Deux régions du sud de la Somalie déclarées en famine par les Nations unies
Deux régions du sud de la Somalie, frappées par une gravissime sécheresse, ont été déclarées en état de famine par les Nations unies, qui parlent de la « plus grave crise alimentaire en Afrique » en 20 ans et appellent à la mobilisation pour éviter que la situation n’empire.
Selon l’ONU, jusqu’à 350.000 personnes souffrent de famine dans le sud de la région de Bakool et dans celle de Lower Shabelle, toutes deux contrôlées par les insurgés islamistes shebab. Le taux de malnutrition aiguë y dépasse les 30%, et sur une population de 10.000 personnes plus de six enfants de moins de cinq ans y meurent tous les jours.
"Si nous n’agissons pas maintenant, la famine va s’étendre à toutes les huit régions du sud de la Somalie dans les deux mois à venir, en raison de mauvaises récoltes et de l’apparition de maladies infectieuses," a averti à Nairobi le coordinateur humanitaire des Nations unies pour la Somalie, Mark Bowden.
Les shebab d’accord avec l’aide étrangère
L’ONU estime que près de la moitié de la population somalienne, soit 3,7 millions de personnes dont 2,8 millions dans le sud, sont désormais en situation de crise. Les insurgés islamistes shebab, affiliés à Al-Qaïda et qui contrôlent la plupart du sud et du centre de la Somalie, ont salué la déclaration de famine de l’ONU, se disant de nouveau prêts à accepter l’aide étrangère. La condition est que l’aide soit "fournie purement sur des bases humanitaires" et que les valeurs religieuses des Somaliens, musulmans, (soient) respectées", a indiqué un haut responsable shebab sous couvert d’anonymat à l’AFP.
Face à la gravité de la sécheresse, les insurgés avaient rappelé au début du mois les travailleurs humanitaires étrangers qu’ils avaient poussés au départ en 2009. Dans les deux régions frappées de famine, les taux de mortalité et de malnutrition sont comparables ou supérieurs aux précédentes crises qui ont frappé le Niger en 2005, l’Ethiopie en 2001 ou le Soudan en 1998, rappellent les Nations unies.
"Etant donné sa sévérité et son étendue géographique, il s’agit de la crise alimentaire la plus grave en Afrique depuis la famine en Somalie des années 1991/1992", précisent-elles même. Quelque 220.000 personnes avaient péri lors de cette catastrophe.
Environ 12 millions de personnes sont touchées dans l’ensemble de la Corne de l’Afrique par la sécheresse. Djibouti, l’Ethiopie, le Kenya, l’Ouganda sont aussi affectés. Et les Etats-Unis ont exhorté l’Erythrée à révéler dans quelle mesure elle souffre aussi de la catastrophe climatique.
Conflits armés permanents
Mais en Somalie, la catastrophe climatique s’ajoute aux conflits armés permanents. Mercredi, les Nations unies, selon lesquelles la famine a déjà fait des dizaines de milliers de morts en Somalie ces derniers mois, ont demandé une rallonge de 500 millions de dollars pour l’aide humanitaire en 2011, notamment pour faire face au développement "inquiétant" dans la Corne de l’Afrique. Ils incluent 120 millions de dollars déjà réclamés par l’organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
En Somalie, estimant que la guerre civile incessante, et pas seulement la sécheresse, avait conduit à la famine, le président de la Banque africaine de développement, Donald Kaberuka, a jugé depuis Genève que toute solution devait aussi inclure un accord de paix dans le pays.
L’Organisation de la coopération islamique (OCI) est allée jusqu’à lancer un appel à une trêve humanitaire dans le pays pour permettre l’arrivée et la distribution de l’aide. La sécheresse et les conflits poussent aussi sur les routes des milliers de Somaliens, parfois prêts à entreprendre des semaines de marche pour rejoindre l’Ethiopie et le Kenya. Ils espèrent trouver dans ces pays voisins une aide humanitaire qui fait cruellement défaut chez eux.
En lutte contre les shebab, le gouvernement somalien de transition aussi s’est félicité de l’annonce des Nations unies, espérant une recrudescence de l’aide. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a cependant pointé qu’il sera dangereux d’acheminer cette aide, en raison des pillages et attaques qui sévissent dans les zones décrétées en famine.
Le PAM avait quitté les régions somaliennes sous contrôle shebab en raison des menaces pour la vie de ses équipes et de l’imposition de conditions de travail jugées inacceptables, comme l’imposition de taxes informelles et l’exigence qu’aucune femme ne travaille pour eux sur place.
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