Présidentielle tchadienne : Idriss Déby rassemble face aux opposants prônant le boycott

Deux jours avant le scrutin présidentiel du 25 avril, le président sortant Idriss Déby Itno a appelé les Tchadiens à se « rassembler ». À l’opposition, qui a choisi de boycotter le vote, il a lancé qu’il n’était pas trop tard pour le rejoindre.

Le président tchadien Idriss Deby Itno lors d’une conférence de presse à N’Djamena le 22 avril. © AFP

Le président tchadien Idriss Deby Itno lors d’une conférence de presse à N’Djamena le 22 avril. © AFP

Publié le 24 avril 2011 Lecture : 3 minutes.

Grand favori du scrutin, le président tchadien Idriss Deby Itno, au pouvoir depuis 1990, s’est présenté en rassembleur lors d’un grand meeting à N’Djamena samedi 23 avril, dernier jour de la campagne de la présidentielle, alors que ses trois principaux opposants ont réitéré leur appel au boycott.

"Je vous invite à abandonner les idées qui divisent, je vous invite à vous aimer les uns les autres, je vous invite à aimer votre pays, chacun y trouvera sa part", a déclaré le président Deby au stade Idriss Mahamat Ouya qui peut accueillir 20.000 personnes et était comble.

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"Le Tchad a besoin de tous ses enfants", a-t-il proclamé à l’adresse des trois principaux opposants Wadal Abdelkader Kamougué, Saleh Kebzabo et Ngarlejy Yorongar qui ont suspendu leur participation au scrutin de lundi et appellent à son boycott. "Il n’est pas trop tard, qu’ils nous rejoignent", a-t-il dit.

"On a la paix, on a la liberté, on a la démocratie", a déclaré Mariam Adou Kachalla, 21 ans, lycéenne, venue l’écouter.

Immenses affiches, grandes banderoles, petits dirigeables gonflables, foule en T-shirts imprimés "je vote IDI" (Idriss Deby Itno), les moyens étaient nettement plus importants que ceux du meeting des trois opposants dans la mâtinée sur un terrain poussiéreux de N’Djamena.

Un seul mot d’ordre, le boycott à 100%

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A cette occasion, M. Kebzabo de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR, 9 sièges à l’Assemblée nationale) a répété: "un seul mot d’ordre, le boycott à 100%", devant un gros millier de personnes enthousiastes.

Les trois opposants s’étaient vu interdire une campagne d’information sur les raisons qui les ont poussés à appeler au boycott mais, le 18 avril, ils avaient annoncé leur intention de "braver" l’interdiction pour tenir ce meeting.

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Dans un appel au peuple tchadien lu par un porte-parole lors du meeting, ils jugent que "Voter le 25 avril, c’est se suicider. C’est s’autodétruire", et invitent à "ne pas cautionner le brigandage électoral en cours", également qualifié de "cirque électoral". Ils avaient notamment demandé de nouvelles cartes d’électeurs pour la présidentielle après leur défaite aux législatives de février.

Le suivi du boycott est devenu l’un des principaux enjeux de l’élection alors qu’en l’absence des poids lourds de l’opposition, M. Deby au pouvoir depuis 1990 est certain de d’obtenir un quatrième mandat.

Si les gens ne se sont pas déplacés en masse au meeting de l’opposition, c’est parce que "les gens craignent pour leur vie, c’est un Etat policier, par peur de représailles", a estimé Chris dans la foule électrisée, taisant son nom de famille.

"Si les gens ne viennent pas, c’est qu’on est sous-informés, moi-même en passant j’ai vu les gens, sinon je n’aurais pas su. Ils ont empêché que le message passe à la radio", a assuré Jean-Noël.

Volonté de changement

Les Tchadiens présents au meeting ont voulu prendre la parole pour égrainer la liste de ce qu’ils reprochent au pouvoir: chômage, notamment des jeunes, manque d’électricité et d’eau potable, misère, prix qui flambent, corruption. Ils parlent de leur volonté de changement après 20 ans sous le même régime.

Par ailleurs, dans un communiqué samedi soir, M. Kebzabo a protesté contre l’arrestation d’un cadre de son parti à Pala (ouest) "pour intimider les militants de l’UNDR engagés dans la campagne de boycott de la farce électorale en cours".

Outre Deby, deux autres candidats restent en lice: le ministre Albert Pahimi Padacke, président du Rassemblement national pour la démocratie (RNDT-Réveil) et l’avocat-opposant Nadji Madou, président de l’Alliance socialiste pour un renouveau intégral (ASRI).

4,8 millions de Tchadiens sont appelés à élire leur président pour un mandat de cinq ans.

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