Guerre Israël-Hamas : une trêve à Gaza pendant le ramadan ?

Les États-Unis et le Qatar espèrent arriver à un nouvel accord de trêve entre Tel-Aviv et le mouvement palestinien dès la semaine prochaine, qui pourrait durer jusqu’à la fin du mois de jeûne.

À Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, où les affrontements entre le Hamas et l’armée israélienne se concentrent, le 21 janvier 2024. © MAJDI FATHI / NurPhoto / NurPhoto via AFP.

À Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, où les affrontements entre le Hamas et l’armée israélienne se concentrent, le 21 janvier 2024. © MAJDI FATHI / NurPhoto / NurPhoto via AFP.

Publié le 28 février 2024 Lecture : 3 minutes.

Après bientôt cinq mois de guerre dans la bande de Gaza, le territoire palestinien est plongé dans une crise humanitaire majeure et 2,2 millions de personnes, selon l’ONU, sont menacées de famine. Washington et Doha, médiateurs avec l’Égypte dans le conflit, espèrent obtenir une pause dans les combats avant le début du ramadan et permettre la libération d’une partie des otages détenus dans le territoire. Le mois de jeûne sacré des musulmans commence le 10 ou le 11 mars au soir et se terminera autour du 9 avril.

Les discussions portent sur une trêve de 42 jours, durant laquelle un des 130 otages – parmi des femmes, mineurs et personnes âgées malades – serait échangé chaque jour contre dix Palestiniens détenus par Israël, selon une source proche du Hamas. En outre, le mouvement palestinien veut une augmentation de l’aide humanitaire entrant dans Gaza.

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Cessez-le-feu

Joe Biden a évoqué au soir du lundi 26 février sur NBC « un accord des Israéliens selon lequel ils ne s’engageraient pas dans des opérations durant le ramadan » afin de « faire sortir tous les otages ». « J’ai espoir que d’ici à lundi prochain, nous aurons un cessez-le-feu », avait-il déclaré plus tôt, en soulignant que ce n’était « pas encore fait ». Mardi, le porte-parole de la diplomatie américaine, Matthew Miller, a assuré : « Nous serions bien sûr heureux d’y parvenir d’ici à la fin de semaine. […] Nous tentons de faire franchir la ligne d’arrivée à cet accord et, selon nous, c’est possible. »

À Doha, le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed al-Ansari, a exprimé mardi son « espoir, sans [se sentir] nécessairement optimiste, de pouvoir annoncer quelque chose aujourd’hui ou demain ». Le Qatar, qui héberge la direction politique du Hamas, joue un rôle central dans les négociations. « Nous visons tous cet objectif, mais la situation reste changeante sur le terrain », a-t-il ajouté, en référence à une pause pendant le ramadan.

Un responsable israélien a déclaré au site d’information Ynet, sous couvert d’anonymat, que « la tendance est positive », alors que le Hamas n’a pas réagi aux propos de Joe Biden. L’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, a entamé mardi une visite de deux jours à Paris. Avec le président français Emmanuel Macron, ils ont réitéré leur volonté d’arriver « très rapidement à un cessez-le-feu ».

« Opérations ciblées »

La communauté internationale s’alarme d’une catastrophe humanitaire en cas d’offensive terrestre d’Israël sur Rafah, dans le sud de Gaza, où sont réfugiés près d’un million et demi de Palestiniens, selon l’ONU, piégés contre la frontière fermée de l’Égypte. Pour le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, cette opération d’envergure contre le « dernier bastion » du Hamas permettrait d’obtenir une « victoire totale » sur le mouvement palestinien en « quelques semaines ».

Ils disent que Rafah est sûre, regardez la paix qui nous tombe sur la tête !

Khaled al-ZatmaUn habitant de Rafah
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Une trêve ne ferait que « retarder » cette offensive, a-t-il souligné dimanche, assurant que les civils, en majorité des déplacés, pourraient être évacués « au nord de Rafah ». Mais sur le terrain, les combats, qui ont fait près de 30 000 morts à Gaza, se poursuivent à Khan Younès, à quelques kilomètres au nord de Rafah. Mardi, l’armée a aussi annoncé mener des « opérations ciblées » dans le centre du territoire ainsi qu’à Zeitoun (Nord), où les soldats ont découvert un tunnel du Hamas menant à une fabrique d’armes.

Les frappes aériennes continuent également sur Rafah. « Ils disent que Rafah est sûre, regardez la paix qui nous tombe sur la tête », a lancé Khaled al-Zatma en fouillant les décombres de sa maison bombardée. Rafah est l’unique point d’entrée de l’aide dans le territoire, soumise au feu vert d’Israël et qui arrive en quantités très limitées. Son acheminement vers le nord est rendu presque impossible par les destructions, les combats et les pillages.

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« Le nord de Gaza inhabitable »

Jens Laerke, porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) de l’ONU, a dénoncé mardi le blocage « systématique » par l’armée israélienne des camions d’aide en route vers le nord de Gaza, même ceux qui selon lui avaient reçu une autorisation. L’Agence américaine pour le développement international (USAID) a pour sa part annoncé une nouvelle aide humanitaire de 53 millions de dollars pour les Palestiniens.

« Le nord de Gaza est devenu complètement inhabitable, a affirmé à l’AFP Marwan Awadieh, un habitant de Jabaliya. Il n’y a aucune nourriture ici. Même le fourrage que nous devions manger n’est plus disponible. » La mauve, une herbe sauvage comestible, « est maintenant épuisée […]. Nous ne savons pas comment nous pourrons survivre », a-t-il ajouté.

(avec AFP)

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