Sud-Soudan : son indépendance proclamée, le pays doit prouver qu’il est un État viable

Le Sud-Soudan, qui a proclamé samedi son indépendance, fait désormais face à l’immense défi de prouver au monde qu’il est un Etat viable, malgré son extrême pauvreté et une situation géopolitique difficile après des décennies d’un conflit sanglant avec le Nord.

Discours du président Salva Kiir le 9 juillet à Juba. © AFP

Discours du président Salva Kiir le 9 juillet à Juba. © AFP

Publié le 10 juillet 2011 Lecture : 3 minutes.

Le Sud-Soudan a proclamé son indépendance devant des dizaines de milliers de sudistes en liesse et un parterre de dirigeants étrangers, après un conflit de pratiquement un demi-siècle avec le Nord qui a fait des millions de morts.

La communauté internationale, Etats-Unis, Chine, Russie, Union européenne et ses Etats membres en tête, a rapidement reconnu ce nouveau pays africain figurant parmi les plus pauvres au monde malgré ses vastes ressources pétrolières, et l’a assuré de son soutien.

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C’est le chef du Parlement sud-soudanais, James Wanni Igga, qui a lu la « déclaration d’indépendance du Sud-Soudan » pendant une cérémonie à Juba, la capitale.

« Nous, les représentants démocratiquement élus du peuple, nous fondant sur la volonté du peuple du Sud-Soudan, et comme l’ont confirmé les résultats du référendum sur l’auto-détermination (en janvier, ndlr), proclamons par la présente le Sud-Soudan une nation indépendante et souveraine », a-t-il dit.

Le Sud, dont le territoire occupe presque un quart de la superficie de l’ancien Soudan, et dont la majorité des plus de 8,5 millions d’habitants est chrétienne, se sépare ainsi du Nord musulman après une longue guerre -entrecoupée par une période d’accalmie de quelques années- entre les rebelles sudistes et les gouvernements successifs de Khartoum.

Le nouveau drapeau du Sud-Soudan été ensuite hissé sous les applaudissements frénétiques, les cris de joie, mais aussi les pleurs, de la foule.

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Puis Salva Kiir a prêté serment en tant que premier président sud-soudanais et promulgué la Constitution provisoire, en jurant de « favoriser le développement et le bien-être du peuple ».

« Un jour heureux comme celui-là ne devrait pas être terni par de mauvais souvenirs. Mais il est important de se rappeler que cette terre a souffert pendant plusieurs générations (…) Nous devons pardonner, même si nous n’oublierons pas », a affirmé M. Kiir dans un discours prononcé peu après.

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« Nous ne nous soumettrons jamais, jamais ! », ont scandé des milliers de ses compatriotes.

Relations fraternelles

Intervenant à son tour devant des dizaines de milliers de sudistes, le président du Soudan, Omar el-Béchir, a affirmé qu’un succès du Sud-Soudan serait également une réussite pour Khartoum.

« Nous respectons nos engagements vis-à-vis du nouvel Etat du Sud-Soudan et nous allons l’aider dans ses premiers pas, car nous voulons qu’il réussisse. Son succès sera notre succès », a déclaré M. Béchir, sous le coup de mandats d’arrêt internationaux pour génocide et crimes contre l’humanité au Darfour, région de l’Ouest en proie à la guerre civile.

Khartoum avait reconnu dès vendredi la République du Sud-Soudan.

Omar el-Béchir a en outre appelé à la paix et à des relations fraternelles entre le Sud et le Nord : « Il est de notre responsabilité commune de bâtir (une relation de) confiance" qui permettra de régler les « questions en suspens », a-t-il dit, faisant allusion en particulier au partage des richesses pétrolières et au statut de provinces frontalières contestées, dont celle d’Abyei.

De même étaient présents le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et des représentants de pays tels que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et le France.

Placée sous haute sécurité, la cérémonie s’est déroulée au mausolée de l’ex-dirigeant rebelle sudiste John Garang, mort dans un accident d’hélicoptère en 2005, peu après la signature de l’accord de paix ayant mis un terme au plus long conflit en Afrique.

Elle a débuté par les sermons de deux dignitaires religieux, l’un musulman et l’autre chrétien, avant un défilé militaire.

« Aujourd’hui, nous nous souvenons et nous prions pour tous ceux qui ont été solidaires avec nous pendant les longues années de guerre", a dit l’archevêque catholique Paulino Lokudu, exhortant à une « nouvelle entente » et à la coopération avec le Nord.

Intérêt international

Dès le petit matin, des Sud-Soudanais enthousiastes avaient afflué vers le lieu des festivités, chantant et agitant des drapeaux. « Sud-Soudan oyee (oh oui) ! Sud-Soudan libre ! », scandait la foule, pendant ce rassemblement, le plus grand jamais vu à Juba, ville au bord du Nil Blanc où manquent même les infrastructures de base.

Au plan diplomatique, le président Barack Obama a déclaré que le Sud-Soudan pourrait compter sur l’aide des Américains, tandis que la Chine, principal partenaire commercial du Soudan et plus gros investisseur dans son industrie pétrolière, espère que le Nord et le Sud seront « de bons voisins, des partenaires et des frères pour toujours ».

L’Union européenne « envisage un accord de partenariat avec la République du Sud-Soudan" et le président russe Dmitri Medvedev a évoqué l’«intérêt » du « monde russe des affaires » pour les ressources naturelles de ce nouvel Etat.

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