Les Marocains manifestent contre le terrorisme et pour les avancées démocratiques

De crainte que l’attentat de la semaine dernière à Marrakech ne freine le gouvernement marocain dans sa volonté de réformes, de nombreux manifestants ont appelé à plus de démocratie, seul moyen, selon eux, de « combattre le terrorisme ».

Au cours d’une manifestation à Marrakech. © AFP

Au cours d’une manifestation à Marrakech. © AFP

Publié le 8 mai 2011 Lecture : 2 minutes.

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche 8 mai à Marrakech pour dénoncer l’attentat de la semaine dernière et réclamer que les réformes démocratiques promises au Maroc ne soient pas victimes de la lutte contre la violence.

Partis du centre de la ville ocre, les manifestants, principalement membres du Mouvement de contestation du 20 février, ont rejoint la place Jamâa El-Fna, théâtre le 28 avril de l’attentat à la bombe qui a fait 17 morts dont 13 touristes étrangers.

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Ils étaient 7.000 selon un journaliste de l’AFP et entre 2.500 et 3.000 selon le ministère de l’Intérieur.

"Non au terrorisme !", ont-ils scandé. "Un roi qui règne mais ne gouverne pas", "Pour une nouvelle constitution", "Justice sociale", "Non à la corruption", pouvait-on lire sur les pancartes.

"L’attentat ne va pas changer notre mobilisation", a dit à l’AFP Mina Bouchkioua, une enseignante, militante du Mouvement du 20 février, venue de Rabat. Elle a dénoncé "les propositions insuffisantes" formulées par le roi Mohammed VI.

Pour une séparation des pouvoirs

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Le 9 mars, après la première manifestation de contestation le 20 février (qui a donné son nom au mouvement), Mohammed VI a annoncé des réformes constitutionnelles visant notamment à renforcer le rôle du Premier ministre issu des urnes.

"Le roi ne doit pas être au centre du pouvoir et il faut séparer les pouvoirs", a estimé l’enseignante, réclamant "la démission du gouvernement", ajoutant qu’elle n’a "pas confiance dans la commission" chargée de proposer des réformes et mise en place par le roi.

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Plusieurs slogans s’attaquaient d’ailleurs à cette commission présidée par le juriste Adfeltif Menouni.

Les manifestants ont également visé deux hommes très proches du roi, Mounir Majidi, secrétaire particulier de Mohammed VI, et Fouad Ali el Himma. "Eloignez-vous de l’argent et de la politique", mentionnait une grande banderole, sous leur photo.

Ces critiques, inimaginables il y a quelques mois, étaient encore plus virulentes que lors des précédentes manifestations, les 20 février, 20 mars et 24 avril, qui ont eu lieu dans le contexte des révolutions et troubles secouant différents pays arabes.

Comme lors des précédents rendez-vous, les manifestants étaient principalement des jeunes, venus cette fois de plusieurs villes du royaume. En revanche, les islamistes étaient moins présents.

D’autres slogans dénonçaient la DGST, les renseignements marocains, en l’accusant de torture.

Démocratie contre terrorisme

"Le seul moyen de combattre le terrorisme, c’est la démocratie", ont scandé les manifestants.

"Nous sommes ici pour exprimer notre solidarité avec les habitants de Marrakech, pour demander une vraie démocratie et rejeter le pouvoir personnel", a dit à l’AFP Mohamed, un jeune homme de 25 ans venu de Beni-Mellal (200 km à l’est de Marrakech).

Les manifestants se sont dispersés dans le calme vers 13H30 GMT, après s’être arrêtés devant un commissariat place Jamâa El-Fna, pour dénoncer la torture, et devant le café Argana, visé par l’attentat.

Une manifestation était également prévue à Casablanca, en fin d’après midi.

L’attentat de Marrakech a fait craindre un coup d’arrêt à la politique d’ouverture initiée par le roi, même si dès le lendemain de l’attaque, le porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri promettait que le processus de réformes politiques ne serait pas remis en cause.

L’organisation non gouvernementale Human Rights Watch (HRW) a par exemple appelé les autorités marocaines à ne pas "bloquer" les réformes démocratiques engagées.

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