Gaza : Israël donne au Hamas « d’ici au ramadan » pour libérer les otages

Le gouvernement de Benyamin Netanyahou menace d’attaquer Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où sont réfugiés 1,4 million de Palestiniens, alors que les pourparlers pour une nouvelle trêve patinent.

De la fumée s’élève au-dessus de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, après des bombardements israéliens, le 18 février 2024. © SAID KHATIB / AFP.

De la fumée s’élève au-dessus de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, après des bombardements israéliens, le 18 février 2024. © SAID KHATIB / AFP.

Publié le 19 février 2024 Lecture : 4 minutes.

Israël a averti que son armée lancerait une offensive contre Rafah si les otages israéliens détenus à Gaza n’étaient pas libérés d’ici au début du ramadan, qui doit commencer autour du 10 mars, et ce, en dépit des pressions internationales visant à protéger les quelque 1,4 million de Palestiniens entassés dans la ville, dans le sud du territoire palestinien encastré.

Alors que les espoirs de trêve s’éloignent, une partie de la communauté internationale s’inquiète des retombées qu’une opération militaire aurait pour la population civile vivant dans des conditions souvent précaires à Rafah, adossée à la frontière fermée de l’Égypte.

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« Si d’ici au ramadan, les otages ne sont pas à la maison, les combats continueront partout, y compris dans la région de Rafah », a déclaré le 18 février à Jérusalem le ministre israélien Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de Benyamin Netanyahou. « Le Hamas a le choix. Ils peuvent se rendre, libérer les otages et les civils de Gaza pourront ainsi célébrer la fête du ramadan », a ajouté l’ex-chef de l’armée dans un discours devant la Conférence des présidents des principales organisations juives américaines.

Netanyahou ne veut pas « perdre la guerre »

De vives inquiétudes se sont exprimées dans le monde, y compris par Washington, allié d’Israël, face à la perspective d’une offensive contre Rafah que Benyamin Netanyahou se montre déterminé à lancer. Lancée en représailles de l’attaque du 7 octobre 2023, qui a fait 1 160 selon un décompte, son offensive dans la bande de Gaza a fait 28 985 morts, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

« Quiconque veut nous empêcher de mener une opération à Rafah nous dit en fait de perdre la guerre. Je ne vais pas céder à cela », a dit le Premier ministre israélien samedi, avant de réaffirmer le 18 février viser « une victoire totale » contre le Hamas.

Selon Benny Gantz, une offensive se ferait de manière coordonnée et dans le cadre d’un dialogue avec les « partenaires américains et égyptiens », « en facilitant l’évacuation des civils » pour « minimiser […] autant que possible » le nombre de victimes dans leurs rangs. Israël n’a pas encore officiellement fourni de détails sur les modalités d’une évacuation des civils et le lieu de leur relocalisation.

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Ferme opposition de Macon et de Sissi

Le président français Emmanuel Macron et son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi ont exprimé « leur ferme opposition » à une offensive ainsi « qu’à tout déplacement forcé de populations » vers l’Egypte, a indiqué Paris dimanche dans un communiqué.

Rafah et la ville de Khan Younès, situées dans le sud de la bande de Gaza et distantes de quelques kilomètres, ainsi que d’autres secteurs du territoire palestinien ont été la cible de bombardements israéliens qui ont fait 127 morts en 24 heures, a indiqué le 18 février le ministère de la Santé du Hamas.

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À Khan Younès, ville natale du chef du Hamas à Gaza, Yahia Sinouar, cerveau présumé de l’attaque du 7 octobre, l’hôpital Nasser « n’est plus fonctionnel après un siège d’une semaine, suivi d’un raid en cours », a affirmé sur X le chef de l’Organisation mondiale pour la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Sept malades, dont un enfant, y sont morts depuis le 16 février à cause de coupures d’électricité, et « 70 membres du personnel médical dont des médecins des soins intensifs » ont été arrêtés, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les soldats israéliens ont pénétré la veille dans l’hôpital sur la base de renseignements selon lesquels des otages y sont retenus, et ont arrêté une centaine de personnes. Un porte-parole de l’armée, Richard Hecht, a assuré que du diesel et de l’oxygène avaient été fournis pour que l’établissement puisse fonctionner.

Alors que l’aide humanitaire entre au compte-gouttes dans la bande de Gaza assiégée, des manifestants israéliens ont empêché des camions d’aides venant d’Égypte en route vers Rafah de passer par le point de passage de Nizzana dans le sud d’Israël, selon le Croissant-Rouge palestinien.

Nouvelles audiences à la Cour internationale de justice

En Cisjordanie occupée, trois Palestiniens ont aussi été tués le 18 février dans un raid israélien, dont un cadre d’un groupe armé, selon des sources concordantes, dans un contexte de vives tensions et d’intensification des violences sur ce territoire depuis le 7 octobre.

À La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction des Nations unies, doit commencer à examiner ce 19 février les conséquences juridiques de l’occupation par Israël de territoires palestiniens depuis 1967.  Ces audiences, réalisées à la suite d’une demande de l’Assemblée générale de l’ONU, sont totalement distinctes des récentes requêtes très médiatisées de l’Afrique du Sud auprès de la cour.

Principal allié d’Israël, les États-Unis menacent pour leur part de bloquer un nouveau projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU exigeant « un cessez-le-feu humanitaire immédiat ». Washington menace de mettre son veto au texte présenté par l’Algérie au motif qu’un vote pourrait « aller à l’encontre » des négociations impliquant les médiateurs égyptien, américain et qatari en vue d’une trêve et d’une libération d’otages.

Le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani a cependant affirmé le 17 février que ces pourparlers n’étaient « pas très prometteurs ».

Lula dénonce un « génocide »

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a déclaré que « ce qui se passe à Gaza n’est pas une guerre, c’est un génocide », en comparant l’offensive israélienne à l’extermination des Juifs par les nazis. Lula a aussi réitéré son appel à un règlement du conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies sur la base de deux États, israélien et palestinien, comme le préconise une grande partie de la communauté internationale.

Le président brésilien « a déshonoré la mémoire des six millions de Juifs assassinés par les nazis […] Il devrait avoir honte », a rétorqué Benyamin Netanyahou. Et son gouvernement a estimé qu’une « reconnaissance d’un État palestinien après le massacre du 7 octobre constituerait une immense récompense au terrorisme ».

(avec AFP)

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