Sénégal : l’opposition contre un troisième mandat de Wade, affaibli par la rue

L’opposition et la société civile ont exhorté vendredi le président sénégalais Abdoulaye Wade à renoncer à un nouveau mandat en 2012, au lendemain d’un conflit dans la rue alors que, en privé, des proches du pouvoir jugeaient le chef de l’Etat affaibli.

Des manifestants brandissent une pancarte: touche pas à ma constitution le 23 juin 2011 à Dakar. © AFP

Des manifestants brandissent une pancarte: touche pas à ma constitution le 23 juin 2011 à Dakar. © AFP

Publié le 25 juin 2011 Lecture : 2 minutes.

Après une journée de manifestations nationales, qui ont tourné à l’émeute à Dakar, M. Wade, 85 ans, a retiré un projet de loi controversé qui aurait permis l’élection simultanée du président et du vice-président avec seulement 25 % des voix.

Les violences de jeudi avec l’attaque ou l’incendie de véhicules, édifices publics et domiciles de responsables du pouvoir, ont fait 102 blessés à Dakar dont 13 policiers, a déclaré à l’AFP une source policière. L’annonce de l’abandon du texte a ramené le calme.

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Candidature "illégale et illégtitime"

Une candidature de Wade en 2012 serait "illégale, illégitime, inopportune et dangereuse pour la paix et la stabilité du Sénégal et de la sous-région", a estimé vendredi le Comité de coordination des forces vives de la nation, qui réunit opposition et société civile.
Affirmant que le chef de l’Etat a épuisé ses deux mandats légaux, le Comité regrette dans communiqué à l’AFP, "qu’il ait fallu une journée de feu et de sang, de souffrances et de violences pour que le président Wade et son gouvernement ouvrent les yeux et voient la réalité".

Maintenant, le président Wade va se réveiller. Il n’écoute que son fils.

"Maintenant, le président Wade va se réveiller. Il n’écoute que son fils", Karim, âgé de 42 ans, a déclaré à l’AFP un membre du gouvernement sous couvert de l’anonymat.

Ses détracteurs estiment que M. Wade voulait se faire réélire pour ensuite céder le fauteuil à Karim. Des allégations régulièrement rejetées par son entourage. Un député du parti pouvoir (PDS) Malick Guèye, s’est lui aussi montré critique.

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"Président mal entouré"

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"Des députés et des militants sont frustrés parce qu’ils sont écartés au profit de laudateurs (…) Le président est mal entouré. S’il ne reprend pas en main le parti, les Sénégalais risquent de ne pas voter pour lui en 2012", une année "qui risque d’être difficile pour lui", a-t-il déclaré. Pour sa part, le président de l’Assemblée nationale, Mamadou Seck (PDS), a estimé que M. Wade a été "à l’écoute du peuple sénégalais".

C’est la première fois que le président Wade, au pouvoir depuis 2000 et réélu en 2007 pour un mandat de cinq ans, a été confronté à une contestation d’une telle ampleur. Le journaliste Mame Less Camara a estimé que "c’est son premier échec dans l’usage qu’il fait des institutions. Il va commencer à connaître le doute".

"Ce que nous avons vu est un premier pas vers la perte du pouvoir. On n’a pas vu le parti (au pouvoir) qui a perdu la bataille de la mobilisation", a encore commenté un député de la majorité. Pour le quotidien WalFadjri, les manifestants ont "consacré la fin du mythe d’un président de la République en phase avec sa jeunesse. Celui d’un chef d’Etat qui pouvait compter sur son bagout pour faire passer tous ses projets, des plus saugrenus aux plus loufoques".

Le président Wade avait annoncé dès septembre 2009 qu’il se représenterait pour un nouveau mandat, prévu dans huit mois.
Dénonçant "l’usage de la violence", le ministère de la Justice s’est voulu ferme, en soulignant "la volonté du gouvernement de maintenir l’ordre".

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