L’Afrique du Sud au secours de la Palestine : engagement moral ou calcul politique ?

Au-delà de son engagement historique en faveur de la cause palestinienne, Pretoria est également motivé par des buts politiques. Décryptage en vidéo.

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Publié le 22 février 2024 Lecture : 2 minutes.

« Notre liberté est incomplète sans celle des Palestiniens. » Ces mots, prononcés en 1997 par Nelson Mandela, résonnent avec l’actualité. Depuis la guerre menée par Israël à Gaza, après les attaques perpétrées par le Hamas en octobre 2023, le soutien historique de l’Afrique du Sud à la cause palestinienne a pris un nouveau tournant.

En décembre 2023, c’est sur le front du droit que Pretoria a décidé de dénoncer des « actes et omissions d’Israël » qui, selon le gouvernement, « revêtent un caractère génocidaire ». En saisissant la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction onusienne, basée à La Haye, le pays prouve une nouvelle fois son engagement historique en faveur de la Palestine.

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Les Palestiniens, des citoyens de seconde zone

Après avoir remporté une victoire symbolique, fin janvier, en obtenant de la cour qu’elle exige d’Israël de « prévenir et punir » toute « incitation au génocide », la requête additionnelle déposée le 12 février – dans laquelle l’Afrique du Sud demandait de prendre des mesures d’urgence concernant l’intention de l’État hébreu de lancer une offensive terrestre à Rafah – a été rejetée. La cour a en effet estimé qu’Israël devait respecter les mesures provisoires déjà indiquées dans son ordonnance du 26 janvier – auxquelles l’État hébreu n’a pas répondu malgré la requête de la cour, qui lui demandait un retour sous trente jours.

La posture propalestinienne de Pretoria, adoptée par une large frange de l’opinion publique et par le pouvoir en place, n’est pas nouvelle. « L’ANC [Congrès national africain] et le gouvernement sud-africain parlent d’une situation d’apartheid des Palestiniens depuis longtemps, explique Liesl Louw-Vaudran, chercheuse à l’International Crisis Group. Cela fait référence [au fait que] les Palestiniens sont traités comme des citoyens de seconde zone et ne sont pas acceptés en Israël. Et puis ce cantonnement à Gaza et en Cisjordanie crée [cet effet] comparaison. »

L’ANC « marque des points » sur la scène internationale

Au-delà du soutien indéfectible de Pretoria à la cause palestinienne, la bataille juridique engagée contre Israël permet également à l’ANC de « [marquer] des points en politique intérieure », selon le politologue Daniel Silke. Le parti au pouvoir depuis 1994 est dans une position inconfortable : il pourrait perdre pour la première fois sa majorité absolue au Parlement lors des élections générales du 29 mai. « Cette plainte a eu un effet bénéfique sur la réputation de Pretoria sur la scène internationale », poursuit Liesl Louw-Vaudran dans le décryptage vidéo que nous consacrons à ce sujet.

Le positionnement de l’Afrique du Sud a d’ailleurs été salué par le président sortant de l’Union africaine (UA), le Comorien Azali Assoumani, lors du sommet de l’UA qui s’est achevé le 18 février. Par la voix du président de sa Commission, Moussa Faki Mahamat, l’institution a fermement condamné les actes d’Israël envers le peuple palestinien à Gaza, « presque exterminé, […] humilié dans sa dignité, et spolié de tous ses droits ». Des paroles suivies d’actes puisqu’Israël s’est vu retirer son statut d’observateur lors de cette grand-messe annuelle.

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