Présidentielle nigériane : un second tour possible d’après les résultats partiels

Des résultats partiels de l’élection présidentielle de samedi au Nigeria faisaient apparaître une division nette entre le Nord musulman qui a voté Muhammadu Buhari et le Sud chrétien favorable au président sortant Goodluck Jonathan, et la possibilité d’un second tour.

Dépouillement des bulletins de vote le 16 avril 2011 à Yenagoa. © AFP

Dépouillement des bulletins de vote le 16 avril 2011 à Yenagoa. © AFP

Publié le 17 avril 2011 Lecture : 3 minutes.

Le dépouillement des bulletins de vote se poursuivait dimanche, les résultats complets des 36 Etats de cette Fédération étant attendus, selon la Commission électorale, dans les quarante-huit heures après la fin d’un scrutin que les autorités ont voulu transparent et que les observateurs ont salué.

Les premiers résultats publiés dans la presse locale de divers Etats révélaient une bonne performance dans la moitié nord du pays du musulman Muhammadu Buhari, ex-dictateur militaire (1984-1985) qui briguait la présidence pour la 3e fois, et une forte implantation dans le Sud du président sortant Goodluck Jonathan, un chrétien originaire de la région pétrolifère du delta du Niger (sud).

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Grave division

"Il y a une bonne et une mauvaise nouvelle dans cette élection présidentielle. La bonne, c’est que nous comptons des votes réels et que les gens s’y intéressent. La mauvaise, c’est que le pays est gravement divisé, le Nord contre le Sud", a commenté Chidi Odinkalu, de l’ONG Open Society Justice Initiative.

Le quotidien This Day affirmait dimanche que les premiers résultats "reflètent la coupure entre le Nord et le Sud, avec des électeurs de chaque partie votant en fonction de critères régionaux et religieux".

De nombreux analystes avaient mis en garde contre ce scénario dans un pays aussi turbulent que le Nigeria, une nation de 155 millions d’habitants et de plus de 250 groupes ethniques.

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Pour l’emporter, le candidat qui a le plus de voix doit également obtenir au moins un quart des voix dans au moins deux-tiers des 36 Etats, soit 24 Etats, selon les termes de la Constitution.

Si l’hypothèse d’un second tour avec un duel Jonathan-Buhari se confirmait, ce serait une première depuis 1999.

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Satisfecit des observateurs

Les observateurs internationaux ont accordé un premier satisfecit à ce scrutin qui a débuté à l’heure et s’est déroulé dans un calme relatif, malgré trois attentats à la bombe, dont l’un dans un hôtel de Kaduna (nord) a fait huit blessés selon la police.

"Le scrutin s’est tenu dans des conditions encore meilleures que celles de la semaine dernière" aux législatives, a affirmé Alojz Peterle, chef de la mission de l’Union européenne et ancien Premier ministre slovène.

"Nous sommes en train d’observer, je l’espère, le géant africain se réformer, ranger sa maison et mettre ses affaires au clair", a déclaré l’ex-président du Botswana, Festus Mogae, qui dirigeait la mission d’observation du Commonwealth.

Incidents dans le Nord

Des tensions se sont cependant manifestées dans le Nord où des électeurs ont craint des fraudes de la part du camp du parti au pouvoir, le Parti démocratique du Peuple (PDP) de Goodluck Jonathan. Sans l’Etat d’Adamawa, à Jada, une foule en colère a brûlé la maison d’un responsable politique, soupçonné d’avoir caché dans sa demeure des urnes électorales, a rapporté la police qui a ouvert une enquête.

Des incidents similaires ont eu lieu dans une autre ville de l’Etat, à Mubi, et à Azare dans l’Etat de Bauchi, toujours selon la police.

Dans l’Etat de Taraba, à Jalingo, la police a dit avoir utilisé des gaz lacrymogènes contre une foule qui voulait accompagner les agents électoraux jusqu’au centre de collecte des résultats pour s’assurer qu’il n’y ait pas de tricheries.

Dans l’Etat de Bauchi, "il y a eu des émeutes à Misau, la foule a brûlé les bureaux de notre parti et un bureau (de la Commission électorale) à la suite d’accusations sans fondement de trucage des élections", a indiqué Abdulmumini Kundak, du PDP.

Muhammadu Buhari avait fait état samedi d’"informations de fraude électorale, de bourrage d’urnes à certains endroits".

Vingt candidats étaient en lice. Parmi ceux qui comptent, figurent aussi Nuhu Ribadu, un "monsieur propre" qui a dirigé l’agence anti-corruption du Nigeria, et Ibrahim Shekarau, gouverneur sortant de l’Etat de Kano (nord).

Il y a une semaine, les Nigérians ont voté aux législatives dont les résultats définitifs n’ont pas encore été proclamés. Le 26 avril auront lieu les élections des gouverneurs des Etats et des assemblées régionales.

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