Climat, biodiversité, pollution : ce que va proposer l’ONU
L’Assemblée de l’ONU pour l’environnement (UNEA) se réunit du 26 février au 1er mars à Nairobi. Son objectif, contrer la triple crise planétaire, qui altère le climat, les écosystèmes et la qualité de l’air.
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Inger Andersen
Directrice exécutive, Programme des Nations unies pour l’environnement
Publié le 22 février 2024 Lecture : 4 minutes.
Il ne s’agit pas d’une liste de processus à mettre en œuvre pour protéger l’environnement, mais d’une liste d’obligations à observer, en 2024 et au cours des prochaines décennies. Nous devons ralentir les effets du changement climatique et nous y adapter, protéger la nature et restaurer la biodiversité, inverser la tendance à la dégradation des sols et à la désertification, mettre fin à la pollution et au déversement des déchets.
Si nous y parvenons, nous pourrons construire un avenir qui profitera au plus grand nombre, et pas seulement à une élite – principe au cœur des Objectifs de développement durable des Nations unies.
Que prévoit l’Accord de Paris ?
Les nations, qui se trouvent à des étapes différentes de leur développement, se sont engagées à œuvrer en faveur de cet avenir durable en signant des dizaines d’accords multilatéraux sur l’environnement. En période de crises géopolitiques et dans des contextes politiques mouvants, ce n’est pas une mince affaire.
Pourtant, l’action en faveur de l’environnement est un puissant facteur d’unité. Plusieurs accords internationaux fixent des objectifs. C’est le cas de l’Accord de Paris, du Cadre mondial sur la biodiversité de Kunming-Montréal ou encore du Cadre mondial sur les produits chimiques. Nombre d’entreprises et d’investisseurs promettent de mettre leur modèle en conformité avec des projets à faible émission de carbone, favorables à la préservation de l’environnement, et d’y affecter leurs capitaux.
Les banques et les organisations internationales font de l’action environnementale un élément central de leurs politiques. Après s’être contentée de tirer la sonnette d’alarme, la communauté scientifique avance des propositions concrètes.
Il est urgent de transformer ces engagements en actes. Entre vagues de chaleur, tempêtes et épisodes de sécheresse dévastatrice, 2023 a été l’année où les températures les plus élevées ont été mesurées depuis que ces relevés existent. La pollution de l’air, des sols et de l’eau a provoqué le décès de millions de personnes. Les forêts tropicales ont continué à rétrécir, les espèces essentielles au maintien des écosystèmes se sont raréfiées.
Chaque jour, chaque semaine, chaque mois, l’humanité s’enfonce un peu plus, et il lui faudra de plus en plus de temps pour remonter la pente. Il ne s’agit pas seulement de travailler plus dur, mais plus intelligemment. Avec autant d’accords internationaux en jeu, le risque de fragmentation s’accroît. Nous devons relever ce défi, en veillant à ce que les travaux relatifs à chaque engagement environnemental s’articulent avec ceux des autres, et les complètent.
Nous sommes essentiellement confrontés à un seul et même défi mondial, que le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) qualifie de « triple crise planétaire » : changement climatique ; dégradation de la nature et perte de la biodiversité ; pollution et déversement des déchets. La consommation et la production non durables alimentent cette triple crise. Les meilleures solutions sont donc celles qui s’attaquent simultanément à ces trois fléaux.
Pollution plastique
C’est là qu’intervient l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement (UNEA). Organe décisionnel le plus important au monde en matière d’environnement, l’UNEA réunit les nations tous les deux ans, non pour examiner des questions isolées, mais pour se pencher sur des questions transversales, qui englobent tout, partout et à la fois.
La sixième réunion de l’Assemblée se tient ce mois-ci à Nairobi, au Kenya, au siège du Pnue, qui accueille les secrétariats de plusieurs douzaines d’accords, de conventions régionales et de groupes scientifiques. Cette année, nous invitons tous les acteurs chargés de l’environnement à se réunir et à trouver de nouvelles façons de travailler, ensemble, à la réalisation d’un objectif commun.
Je ne prétends pas que ce sera simple. Il existe des dizaines d’organismes, couvrant des centaines d’objectifs et de cibles. L’Accord de Paris vise à contenir la hausse des températures mondiales à un niveau nettement inférieur 2°C et même, si possible, à 1,5°C. Le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal porte sur la protection, la réhabilitation et la gestion durable des terres, des océans, des zones côtières et des eaux intérieures de la planète. La Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification aspire à imposer la neutralité en matière de dégradation des sols. Le Protocole de Montréal continue de protéger la couche d’ozone et contribue à l’action climatique.
Nous avons conclu d’autres accords pour couvrir d’autres domaines, qu’il s’agisse de la protection des espèces ou encore de la protection de l’humanité et de la planète contre les produits chimiques et les déchets nocifs. Un nouvel instrument visant à mettre fin à la pollution plastique est en cours de finalisation. Entre-temps, les nations se mobiliseront, lors de l’UNEA-6, et proposeront de nouvelles solutions pour s’attaquer à cette triple crise.
Avec toutes ces activités en cours, nous avons parfois l’impression que nous nous trouvons tous dans un même bateau qui se dirige vers le même port, avec des dizaines de timoneries différentes reliées à des gouvernails différents. Nous ne prenons pas le chemin le plus rapide et le plus direct pour arriver à destination.
À l’occasion de l’UNEA-6, chacun devra s’efforcer de trouver de nouvelles façons de coordonner les timoneries, d’apprendre les uns des autres, de tirer les leçons du passé. Et de tenir les nombreux engagements qui permettront à la planète et à l’humanité de recouvrer leur intégrité et leur santé.
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