Libye : les hélicoptères de l’Otan entrent en scène

Des hélicoptères de combat de l’Otan sont pour la première fois entrés en action samedi en Libye. Au même moment, le Congrès américain exhorte Barack Obama de s’expliquer sur les opérations militaires en cours.

Un rebelle libyen en faction dans une rue de Benghazi, avant un rassemblement pour la prière du ven © AFP

Un rebelle libyen en faction dans une rue de Benghazi, avant un rassemblement pour la prière du ven © AFP

Publié le 4 juin 2011 Lecture : 4 minutes.

Des hélicoptères de l’armée française de type Tigre et Gazelle ont participé dans la nuit de vendredi à samedi aux frappes de l’Otan, en coopération avec des hélicoptères britanniques, a annoncé samedi matin à Paris l’état-major des armées.

De leurs côtés, les rebelles libyens ont enregistré un nouveau succès diplomatique avec la rencontre entre le président du CNT, leur organe politique, et un diplomate chinois. "Des hélicoptères de combat sous commandement de l’Otan ont été utilisés pour la première fois le 4 juin (samedi) dans des opérations militaires au-dessus de la Libye, dans le cadre de l’opération +Protecteur unifié+", a indiqué l’alliance atlantique dans un communiqué publié samedi à l’aube.

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"Parmi les cibles frappées figuraient des véhicules militaires, des équipements militaires et des forces" de l’armée du régime de Mouammar Kadhafi, a précisé le communiqué, sans indiquer où ces frappes ont eu lieu. Des hélicoptères Apache britanniques ont participé à ces attaques aériennes, a indiqué à Londres le ministère de la Défense, sans fournir d’autres précisions sur leur nombre ou les cibles visées.

Tigre et Tonnerre

Londres, qui participe depuis le 19 mars aux opérations de la coalition internationale en Libye, avait annoncé fin mai l’envoi de quatre de ses hélicoptères de combat et leur déploiement depuis le navire HMS Ocean, un porte-hélicoptères positionné au large de la côte nord-africaine.

Des responsables militaires de l’Otan avaient précisé que les Français ont quant à eux fourni quatre Tigre embarqués sur le porte-hélicoptères Tonnerre. "Ce succès démontre les possibilités uniques offertes par le recours à des hélicoptères de combat", a estimé dans le communiqué le général Charles Bouchard, commandant en chef de l’opération de l’Otan en Libye.

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Ce recours permet à l’Otan de disposer d’une "flexibilité supplémentaire pour repérer et s’attaquer aux forces pro-Kadhafi qui ciblent délibérément les civils et cherchent à se cacher dans des zones habitées", explique le communiqué.

La résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies n’autorise pas l’envoi de troupes en Libye, mais seulement l’utilisation de tous moyens propres à empêcher les armées en présence de faire du tort aux civils. L’ambassadeur de Chine à Doha, Zhang Zhiliang, a rencontré ces derniers jours Moustapha Abdeljalil, président du Conseil national de transition (CNT), a annoncé vendredi le porte-parole de la diplomatie chinoise, Hong Lei.

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Rapprochement sino-libyen

Les deux parties ont procédé à un échange de vues sur la situation en Libye", a déclaré M. Hong, répétant que Pékin espérait que la crise pourrait "être résolue par des moyens politiques et que l’avenir de la Libye (serait) décidé par le peuple Libyen". Membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU avec droit de veto, la Chine s’était abstenue lors du vote en mars ouvrant la voie à des frappes aériennes contre la Libye et a depuis appelé maintes fois à un cessez-le-feu.

La Russie avait adopté une position similaire lors du vote à l’ONU, mais elle s’est depuis résolue à réclamer comme les Occidentaux le départ du colonel Kadhafi. En dépit de ces appels, des multiples défections de dirigeants politiques et militaires et des raids quotidiens des avions de l’Otan, le Guide libyen refuse d’abandonner un pouvoir qu’il détient depuis près de 42 ans. "Nous voulons Kadhafi et sa famille hors de Libye!", lançait encore vendredi place de la Révolution à Benghazi le vice-président du CNT.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, Tripoli a été à nouveau bombardé par les chasseurs de l’Otan, en particulier le secteur de la résidence du colonel Kadhafi. Mais plus de deux mois après le début le 19 mars des opérations, chapeautées depuis le 31 mars par l’Alliance atlantique, les élus de la Chambre des représentants américaine, dont beaucoup sont furieux de ne pas avoir été consultés par Barack Obama sur l’intervention militaire en Libye, ont voté vendredi pour exiger des explications du président.

La Chambre a adopté une résolution demandant au président de présenter dans les 14 jours un rapport détaillé sur l’intervention de Washington, mais rejeté une deuxième résolution qui demandait le retrait des forces américaines de la coalition internationale. La résolution doit encore franchir le cap du Sénat, où les élus devraient voter dans les jours qui suivent sur une résolution de soutien à une intervention américaine "limitée" en Libye.

L’Otan joue les prolongations

Face à la résistance du régime du colonel Kadhafi, le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a annoncé mercredi une prolongation pour trois mois de la mission de l’Alliance en Libye, prévue initialement jusqu’à fin juin.

Lancée à la mi-février dans la foulée des soulèvements en Tunisie et Egypte voisines, l’insurrection libyenne et sa répression par le régime a fait entre "10.000 et 15.000 morts", selon une compilation de l’ONU. Paris a salué vendredi le rapport des Nations unies sur la Libye qui "confirme l’extrême gravité des violations des droits de l’Homme" commises par le régime libyen, tout en notant les "préoccupations" sur l’opposition.

Au bilan des combats s’ajoute la catastrophe humanitaire, avec encore quelque 200 migrants africains et asiatiques morts noyés jeudi alors qu’ils tentaient de gagner l’Italie. Près de 600 migrants ont pu être secourus du bateau de pêche en perdition et 400 d’entre eux devaient être transférés dans un camp de réfugiés, selon l’Organisation internationale des migrations.

Plus de 890.000 personnes, essentiellement des travailleurs migrants, ont fui les violences en Libye, et 1.200 sont mortes ou portées disparues après avoir tenté de rejoindre l’Europe en bateau, selon l’ONU. Les États-Unis ont par ailleurs critiqué l’attitude du Qatar, qui a expulsé vers la Libye une Libyenne qui accuse des hommes du régime Kadhafi de l’avoir violée, se disant "très déçus".

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