Guerre à Gaza : Israël déterminé à évacuer les civils avant son assaut sur Rafah
Sans présenter de plan précis, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a déclaré qu’il « y [avait] de la place » pour que les civils « aillent au nord de Rafah », alors que près de 1,5 million de personnes sont réfugiées dans la ville, dans le sud de la bande de Gaza.
L’armée israélienne a proposé un plan d’évacuation des civils dans la bande de Gaza, ont annoncé ce 26 février les services de Benyamin Netanyahou. Le Premier ministre israélien apparaît toujours déterminé à lancer une offensive militaire contre la ville surpeuplée de Rafah, où s’entassent, selon l’ONU, près de 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité déplacés, dans des conditions extrêmement précaires.
L’armée « a présenté au cabinet de guerre un plan pour l’évacuation des populations des zones de combat dans la bande de Gaza, ainsi que le plan d’opérations à venir », a indiqué le Bureau du Premier ministre dans un communiqué. Aucun détail n’a été fourni sur les modalités d’une évacuation ni sur les endroits d’une relocalisation.
De nombreux pays, dont les États-Unis, principal allié d’Israël, et plusieurs organisations humanitaires ont mis en garde contre une opération terrestre à Rafah. Adossée à la frontière fermée de l’Égypte, la ville est aussi un point d’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.
Alors que des pourparlers en vue d’une trêve ont repris au Qatar, Netanyahou veut mener une opération terrestre contre ce qu’il présente comme le « dernier bastion » du mouvement islamiste du Hamas. Une offensive ne serait que « retardée » si une trêve en cours de négociation était conclue, a-t-il déclaré le 25 février sur la chaîne américaine CBS. En lançant cette opération, Israël sera « à quelques semaines » d’une « victoire totale » sur le mouvement islamiste, a-t-il affirmé.
De nombreuses voix, y compris les États-Unis, principal allié d’Israël, et l’ONU, s’inquiètent du sort de la population à Rafah en cas d’offensive terrestre. « Il y a de la place » pour que les civils « aillent au nord de Rafah, dans les zones où nous avons terminé le combat », a affirmé Netanyahou sur CBS.
« Famine de masse »
Depuis le début de la guerre, la bande de Gaza, assiégée par Israël, subit une catastrophe humanitaire majeure. Selon l’ONU, 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population, sont menacées d’une « famine de masse ».
Dans la journée du 25 février, des centaines de personnes, poussées par la faim, ont fui le nord de Gaza, où 300 000 habitants risquent la famine selon l’ONU. L’aide internationale, qui entre au compte-gouttes depuis l’Égypte, est soumise au feu vert d’Israël et son acheminement vers le nord est presque impossible en raison des destructions et des combats.
Dans son communiqué, le bureau de Benyamin Netanyahou a aussi annoncé que le cabinet de guerre avait approuvé un plan de fourniture d’aide humanitaire « qui empêchera les pillages », sans plus de détails.
Des Palestiniens de Gaza ont confié ces derniers jours être forcés de manger des feuilles, du fourrage pour le bétail, voire d’abattre des animaux de trait pour se nourrir. « Dans les dix prochains jours, beaucoup de gens vont mourir. Ils mourront de faim, pas des bombardements », a déclaré un habitant, Marwan Awadieh. « Tuer notre peuple en l’affamant est un crime de génocide qui menace tout le processus de négociation », a affirmé un responsable du Hamas dans le nord de Gaza.
Une famine peut encore être « évitée » à Gaza si Israël permet aux agences humanitaires d’y faire entrer « une aide significative », a déclaré le 25 février le commissaire général de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.
Reprise des négociations pour une trêve
L’offensive israélienne lancée en représailles à l’attaque du Hamas le 7 octobre a fait 29 692 morts à Gaza, en grande majorité des civils, depuis le 7 octobre, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas. Ce dernier a annoncé le 26 février que 92 Palestiniens avaient été tués dans des frappes nocturnes. Le bureau de presse du gouvernement du Hamas a précisé que quinze membres d’une même famille avaient péri dans une maison située dans la ville de Gaza.
En parallèle, les pays médiateurs tentent d’arracher aux deux parties un compromis en vue d’une trêve. Des représentants de l’Égypte, du Qatar et des États-Unis, ainsi que d’Israël et du Hamas, ont repris le 25 février à Doha les négociations qui « seront suivies de réunions au Caire », selon une télévision proche du renseignement égyptien, AlQahera News. Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, a affirmé le même jour qu’un « terrain d’entente » a été trouvé lors d’une récente réunion, à Paris, entre des représentants d’Israël, des États-Unis, de l’Égypte et du Qatar, sur les « contours » d’un possible accord portant sur la libération des otages et sur « un cessez-le-feu temporaire ».
L’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, est par ailleurs attendu dans la capitale française le 27 ou le 28 février pour évoquer les négociations en cours avec le président Emmanuel Macron. D’après une source du Hamas, les discussions portent sur la première phase d’un plan élaboré en janvier par les médiateurs, qui prévoit une trêve de six semaines associée à la libération d’otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, ainsi que l’apport à Gaza d’une importante quantité d’aide humanitaire.
Mais pour conclure un accord, Israël exige au préalable la libération de tous les otages et a prévenu qu’une pause dans les combats ne signifiait pas la fin de la guerre. Le Hamas réclame de son côté un cessez-le-feu complet, le retrait des troupes israéliennes de Gaza, la levée du blocus imposé par Israël depuis 2007 et un abri sûr pour les centaines de milliers de civils déplacés par la guerre.
(avec AFP)
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