L’Alliance des États du Sahel tient (aussi) à sa souveraineté numérique
Un communiqué ministériel malien dénonce l’usage abusif de l’intitulé « Alliance des États du Sahel ou AES » sur certains comptes des réseaux sociaux.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 21 février 2024 Lecture : 2 minutes.
L’Alliance des États du Sahel (AES) est-elle victime de ses groupies ou de ses détracteurs ? Peut-être des deux. Dans un communiqué officiel diffusé en début de semaine, le ministère malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale (Maeci) évoquait l’usage, « dans les comptes ou noms d’utilisateurs sur les réseaux sociaux, surtout sur le réseau X » (ex-Twitter), du nom du pacte de défense mutuelle conclu, en septembre dernier, entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
Le Bureau de l’Information et de la Presse du ministère dénonce une utilisation du sigle tout à la fois « abusive » – peut-être par excès d’adhésion – et « pernicieuse » – donc mal intentionnée. Il témoigne d’une « vive préoccupation », face à « des informations attribuées à cette Alliance ou à ses pays membres, entretenant ainsi la suspicion ou la confusion ».
Halte à la communication contrefaite
Conformément au positionnement révolutionnaire des trois juntes sahéliennes, les frictions idéologiques entre l’AES et d’autres organisations présumées affidées à l’impérialisme occidental se jouent beaucoup sur le terrain de la communication, et notamment sur les réseaux sociaux. Or, il y a trois mois déjà, le même ministère malien avait dû démentir formellement des informations diffusées, le 11 novembre, sur un compte X.
« @AEsahel » avait notamment posté un texte présenté comme une « déclaration de l’Alliance des États du Sahel » sur la situation de la ville de Kidal. Dans son communiqué de février, le gouvernement met donc le point sur le « i » du mot « alliance », informant que l’AES « ne dispose, à présent, d’aucun compte sur les réseaux sociaux ». Et d’ajouter que la communication est, « de nos jours, assurée par des canaux officiels internes des États membres ».
Plus menaçant, le Bureau de l’Information et de la Presse du ministère saisit l’occasion de cette mise au point pour « mettre, à nouveau, en garde les personnes qui se livrent à ces pratiques d’usurpation et de désinformation de les cesser immédiatement et de fermer les comptes inappropriés ouverts, au risque de s’exposer à la vigueur des textes en la matière ».
Fake news de tous horizons
Si le communiqué insiste sur le caractère « national et international » de l’opinion à laquelle il s’adresse, c’est que le terrain de jeu numérique ouest-africain attire les hackers et trolls de régions bien éloignées. En octobre dernier, une enquête du journal américain The Washington Post avait détecté, sur le secteur sahélien de la désinformation, des acteurs notamment israéliens et russes.
À la même période, c’est le compte X « Gauthier Pasquet » qui distillait des informations majoritairement fausses, dans le but de déstabiliser les juntes d’Afrique de l’Ouest.
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