Égypte : Mme Moubarak « victime d’une crise cardiaque » avant d’être placée en détention

L’épouse de l’ex-président Hosni Moubarak, Suzanne Thabet, a été hospitalisée vendredi, victime d’une crise cardiaque, quelques heures après avoir été placée, pour la première fois, en détention préventive dans le cadre de l’enquête sur sa fortune. Un scénario qui rappelle celui de son mari.

Hosni Moubarak et son épouse Suzanne au Caire, le 20 janvier 2006. © AFP

Hosni Moubarak et son épouse Suzanne au Caire, le 20 janvier 2006. © AFP

Publié le 14 mai 2011 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour à 20 heures.

"Suzanne Thabet a été admise [vendredi, NDLR] dans une unité de soins intensifs à l’hôpital de Charm el-Cheikh après avoir été victime d’une crise cardiaque", a indiqué la télévision d’Etat. Mohammed Fathallah, chef de l’établissement, a déclaré que Mme Moubarak avait été hospitalisée sur des "soupçons de crise cardiaque et de pression artérielle aiguë". Elle sera "maintenue sous observation", a-t-il indiqué dans un communiqué. Il a ensuite indiqué à l’agence Mena que l’ex-Première dame avait brièvement perdu connaissance en apprenant qu’elle allait être détenue, mais les premiers tests révèlent que "son état est stable".

la suite après cette publicité

"Sa santé s’améliore, elle est stable et Mme Moubarak est sous contrôle policier", a déclaré samedi le le ministre égyptien de la Santé, Achraf Hatem, cité par l’agence officielle Mena, sans toutefois donner d’indication sur son transfert en prison. L’hospitalisation de Mme Moubarak était intervenue peu après la décision du département des gains illicites du ministère de la Justice de "placer Suzanne Thabet Saleh (…) en détention pendant 15 jours pour les besoins de l’enquête".

Vivats et youyou

L’annonce de la mise en détention provisoire de l’ex Première dame avait été saluée vendredi par plusieurs milliers de manifestants rassemblés sur la symbolique place Tahrir, dans le centre du Caire, pour appeler à l’unité entre chrétiens et musulmans. La foule a lancé des vivats tandis que des femmes poussaient des youyous. Mme Moubarak est accusée de s’être illégalement enrichie en abusant de la position de son mari.

Le chef de la sécurité du Sud-Sinaï, Mohammed al-Khatib, cité par la Mena a annoncé dans la journée que l’ex-première dame allait être transférée vers la prison pour femmes de Qanater, près de la capitale.

la suite après cette publicité

Mme Moubarak et son époux ont été interrogés jeudi dans le cadre d’une enquête pour enrichissement illégal par une équipe du département des gains illicites à Charm el-Cheikh, où l’ancien chef d’Etat s’est réfugié après sa démission sous la pression populaire le 11 février.

Selon la Mena, les époux Moubarak ont signé pendant leur interrogatoire des décharges en arabe, anglais et français levant le secret sur leurs comptes bancaires en Egypte et à l’étranger.

la suite après cette publicité

C’était la première fois que les Moubarak étaient interrogés par cette section du ministère de la Justice, qui cherche des "preuves qu’ils ont abusé de leur position pour s’enrichir illégalement".

Couple cardiaque…

M. Moubarak, 83 ans, est soigné depuis le 12 avril à l’hôpital de Charm el-Cheikh après avoir eu un malaise cardiaque pendant un interrogatoire.

Chassé du pouvoir le 11 février par une révolte populaire, il a été placé le 13 avril en détention dans cet hôpital dans le cadre d’une enquête pour corruption ainsi que pour la répression meurtrière des manifestations qui réclamaient son départ.

Mardi, la justice a prolongé, pour la deuxième fois en 15 jours, sa détention préventive. Jeudi soir, le département des gains illicites a ordonné qu’il soit détenu pour 15 jours, qui viendront s’ajouter à sa période de détention actuelle, pour enrichissement illégal.

Selon un bilan officiel, 846 civils sont morts dans les manifestations de janvier et février et plus de 6.000 personnes ont été blessées. Un membre de la commission d’enquête sur la répression a indiqué que l’ex-président était complice de ces violences.

Les deux fils de Hosni Moubarak, Gamal et Alaa, sont incarcérés à la prison de Tora au Caire dans le cadre d’enquêtes pour corruption et sur la répression des manifestations.

Les époux Moubarak, leurs fils et les épouses de ces derniers ont interdiction de quitter l’Egypte, leurs avoirs dans le pays ont été gelés.

Avant la révolte, Gamal était considéré comme le successeur désigné de son père, tandis qu’Alaa se concentrait sur les affaires.

Depuis la chute de M. Moubarak, deux anciens ministres, celui du Tourisme Zoheir Garranah et celui de l’Intérieur Habib el-Adli, ont été condamnés pour corruption. Le premier a écopé de 5 ans de prison, le second de 12 ans.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires