Libye : l’Union européenne prend ses quartiers à Benghazi

La Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, s’est rendue à Benghazi pour apporter son soutien aux rebelles libyens et pour inaugurer une représentation européenne sur place.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, le 12 avril 2011 à Luxembourg. © AFP

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, le 12 avril 2011 à Luxembourg. © AFP

Publié le 22 mai 2011 Lecture : 3 minutes.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a promis dimanche 22 mai aux rebelles libyens que les Vingt-Sept les soutiendraient aussi longtemps que souhaité, lors d’une visite à Benghazi, dans l’Est de la Libye, où elle devait inaugurer une représentation de l’UE.

« Nous voulons soutenir [la rébellion] pas seulement maintenant, mais aussi longtemps que le peuple de Libye souhaitera que nous soyons là », a déclaré Mme Ashton lors d’une conférence de presse commune avec le président du Conseil national de transition (CNT), instance dirigeante de la rébellion, Moustapha Abdeljalil.

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La Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères est la plus importante dignitaire étrangère à se rendre à Benghazi depuis que cette ville est devenue la « capitale » de la rébellion libyenne lancée il y a plus de trois mois.

Avant elle, les rebelles avaient reçu la visite du ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, et du sénateur américain John McCain. Une délégation de chefs d’État africains s’est aussi rendue le 12 avril à Benghazi dans le cadre d’une mission de médiation de l’Union africaine (UA).

« Je suis très fière, au nom des 27 pays de l’Union européenne, d’être ici aujourd’hui pour offrir notre soutien », a déclaré Mme Ashton après un entretien avec M. Abdeljalil.

Soutien croissant

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L’Union européenne, qui devait inaugurer dans l’après-midi un bureau de représentation à Benghazi, souhaite aider les Libyens dans les secteurs « des réformes sécuritaires, de l’économie, de la santé, de l’éducation, et bien sûr de la société civile », a souligné Mme Ashton.

M. Abdeljalil a salué pour sa part le « soutien croissant » des Européens depuis le début de l’insurrection. « Nous souhaitons le soutien de l’Union européenne pour sécuriser notre frontière sud », a-t-il ajouté.

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Dès son arrivée à Benghazi, Mme Ashton s’est rendue sur la place centrale, sur le front de mer, épicentre de la contestation contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi, où elle a été acclamée.

« J’ai vu la vision [des rebelles] sur des affiches sur la route de l’aéroport : "We have a dream" [Nous avons un rêve] », a raconté Mme Ashton.

La présence d’une représentation européenne dans la « capitale » rebelle ne signifie toutefois pas que Bruxelles reconnaît le CNT comme unique interlocuteur légitime en Libye. Si le Parlement européen plaide depuis longtemps en ce sens, seuls la France, le Qatar, l’Italie, la Gambie et le Royaume-Uni l’ont fait.

Cela représente néanmoins une victoire de plus pour les opposants au régime du colonel Mouammar Kadhafi, qui multiplient les initiatives diplomatiques pour asseoir leur légitimité internationale.

Le numéro deux de la rébellion, Mahmoud Jibril, a ainsi été reçu la semaine dernière à Washington et Paris. Et Moscou a annoncé samedi qu’un représentant du CNT rencontrerait lundi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Un centre de commandement bombardé à Tripoli

Dans le même temps, l’Otan a poursuivi ses raids contre les forces militaires du régime de M. Kadhafi. Dimanche, l’Alliance atlantique a annoncé avoir touché la veille un centre de commandement à Tripoli et un autre près de la capitale, un bateau à Syrte et deux véhicules militaires près de Zenten (ouest).

Un responsable libyen a pour sa part indiqué que les bombardements menés par l’Otan dans la nuit de samedi à dimanche avaient visé le port de Tripoli et la résidence du colonel Kadhafi, près du centre de la capitale.

Depuis vendredi, au moins neuf navires libyens ont été détruits par la coalition internationale, qui a accusé les pro-Kadhafi d’utiliser ces bateaux pour attaquer des civils.

Le régime a en revanche dénoncé un "siège maritime", assurant que l’Otan interdisant à tous ses bateaux de naviguer depuis le 25 mars.

En cherchant à couper les chaînes de ravitaillement des forces pro-Kadhafi, l’Otan a aussi provoqué depuis plusieurs semaines une pénurie de carburant qui crée des tensions dans l’ouest du pays, majoritairement contrôlé par le régime.

Samedi, un bus officiel transportant trois journalistes étrangers a été pris à partie par une foule en colère à l’entrée de la ville de Zouara, à 100 km à l’ouest de Tripoli, quand une journaliste de télévision chinoise a sorti une caméra pour filmer une longue file d’attente devant une station service.

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