Sénégal : la société civile se mobilise contre l’élection d’un vice-président
Des organisations représentant la société civile du Sénégal ont appelé samedi à la mobilisation contre un projet de loi visant à élire simultanément en 2012 un président de la République et un vice-président, dénonçant « un coup d’Etat institutionnel ».
Avec ce projet de loi constitutionnelle adopté jeudi en Conseil des ministres, qui doit être voté par le Parlement pour entrer en vigueur, "on ne donne pas aux Sénégalais la possibilité de choisir un successeur au président Wade, c’est lui qui le choisit", a-t-il ajouté. "C’est un coup d’Etat institutionnel", a affirmé Alioune Tine.
Or selon lui, le président Abdoulaye Wade, 85 ans, au pouvoir depuis 2000 et candidat à sa propre succession, "n’est pas éligible, car la Constitution ne le lui permet pas" et, partout en Afrique, "le 3e mandat est dangereux".
Ce point fait l’objet d’un débat entre constitutionnalistes, les uns affirmant que M. Wade se présente pour un 2e mandat de cinq ans depuis l’instauration du quinquennat, les autres qu’il s’agit d’un 3e mandat après son premier septennat (2000-2007).
"Touche pas à ma constitution"
Entouré de responsables d’Amnesty International, du Collectif des organisations de la société civile, du Mouvement des citoyens, M. Tine a appelé à une mobilisation "nationale, régionale et internationale autour d’une grande campagne" intitulée "Touche pas à ma Constitution".
"Personne ne peut nous empêcher de manifester dans le cadre de la loi", a-t-il dit, demandant à tous les Sénégalais opposés à ce projet qui pourrait provoquer "le chaos", de "se préparer à occuper la place de l’Indépendance", grande place du centre de Dakar.
Serigne Mbacké Ndiaye, ministre conseiller et porte-parole du président Wade a pour sa part affirmé lors d’une conférence de presse que ce projet n’avait qu’un but: "le renforcement de la démocratie et de la stabilité du Sénégal.
Il a indiqué qu’il s’agissait de procéder à une "modification par rapport à une disposition qui existe" dans la Constitution, prévoyant que "le président peut être assisté par un vice-président nommé", mais "qui ne tire pas sa légitimité du suffrage universel".
Abdoulaye Wade a longtemps été soupçonné de vouloir imposer son fils Karim comme successeur, mais même des leaders d’opposition ont estimé que, si le projet de loi était voté par le Parlement, le chef de l’Etat ne le choisirait pas pour être élu vice-président. "Ce serait trop gros", a affirmé l’un d’eux.
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