Ces clichés montrent les destructions délibérées et étendues ainsi que l’appropriation de propriétés sans aucune justification ou nécessité militaire, selon un communiqué du projet Sentinelle.

Un tiers des maisons et des structures civiles dans la ville ont été rasées, alors qu’un pont reliant le nord au sud de la région a été volontairement détruit, précise ce communiqué.

« Toutes les preuves collectées par satellite et les sources sur le terrain indiquent qu’il s’agit d’un nettoyage ethnique soutenu par l’État (soudanais) dans la plus grande partie de la région d’Abyei », assure le projet Sentinelle.

Basé aux États-Unis, le Satellite Sentinel Project est financé notamment par l’acteur américain George Clooney dans le but de surveiller l’émergence de violences après le référendum sur l’indépendance du Sud Soudan organisé en janvier.

« Nous disposons désormais des preuves indéniables des crimes de guerre commis à Abyei par le régime de Khartoum », a commenté l’acteur, cité par le communiqué.

Le gouvernement du Soudan a commis de graves violations des conventions de Genève et d’autres crimes de guerre, dont certaines pourraient même constituer des crimes contre l’humanité, toujours selon le projet Sentinelle.

Déploiement militaire, pillages, destructions…

Ces nouvelles images montrent notamment le déploiement dans Abyei d’au moins dix chars des SAF (Forces armées du Soudan, nordiste) de modèle T-55 ou T-64, trois pièces d’artillerie mobiles, des équipements de transports, des camions et des véhicules d’infanterie…

Des pillages étendus, des débris et les destructions de propriété sont visibles, dont le saccage d’un stock du Programme alimentaire mondial (PAM), toujours selon Sentinelle.

Le projet confirme par ailleurs la destruction du Pont Banton sur la rivière Bahr al-Arab (ou Kiir selon sa dénomination sudiste), ce qui correspond aux informations selon lesquelles les SAF ont fait exploser ce pont.

Mardi, l’organisation avait déjà présenté des images satellite montrant des attaques par des véhicules blindés et la destruction de villages, voyant dans ces clichés des preuves documentées de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité à Abyei.

Le 21 mai, l’armée du Nord avait pris le contrôle de la ville d’Abyei et s’était déployée jusqu’à plusieurs kilomètres plus au sud, en violation des accords de paix qui avaient mis fin en 2005 à la guerre civile entre le Nord musulman et le Sud chrétien.

Cette avancée a provoqué la fuite vers le sud, en zone sous contrôle de l’armée sudiste, de 30 000 à 40 000 déplacés – en majorité des Sudistes de la tribu Dinka Ngok – dont beaucoup restent cachés dans la brousse par peur des bombardements aériens nordistes, selon l’ONU.

Abyei est désormais une ville fantôme, où seuls sont présents les SAF et les milices Misseriya, indiquait vendredi l’ONU, faisant état de nombreux pillages par ces forces nordistes.