Gaza : la résolution de l’Algérie devant le Conseil de sécurité de l’ONU

Alors qu’un assaut terrestre semble se préparer sur Rafah et que le bilan fait état de 29 000 morts du côté palestinien, le Conseil de sécurité de l’ONU doit examiner, ce 20 février, un texte préparé par l’Algérie et qui appelle à un cessez-le-feu. Il semble n’avoir aucune chance d’être adopté.

Distribution de nourriture à des enfants palestiniens déplacés, dans une école de Rafah (dans le sud de Gaza), le 19 février 2024. © Mohammed Abed/AFP

Distribution de nourriture à des enfants palestiniens déplacés, dans une école de Rafah (dans le sud de Gaza), le 19 février 2024. © Mohammed Abed/AFP

Publié le 20 février 2024 Lecture : 4 minutes.

La situation humanitaire reste catastrophique, ce mardi 20 février, dans la bande de Gaza, où près de 1,5 million de Palestiniens s’entassent dans la ville de Rafah menacée d’assaut par Israël, au moment où une nouvelle impasse se profile au Conseil de sécurité de l’ONU quant à un possible cessez-le-feu.

Netanyahou et « le dernier bastion » du Hamas

Selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), près de 1,5 million de personnes se trouvent à Rafah, dont la population a été multipliée par six depuis le début de la guerre, le 7 octobre dernier.

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Cette ville, située contre la frontière fermée avec l’Égypte, est visée quotidiennement par des frappes de l’armée israélienne, qui a dit y préparer un assaut terrestre. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a qualifié Rafah de « dernier bastion » du Hamas et s’est dit déterminé à poursuivre l’offensive « jusqu’à la victoire complète ». Dans la nuit de lundi à mardi, les bombardements israéliens se sont concentrés sur l’est de la bande de Gaza et sur la ville de Khan Younès, selon un journaliste de l’AFP sur place.

Après environ vingt semaines de guerre, les rapports des organisations humanitaires sur la situation dans la bande de Gaza sont de plus en plus alarmants. Selon les agences de l’ONU, les denrées alimentaires et l’eau potable sont devenues « extrêmement rares » dans le territoire palestinien, et 90% des jeunes enfants y souffrent de maladies infectieuses.

« On est sur le point d’assister à une explosion du nombre de décès évitables d’enfants, ce qui pourrait aggraver le niveau, déjà insoutenable, de décès d’enfants à Gaza », déclare Ted Chaiban, responsable adjoint de l’action humanitaire à l’Unicef. « Mes enfants meurent de faim, ils se réveillent en pleurant », raconte à l’AFP une femme réfugiée dans un campement du nord de Gaza. « Où puis-je trouver de la nourriture pour eux ? »

« Des missiles nous tombent dessus, combien de temps un être humain peut-il encore y faire face ? » s’interroge pour sa part Ayman Abou Shammali, blessé lors d’une frappe contre un immeuble à Zawayda, dans le centre de la bande de Gaza. « Dans le nord [de Gaza] les gens meurent de faim, et nous, ici, nous mourons à cause des bombardements », se plaint-il.

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Blocage en vue à l’ONU

« Si d’ici au ramadan [autour du 10 mars], nos otages ne sont pas [rentrés] à la maison, les combats vont continuer partout, y compris dans la région de Rafah », a averti Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de Benyamin Netanyahou, le 18 février. « Le Hamas a le choix. [Ses hommes] peuvent se rendre, libérer les otages, et les civils de Gaza pourront ainsi célébrer la fête du ramadan », a-t-il ajouté.

La perspective d’un assaut sur Rafah inquiète la communauté internationale. Vingt-six des 27 pays de l’Union européenne ont réclamé, le 19 février, une « pause humanitaire immédiate ». Mais l’espoir d’une trêve s’amenuise. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se prononcer aujourd’hui 20 février sur un nouveau texte, que l’Algérie prépare depuis des semaines et qui exige un cessez-le-feu « immédiat ». Une résolution menacée par un nouveau veto des États-Unis, allié d’Israël, et qui serait leur troisième depuis le début de la guerre.

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Le projet algérien, que l’AFP a pu consulter, « exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat, qui doit être respecté par toutes les parties ». Il s’oppose au « déplacement forcé de la population civile palestinienne », alors qu’Israël a évoqué une évacuation des civils avant une offensive terrestre à Rafah, et réclame la libération de tous les otages.

Inquiétude des États-Unis

Les États-Unis ont prévenu que ce texte n’était pas acceptable. « Nous ne pensons pas qu’il améliorerait la situation sur le terrain ; donc, si cette résolution est mise aux voix, elle ne passera pas », a répété Robert Wood, l’ambassadeur adjoint des États-Unis à l’ONU.

Les Américains estiment que cette résolution mettrait en danger les négociations diplomatiques, délicates, sur le terrain, qui visent à obtenir une trêve et une nouvelle libération d’otages. Dans ce contexte, ils ont fait circuler un projet de résolution alternatif, dont l’AFP a pris connaissance lundi 19 février. Le texte évoque un « cessez-le-feu temporaire à Gaza dès que la situation le permettra » et sur la base d’une « formule » incluant la libération de tous les otages.

Il fait par ailleurs mention des inquiétudes des États-Unis s’agissant du sort de Rafah, et précise qu’ « une offensive terrestre d’ampleur ne devrait pas avoir lieu dans les conditions actuelles ».

Selon une source diplomatique, ce projet alternatif américain n’a aucune chance d’être adopté en l’état, notamment en raison du risque d’un veto russe. Largement divisé sur le dossier israélo-palestinien depuis des années, le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pu adopter, depuis le 7 octobre 2023, que deux résolutions, essentiellement humanitaires. Sans grand résultat, puisque l’entrée de l’aide à Gaza reste très insuffisante.

(Avec AFP)

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