Prison ferme pour le blogueur marocain Mohamed Reda Taoujni
Le youtubeur Mohamed Reda Taoujni a été reconnu coupable d’« outrage à un fonctionnaire public » et de « diffamation ». On lui reprochait de s’être interrogé, dans ses vidéos, sur les éventuels liens entre un ministre et le scandale du « Pablo Escobar du Sahara ».
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 23 février 2024 Lecture : 2 minutes.
L’affaire du « Pablo Escobar du Sahara » secoue actuellement tout le Maroc et sa classe politique. Il faut dire que les charges sont lourdes : on parle de présumées « détention, commercialisation et exportation de drogues » et « corruption », accusations qui concernent, en premier lieu, « le Malien » El Hadj Ahmed Ben Ibrahim.
Si celui-ci purge déjà une peine de dix ans d’emprisonnement pour une affaire de trafic international de stupéfiants, une enquête continue et concerne au total 25 personnes, dont 20 incarcérées. Le blogueur Mohamed Reda Taoujni vient, à son tour, de subir les conséquences collatérales du très médiatisé scandale…
Deux élus et un ministre
Parmi les personnes ciblées par la justice, dans le volet narcotique, figurent deux élus placés en détention depuis le 22 décembre : Saïd Naciri, président du Conseil préfectoral de Casablanca et ancien dirigeant du club de football Wydad Casablanca, et Abdenbi Biioui, président du Conseil régional de l’Oriental.
Les deux hommes étant membres de la formation politique du ministre de la Justice – le Parti authenticité et modernité (PAM) –, Mohamed Reda Taoujni s’est interrogé, en vidéo, sur d’éventuels liens de celui-ci, Abdellatif Ouahbi, avec le dossier…
Sur sa chaîne YouTube, le vidéaste se présente comme un « militant associatif marocain » qui diffuse ses « opinions sur divers sujets » et « espère rester le plus longtemps possible en liberté ». Après avoir mis à l’index deux fois le membre du gouvernement chargé de la Justice, il a fait l’objet de deux plaintes…
D’autres plaintes déposées
Arrêté la semaine dernière à Agadir et mis sous écrou à la prison d’Ait Melloul, il vient d’être condamné, ce mercredi, à deux ans de prison ferme, assortis d’une amende de 20 000 dirhams (1 810 euros) et du paiement d’un dirham symbolique en guise de compensation au plaignant. Le Tribunal de première instance d’Agadir a retenu l’« outrage à un fonctionnaire public » et la « diffamation », non sans évoquer la « récidive », l’« usurpation d’identité d’une profession réglementée par la loi » et « l’enregistrement et la diffusion d’images d’une personne sans son consentement ».
L’avocat du youtubeur qualifie la peine de « sévère et inéquitable ». La page Facebook de Taoujni présente une bouche bâillonnée…
Quant aux affaires de narcotrafic, elles font grincer de plus en plus de dents au Royaume chérifien, qui n’avait encore jamais vu des figures politiques d’aussi haut rang être soupçonnées de complicité. Conscient du caractère délétère de la moindre allusion publique dans ce domaine, le ministre de la Justice aurait également porté plainte contre trois journalistes. Tandis que le roi lui-même a appelé publiquement à une moralisation de la vie parlementaire.
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