La Cedeao plus indulgente envers les juntes ouest-africaines

Par realpolitik ou pour des raisons humanitaires, la Cedeao, réunie en sommet extraordinaire à Abuja, a levé une partie des sanctions qu’elle avait imposées aux régimes militaires du Niger, de la Guinée et du Mali.

© Damien Glez

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Publié le 26 février 2024 Lecture : 2 minutes.

En Afrique de l’Ouest, la situation diplomatique est si confuse que les médias étrangers semblent y perdre sinon leur latin, du moins le sens de l’arithmétique. Ce 25 février, un grand organe de presse belge annonçait ainsi que « les onze chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine » s’étaient réunis à Abuja. La Cedeao compte pourtant quinze États membres – elle s’obstine à vouloir maintenir le Mali, le Burkina Faso et le Niger dans ses rangs – tandis que l’Uemoa en compte huit.

Loin des comptes d’apothicaire vexants et définitifs, les participants à ce sommet extraordinaire entendaient discuter de « la politique, de la paix et de la sécurité dans la République du Niger », ainsi que des « récents développements dans la région ». Au lendemain de cet énième conclave, c’est l’assouplissement de certaines sanctions qui fait la une des journaux.

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Décrispation avec Tiani et Doumbouya ?

Hésitation ou sens aigu de la dramaturgie ? Les annonces ont eu lieu en deux temps. Samedi 24 février en fin de journée, à l’issue de travaux à huis clos, Omar Alieu Touray, le président de la Commission de la Cedeao, officialisait la levée d’une grande partie des mesures qui avaient été imposées au Niger à la suite du coup d’État militaire de juillet 2023 : « la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la Cedeao ; l’interdiction de tous les vols commerciaux depuis et vers le Niger ; la suspension de toutes les transactions commerciales et financières entre les États de la Cedeao et le Niger ».

Le lendemain, un communiqué précisait qu’étaient également levées « les sanctions financières et économiques à l’encontre de la République de Guinée », que dirige le colonel Mamadi Doumbouya, ainsi que « les restrictions [au] recrutement des citoyens de la République du Mali à des postes au sein des institutions de la Cedeao ».

L’obstacle Bazoum

Les juntes ouest-africaines peuvent-elles se targuer d’avoir gagné le bras de fer qui les opposait à la Cedeao ? L’organisation panafricaine affirme que la raison de sa mansuétude est avant tout d’ordre humanitaire, en particulier à l’égard du Niger, plusieurs fois en défaut de paiement sur les marchés financiers et dont 40% de la population vit dans une extrême pauvreté.

Si la Cedeao a tenu à rappeler que « des sanctions individuelles et politiques restent en vigueur », notamment en raison de la détention de l’ex-président nigérien, Mohamed Bazoum, et de son épouse, une décrispation diplomatique semble être en cours.

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L’organisation ne voit pas d’un bon œil le retrait des trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) de ses instances – d’autant qu’ils l’ont déclaré comme ayant « un effet immédiat » et sans retour possible. Après les annonces faites à Abuja, les juntes ouest-africaines, elles, ne doivent pas bouder leur plaisir…

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