Opposants libérés, marche dans le calme… Au Sénégal, un week-end dans l’apaisement

Deux semaines après l’annonce par Macky Sall du report de la présidentielle, invalidé en fin de semaine par le Conseil constitutionnel, des milliers d’opposants ont pu manifester sans répression des forces de l’ordre. Alors que de nombreux détenus ont été libérés ces derniers jours, les soutiens de Bassirou Diomaye Faye, candidat incarcéré du Pastef dissous, ont exigé sa « libération sans délai ».

Des milliers d’opposants ont marché le 17 février à Dakar pour appeler les autorités à respecter la date de tenue de l’élection présidentielle, le 17 février 2024. © JOHN WESSELS / AFP.

Des milliers d’opposants ont marché le 17 février à Dakar pour appeler les autorités à respecter la date de tenue de l’élection présidentielle, le 17 février 2024. © JOHN WESSELS / AFP.

Publié le 18 février 2024 Lecture : 3 minutes.

Ils demandent une « égalité de traitement ». Les soutiens de Bassirou Diomaye Faye, candidat d’opposition incarcéré à la présidentielle reportée au Sénégal mais dont le report a été invalidé par le Conseil constitutionnel, ont exigé sa « libération sans délai », indique un communiqué transmis le 18 février.

« Tous les candidats doivent être soumis au principe constitutionnel de l’égalité de traitement. C’est pourquoi la libération sans délai du candidat Bassirou Diomaye Diakhar Faye est une exigence populaire et respectueuse de la Constitution », indique le communiqué de Diomaye Président, la coalition qui le soutient.

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Elle souligne également « la nécessité de libérer urgemment le président Ousmane Sonko, leader de l’opposition ». Le dirigeant du parti d’opposition dissous Pastef, dont la candidature a été rejetée par le Conseil constitutionnel qui avait en revanche retenu celle de Faye, son numéro deux, est écroué depuis juillet 2023 pour appel à l’insurrection, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de l’État.

Bassirou Diomaye Faye est lui en détention préventive depuis avril 2023. Le fait qu’il n’ait pas encore été jugé et condamné est apparemment la raison pour laquelle sa candidature avait été retenue par le Conseil constitutionnel.

Des centaines de détenus libérés

Plusieurs dizaines d’opposants ont été libérés ces derniers jours, un geste d’apaisement du régime du président Macky Sall qui ne reconnaît pas l’existence de prisonniers politiques au Sénégal. « Tout en se félicitant de la libération des détenus politiques », la coalition Diomaye Président « demande que tous les prisonniers politiques encore injustement incarcérés soient immédiatement libérés ».

La Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) s’est félicitée dans un communiqué de la libération de ces personnes « injustement » détenues, pour certaines depuis plus de deux ans. « Selon des sources concordantes, 664 détenus auraient recouvré la liberté et rejoint leur famille » entre le 15 et le 16 février, selon la Raddho.

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« Cette vague de libérations ne doit pas nous faire oublier que la plupart des personnes qui ont retrouvé aujourd’hui la liberté avaient été arbitrairement arrêtées et illégalement détenues dans des conditions extrêmement inhumaines », affirme le communiqué.

Une marche dans le calme à Dakar

Dans la journée du 17 février, des milliers d’opposants ont pu manifester dans le calme à Dakar, signe d’apaisement après deux semaines de tensions liées au report de la présidentielle. Portant des T-shirts noirs marqués du nom du collectif citoyen ayant appelé à la marche, « Aar Sunu Election » (« Protégeons notre élection »), ou drapés aux couleurs du pays, les manifestants ont brandi des pancartes sur lesquels on pouvait lire notamment « Respect du calendrier électoral », « Non au coup d’État constitutionnel » ou « Free Sénégal ». Les gendarmes ont quadrillé tout le secteur de la marche, mais contrairement aux précédentes manifestations, interdites, ils ne portaient pas de tenue anti-émeutes.

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L’opposition criait depuis le début de février au « coup d’État constitutionnel ». Mais depuis la décision du Conseil constitutionnel d’invalider le report de l’élection au 15 décembre et d’exiger qu’elle se tienne « dans les meilleurs délais » – ce qu’a accepté le président Macky Sall –, la situation s’est apaisée, comme en témoigne l’autorisation de cette manifestation.

La communauté internationale a fait part de son inquiétude et appelé à la tenue la plus rapide possible de la présidentielle. Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a souhaité, lors de l’ouverture du sommet de l’Union africaine, le 17 février, la tenue d’« élections inclusives, libres et transparentes » dans les meilleurs délais.

Le mandat de Macky Sall s’achève le 2 avril et la présidentielle devrait théoriquement se tenir avant. Le chef de l’État a indiqué qu’il entendait mener « sans tarder les consultations nécessaires pour l’organisation de l’élection présidentielle dans les meilleurs délais », conformément à la décision du Conseil constitutionnel.

(avec AFP)

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