Une bombe télécommandée à l’origine de l’attentat de Marrakech, Al-Qaïda soupçonné

Une bombe déclenchée à distance a provoqué l’attentat de jeudi qui a fait 16 morts dont sept Français à Marrakech, a annoncé vendredi le Maroc, qui soupçonne des émules d’Al-Qaïda.

Une Marocaine et deux touristes devant le café touché par un attentat à Marrakech, le 29 avril. © AFP

Une Marocaine et deux touristes devant le café touché par un attentat à Marrakech, le 29 avril. © AFP

Publié le 30 avril 2011 Lecture : 3 minutes.

Les premiers éléments de l’enquête "ont montré que (la bombe était composée) de nitrate d’ammonium et d’explosifs TATP, ainsi que de clous, et que l’explosion a été déclenchée à distance", a déclaré devant le Parlement à Rabat le ministre marocain de l’Intérieur, Taeb Cherkaoui.

En conséquence, a-t-il souligné plus tard dans un point de presse, "l’hypothèse du kamikaze", avancée dans un premier temps, est désormais "exclue".

la suite après cette publicité

Le "style" d’Al-Qaïda

"La manière dont cet acte a été exécuté nous rappelle le style utilisé d’habitude par l’organisation Al-Qaïda", a-t-il encore dit à propos de cette attaque – la plus meurtrière depuis les attentats islamistes de mai 2003 à Casablanca – qui a visé un café du centre de Marrakech, à 350 km au sud de Rabat.

Selon des témoins, interrogés par les enquêteurs, la police dispose désormais du portrait-robot d’un suspect.

Un haut responsable de la sécurité, parlant à l’AFP sous couvert de l’anonymat, a toutefois indiqué qu’il n’y avait eu "pour l’instant aucune arrestation à la suite de cet attentat".

la suite après cette publicité

Une vidéo attribuée à l’organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), diffusée sur internet, avait menacé le Maroc trois jours avant l’attentat de Marrakech, la plus grande ville touristique du royaume chérifien.

Cette vidéo mise en ligne le 25 avril sur YouTube présente cinq jeunes gens armés et dont l’un d’eux, masqué, prend la parole pour annoncer leur détermination à défendre des personnes détenues au Maroc.

la suite après cette publicité

Treize des 16 personnes tuées dans l’attentat qui a soufflé le café Argana, sur la place Jamâa El-Fna, haut lieu du tourisme à Marrakech, ont été identifiées, à savoir sept Français, deux Canadiens, deux Marocains, un Anglais et un Néerlandais, a déclaré le ministre de l’Intérieur.

Une source médicale a pour sa part indiqué à l’AFP que les 16 morts étaient huit Français, deux Canadiens, deux Marocains, un Anglais, un Néerlandais, un Suisse et un Portugais. Mais cette information n’a pas été confirmée par les autorités marocaines.

Les derniers bilans officiels font en outre état de 26 blessés.

Paris a confirmé qu’au moins six Français figuraient au nombre des tués, et au moins sept au nombre des blessés. Les autorités françaises ont envoyé au Maroc une équipe de huit policiers pour participer à l’enquête.

"A cet instant, l’indication dont nous disposons, c’est qu’il y aurait, je le dis avec réserve, six personnes de nationalité française qui seraient décédées et sept blessées", a déclaré à la presse le ministre français de l’Intérieur, Claude Guéant.

Les autorités marocaines et françaises avaient immédiatement dénoncé un acte "terroriste", dans ce pays d’Afrique du Nord voisin de la région du Sahara où est très active Aqmi, qui s’en est déjà prise aux intérêts français.

Aqmi détient notamment quatre otages français enlevés au Niger en 2010, et a exigé le départ des troupes françaises engagées dans des opérations de l’Otan contre les talibans et les partisans d’Oussama ben Laden en Afghanistan.

Portrait-robot

L’attentat n’a pas été revendiqué, et les enquêteurs ont procédé à des interrogatoires de témoins, notamment deux touristes néerlandais qui ont décrit un homme suspect qu’ils ont vu dans le café Argana.

Les témoignages de John Van Leeuwen et de Marjolein Appel ont permis d’établir un portrait-robot, et les deux touristes ont été conduits à la morgue, mais n’y ont pas reconnu parmi les victimes l’homme croisé dans le café.

Selon des déclarations faites à l’AFP par M. Van Leeuwen, il s’agit d’un Arabe, jeune, bien rasé et aux cheveux longs.

"J’ai demandé aux enquêteurs ce matin : "Est-ce que vous pensez que c’est lui ?" et ils m’ont dit oui", a indiqué vendredi M. Van Leeuwen.

Le roi Mohammed VI a ordonné dès jeudi une enquête rapide et transparente, et a demandé que l’opinion publique soit tenue au courant de son déroulement.

Le souverain, qui a succédé à son père en 1999, fait face depuis le début de l’année à un mouvement de contestation qui exige des changements politiques dans le royaume, et il a promis d’engager des réformes démocratiques.

Le Maroc a toutefois été épargné par les troubles, et dans certains cas les violences, qui ont accompagné les appels aux changements dans d’autres pays arabes, notamment l’Egypte, la Tunisie, la Libye et la Syrie.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Le café Argana, après l’explosion, jeudi 28 avril. © AFP

Attentat à Marrakech : 14 morts et la crainte de l’acte d’un kamikaze

Contenus partenaires