a appelé l’organisation panafricaine à une enquête.

Billene Seyoum, porte-parole du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, a rétorqué dans un message à que l’Éthiopie avait reçu le président somalien avec « tous les honneurs dus » à tous les dirigeants « participant au Sommet ».Si la délégation somalienne « a été bloquée par la sécurité de l’UA », c’est que son escouade de sécurité « a tenté d’entrer dans le complexe de l’UA avec des armes », a-t-elle affirmé.

Même s’il intervient dans un contexte de tensions préexistantes et connues, l’incident met à mal l’image d’unité panafricaine que tente de véhiculer l’organisation panafricaine.

Conflits multiples

Déjà la veille, un « mini-sommet » sur le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), organisé par le président angolais et médiateur de l’UA, João Lourenço, pour relancer « un dialogue constructif et réconciliateur entre la RDC et le Rwanda« , n’avait permis aucun apaisement, selon des sources diplomatiques.

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L’est de la RDC est à nouveau en proie depuis la fin de 2021 à un conflit opposant la rébellion du M23 – appuyée, selon de nombreuses sources, par le Rwanda – à l’armée congolaise, associée notamment à des groupes armés dits « patriotes ».

Coups d’État, élections truquées, conflits : en ouvrant le sommet le 17 février à la mi-journée, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, avait dressé un « tableau peu reluisant » du continent et mis en garde contre la perte de crédibilité de l’organisation continentale. La Libye « reste divisée », le Soudan « meurtri », « la Corne de l’Afrique génère les tendances les plus inquiétantes », « les Grands Lacs multiplient les signes d’aggravation » et le Sahel « inquiète au plus au point », a-t-il énuméré, après avoir évoqué la multiplication des conflits dans le monde, notamment à Gaza et en Ukraine.

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« En Afrique, le terrorisme déstructure certains de nos États », « les changements non constitutionnels de gouvernement se sont multipliés » et « notre échec à contrer un tel phénomène est patent », tandis que « les élections sont devenues par l’ampleur de leurs irrégularités des facteurs d’approfondissement de crises », a-t-il dit. Au sujet du Sénégal, plongé dans la crise début février par la décision du président Macky Sall de reporter la présidentielle, Moussa Faki Mahamat a appelé ce « pays modèle en matière de démocratie » à retrouver « la voie de la sagesse ».

Six États membres suspendus

Moussa Faki Mahamat a salué l’engagement de Macky Sall à respecter le veto qu’a mis le Conseil Constitutionnel à cet ajournement, et a souhaité des « élections inclusives, libres et transparentes dans les plus brefs délais possibles », comme l’a demandé la juridiction sénégalaise.

Suspendus en raison de coups d’État, six des 55 États membres manquent cette année à l’appel du sommet, le Gabon et le Niger ayant en 2023 rejoint le Mali, la Guinée, le Soudan et le Burkina Faso, exclus les deux années précédentes.

Alors que l’UA est souvent critiquée pour son inefficacité, Faki n’a pas épargné les dirigeants du continent. Il a dénoncé des décisions prises « sans volonté politique de les appliquer », assurant que ces trois dernières années « 93 % des décisions n’ont pas été mises en œuvre ». Il est devenu « banal de voir » les États-membres « outrepasser, voire allègrement violer les décisions des organes continentaux », notamment du Conseil de paix et de sécurité, a-t-il déploré.

(aec AFP)

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