Maroc : les contestataires manifestent dimanche malgré l’annonce de réformes

Le mouvement contestataire qui revendique des changements politiques profonds au Maroc a appelé à manifester dimanche, jugeant insuffisantes les réformes de la constitution annoncées par le roi Mohammed VI.

Le Mouvement du 20 février manifestera dimanche pour obtenir une monarchie constitutionnelle. © AFP

Le Mouvement du 20 février manifestera dimanche pour obtenir une monarchie constitutionnelle. © AFP

Publié le 18 juin 2011 Lecture : 3 minutes.

Le souverain avait promis en mars dernier des réformes politiques importantes pour répondre aux manifestations qui se déroulent au Maroc depuis le mois de février, à l’instar –mais, sans violences– de ce qui s’est passé dans d’autres pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.

Dans un discours à la nation, il a présenté vendredi soir son projet de réformes constitutionnelles, qui doit être soumis à référendum dans deux semaines, le 1er juillet.
"Le projet tel qu’il a été proposé par le roi hier ne répond pas à nos revendications pour une véritable séparation des pouvoirs. Nous protesterons pacifiquement dimanche contre ce projet", a déclaré samedi à l’AFP Najib Chaouki, l’un des membres de la section de Rabat du Mouvement du 20 février.

la suite après cette publicité

Ce Mouvement de jeunes revendique des réformes politiques profondes et une monarchie parlementaire et manifeste régulièrement dans la rue depuis cette date.
"Les coordinations nationales (du Mouvement) ont appelé à manifester dimanche pour une constitution véritablement démocratique et une monarchie parlementaire", a-t-il ajouté.

Des manifestations sont prévues notamment à Rabat, Casablanca, Tanger (nord), Marrakech (sud) et Fès (centre), précise la page Facebook du Mouvement, qui compte plus de 60.000 membres.

"Ce projet de constitution ne change pas grand chose par rapport au texte actuel", a déclaré pour sa part Mina Bouchkioua, enseignante et membre du Mouvement à Rabat.

Promesses tenues

la suite après cette publicité

Les islamistes représentés au Parlement ont de leur côté réservé leur réponse tout en notant des progrès.

"Comparé à l’actuelle constitution, ce projet est une avancée importante. Tout ce que le roi a promis dans son discours du 9 mars a été tenu", a déclaré samedi à l’AFP Saad Eddine Othmani, député et l’un des dirigeants du parti islamiste Justice et développement (PJD), de l’opposition parlementaire.

la suite après cette publicité

"Mais est-ce que cette avancée est suffisante? C’est ce que nous allons discuter aujourd’hui (samedi) au sein de notre parti", a ajouté M. Othmani.
La majorité s’est félicitée comme prévu du discours royal.

"Le Maroc rentre dans une nouvelle phase constitutionnelle. Ce projet permettra d’édifier un Etat démocratique moderne", a souligné Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS, coalition gouvernementale).

"Ce texte permet une clarification et une séparation des pouvoirs à côté d’un rôle religieux (du roi) séparé du rôle politique, ce qui est important", selon M. Benabdallah.
Le Mouvement des jeunes reproche au projet de ne pas aller assez loin, notamment sur le plan religieux.

Le roi est toujours le Commandeur de Croyants et il se voit confirmé comme la seule autorité religieuse du royaume. Par ailleurs, le Conseil supérieur des Oulémas (théologiens officiels), la plus haute instance religieuse présidée par le monarque, est mentionnée pour la première fois dans un texte constitutionnel.

Atteinte au principe de séparation des pouvoirs

Sur le plan politique, le roi préside toujours le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et les jugements sont prononcés en son nom, comme dans l’actuelle constitution. Cette disposition est considérée par les opposants au projet comme une atteinte au principe de séparation des pouvoirs.

Le souverain roi reste aussi un acteur important du pouvoir exécutif, puisqu’il préside le conseil ministériel, au sein duquel les grandes stratégies de l’Etat sont déterminées, selon le nouveau projet.

Il demeure également chef des armées et présidera un "Conseil supérieur de sécurité" qui aura pour mission de "gérer les questions sécuritaires internes, structurelles et imprévues" dans un pays frappé fin avril par un attentat meurtrier à Marrakech.

 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires