Libye : le numéro 2 de la rébellion à Paris, un émissaire de l’ONU à Tripoli

En quête d’argent et d’armes, le numéro 2 de la rébellion libyenne Mahmoud Jibril a poursuivi sa tournée internationale par une visite samedi à Paris où il a rencontré le président français Nicolas Sarkozy, qui souhaite organiser une « conférence des amis de la Libye ». Pendant ce temps, l’envoyé spécial de l’ONU, Adbel-Elah al-Khatib, a annoncé qu’il se rendrait dimanche à Tripoli

Nicolas Sarkozy et François Fillon accueille sur le perron de l’Elysée Mahmoud Jibril, le 14 mai © AFP

Nicolas Sarkozy et François Fillon accueille sur le perron de l’Elysée Mahmoud Jibril, le 14 mai © AFP

Publié le 14 mai 2011 Lecture : 4 minutes.

Nicolas Sarkozy et Mahmoud Jibril, le numéro 2 de la rébellion, se sont entretenus de la situation en Libye et du "processus de transition démocratique", a constaté une journaliste de l’AFP. Nicolas Sarkozy a reconduit son hôte sur le perron de l’Elysée à l’issue d’un entretien de trois quarts d’heure. Le Premier ministre François Fillon était également présent.

C’est la deuxième fois que M. Jibril est reçu par M. Sarkozy. Le 10 mars, il avait déjà été accueilli à l’Elysée avec deux autres membres du Conseil national de transition (CNT) libyen. La France avait officiellement reconnu à cette occasion le CNT comme "représentant légitime du peuple libyen" et avait décidé d’envoyer un ambassadeur à Benghazi, le siège de la contestation au colonel Kadhafi, à un millier de kilomètres à l’est de Tripoli.

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Depuis, quatre autres pays ont reconnu le CNT comme interlocuteur légitime: l’Italie, le Qatar, la Gambie et la Grande-Bretagne. M. Jibril a été reçu vendredi à Washington, qui, sans reconnaître diplomatiquement la rébellion libyenne, l’a toutefois jugée "légitime et crédible".

Intensification de la pression militaire

Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, a appelé à intensifier la pression militaire sur le régime du colonel Mouammar Kadhafi, dans un entretien publié samedi par le quotidien arabe Al-Hayat. "Compte-tenu de la personnalité de Kadhafi, il ne comprendra que cela, c’est-à-dire la force", a-t-il déclaré dans un entretien publié samedi par le quotidien arabe Al-Hayat.

Dopés par des succès sur le terrain à Misrata (ouest), les dirigeants de la rébellion multiplient les visites dans les capitales occidentales pour réclamer de l’argent. A Washington, M. Jibril a répété vendredi que la rébellion faisait "face à un problème financier très aigu" et avait besoin de 3 milliards de dollars dans les mois à venir.

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"Il faut voir ce que l’on peut mobiliser au niveau national – c’est en cours d’analyse – et voir comment utiliser les fonds gelés de Kadhafi. Il faut une action collective", estimait la même source à Paris. Le groupe de contact sur la Libye a décidé la semaine dernière à Rome de créer un "fonds spécial" pour aider les rebelles et s’est penché sur l’utilisation des fonds gelés de Mouammar Kadhafi et de ses proches estimés à 60 milliards de dollars dans le monde dont environ 30 aux Etats-Unis.

De source proche de l’administration Obama, Washington pourrait verser à court terme plus de 150 millions de dollars aux rebelles. Après l’annonce de la participation des Etats-Unis, la France "définira aussi" la hauteur de ses apports prochainement, avait indiqué la semaine dernière M. Juppé.
Les dirigeants libyen continuent aussi de réclamer des armes pour les insurgés, comme l’a fait jeudi à Londres le président du CNT Moustapha Abdeljalil.

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Comme l’Italie et la Grande-Bretagne, la France a annoncé en avril l’envoi d’officiers de liaisons auprès de la rébellion libyenne à Benghazi (fief des insurgés, est). Rome va fournir des armes "d’auto-défense" aux insurgés, selon des sources diplomatiques italiennes. Mais "ce n’est pas l’intention du gouvernement français de délivrer des armes à qui que ce soit à cet instant", a répété lundi le ministre de la Défense Gérard Longuet.

La Grèce au centre du dialogue

Par ailleurs, pendant que Mahmoud Jibril rencontrait Nicolas Sarkozy, l’envoyé spécial de l’ONU, Adbel-Elah al-Khatib, a annoncé qu’il se rendrait dimanche à Tripoli, lors d’une visite samedi à Athènes et à l’issue de ses entretiens avec le ministre grec des Affaires étrangères Dimitris Droutsas. "Je remercie la Grèce pour son soutien à mon voyage demain à Tripoli", a déclaré M. Khatib.

M. Droutsas a indiqué que la Grèce allait contribuer à ce voyage important de l’émissaire de l’ONU à Tripoli.
"Depuis le début du conflit, la Grèce a soutenu une solution diplomatique", a souligné M. Droutsas. M. Khatib doit arriver dimanche à Tripoli à bord d’un avion militaire grec, a indiqué une source du ministère grec des Affaires étrangères. Auparavant, l’envoyé spécial de l’ONU devait s’entretenir samedi soir avec le Premier ministre grec Georges Papandréou dans la banlieue d’Athènes.

Mercredi, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait déclaré à Genève avoir parlé au téléphone avec le Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi pour l’encourager à poursuivre le dialogue politique et pour appeler les autorités à cesser d’attaquer les civils et à mettre fin aux combats à Misrata et ailleurs. "M. Mahmoudi a accepté de recevoir mon envoyé, M. Khatib, à qui j’ai demandé de se rendre à Tripoli le plus rapidement possible", avait ajouté M. Ban.

La Grèce, qui a accueilli par deux fois des émissaires du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, n’a jusque là pas reconnu le Conseil national de transition (CNT, organe politique de la rébellion). M. Droutsas a réitéré qu’un bateau d’aide humanitaire serait envoyé aux insurgés libyens la semaine prochaine et qu’une petite équipe serait chargée d’établir le contact avec la rébellion. Cette annonce a été faite par le ministère grec des Affaires étrangères le 5 mai. Le bateau doit gagner le bastion insurgé de Benghazi, dans l’est de la Libye, transportant de l’aide humanitaire et une petite équipe pour assurer les contacts avec les opposants au régime libyen, a précisé M. Droutsas.

Mission sans calendrier

Il n’a fourni aucun calendrier pour cette mission, dont le principe a été annoncé par la Grèce lors d’une réunion à Rome du Groupe de contact sur la Libye. Membre de l’Otan, la Grèce a mis à disposition de l’Alliance la base aérienne de Souda, sur l’île de Crète, et d’autres installations militaires pour les opérations au-dessus de la Libye, sans toutefois participer aux opérations avec l’envoi de militaires.

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