Côte d’Ivoire : les avocats de Ouattara demandent à l’ONU de déloger Gbagbo
Les avocats français d’Alassane Ouattara, président ivoirien élu et reconnu par la communauté internationale, ont demandé dimanche à l’ONU et à la France de « neutraliser les miliciens à la solde (du président sortant Laurent) Gbagbo et remettre à la justice le candidat battu ».
"Nous appelons les forces impartiales de l’Onuci (la force onusienne) avec l’appui de Licorne (la force militaire française qui appuie l’Onuci) à éliminer sans délai les armes lourdes, neutraliser les miliciens à la solde de Gbagbo qui constituent une force d’occupation illégale, et remettre à la justice le candidat battu", écrivent Me Jean-Paul Benoit et Me Jean-Pierre Mignard, avocats de M. Ouattara et de la République de Côte d’Ivoire, dans un texte rendu public à Paris.
"C’est l’esprit et la lettre de la résolution 1975 du Conseil de sécurité", adoptée le 25 mars qui appelle notamment à utiliser "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les civils et empêcher l’utilisation d’armes lourdes contre les populations civiles, poursuivent les avocats, qui ont déjà remis le 9 mars un mémorandum à la Cour pénale internationale (CPI) sur les crimes présumés du camp Gbagbo.
Echec de la stratégie de blocus autour de Gbagbo
L’appel des avocats à l’ONU a été écrit "de notre propre initiative, avec l’accord de M. Ouattara" auquel il a été soumis, a précisé à l’AFP Me Benoit. Il a également été transmis à "la cellule africaine" de la présidence française et devait l’être aux Nations unies. Les forces pro-Gbagbo et les pro-Ouattara s’affrontent à Abidjan depuis le 31 mars, mais le camp du président sortant résiste vigoureusement et à même renforcé ses positions ces derniers jours. Les Forces républicaines soutenant Ouattara paraissent divisées et incapables de maintenir le blocus autour du président sortant.
"Il y a urgence. La survie des populations d’Abidjan est menacée, la sécurité physique d’Alassane Ouattara et de son gouvernement est en cause", poursuivent les avocats, alors que l’hôtel où M. Ouattara et son gouvernement sont retranchés sous la protection de Casques bleus, a été samedi la cible de tirs d’armes lourdes et légères.
"La crédibilité des institutions internationales -ONU, Union Africaine, Cedeao, Union européenne- est bafouée", poursuivent les avocats, assurant que "l’inaction nourrit la violence, la force légitime est le serviteur du droit international" et que "tergiverser protège et renforce en réalité l’usurpateur et son système".
"Intervention légalitaire"
Ils réclament en conséquence "+une intervention légalitaire+, une intervention militaire, sur la base du droit, afin de rétablir la légalité", jugeant que "c’est l’effectivité du droit international qui se joue en Afrique, ou auront lieu 18 élections en 2011".
Alors que les forces soutenant les deux camps ont été accusées d’exactions, notamment dans l’Ouest, et que des ONG ont demandé à M. Ouattara de s’engager à ce que tous les coupables soient poursuivis, les avocats soulignent que "c’est un engagement que le président Ouattara a pris solennellement".
Enfin, alors que le camp du sortant à appelé à la "résistance contre (…) l’armée française," ils assurent qu’une intervention ne constituerait pas une "guerre coloniale". "Le candidat battu tente d’imposer cette élucubration en multipliant les provocations contre l’Onuci, la France et les ambassades étrangères. N’ayons aucune culpabilité à utiliser la force légitime pour aider les Ivoiriens a instaurer le gouvernement qu’ils ont démocratiquement choisi", écrivent-ils.
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