Vue du port autonome de Dakar (Sénégal), géré par DP World. © Sylvain Cherkaoui pour JA
Vue du port autonome de Dakar (Sénégal), géré par DP World. © Sylvain Cherkaoui pour JA

[Série] Au Sénégal, l’économie dans les starting-blocks

Sur le papier, le pays dispose des moyens pour supporter son ambition de devenir la prochaine locomotive économique du continent, avec sa population, la manne pétrolière et ses infrastructures… Mais les tumultes politiques persistants ont mis à nu des difficultés de fond qui pourraient barrer la route vers l’émergence tant espérée.

Publié le 28 février 2024 Lecture : 3 minutes.

Vue du port autonome de Dakar (Sénégal), géré par DP World. © Sylvain Cherkaoui pour JA
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Au Sénégal, l’économie dans les starting-blocks

Sur le papier, le pays dispose des moyens pour supporter son ambition de devenir la prochaine locomotive économique du continent, avec sa population, la manne pétrolière et ses infrastructures… Mais les tumultes politiques persistants ont mis à nu des difficultés de fond qui pourraient barrer la route vers l’émergence tant espérée.

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Un produit intérieur brut (PIB) qui devrait augmenter de 8,5 % par en moyenne jusqu’en 2029, une croissance démographique significative… Le Sénégal et son économie seront confrontés dans les années qui viennent à de nouveaux enjeux incontournables. Pour y faire face, le pays de la Teranga dispose d’atouts forts, dont le chef de l’État, Macky Sall, a su tirer parti.

Mais si d’importants chantiers, notamment au niveau des infrastructures, ont été menés au cours de ses deux mandats, notamment via le Plan Sénégal émergent (PSE), d’autres restent encore à gérer. Le successeur du président devra notamment s’attaquer à rendre « le secteur privé plus transparent », comme le souligne Doudou Ka, le ministre de l’Économie et du Plan, dans un pays où, pour subsister, 90 % de la population active dépend du secteur informel.

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Cette nécessité « d’améliorer l’environnement des affaires, l’accès au financement et le développement des infrastructures » est pointée par le Fonds monétaire international (FMI), alors que les entrepreneurs individuels ne manquent pas : près de 60 % des actifs en sont, selon les chiffres du dernier recensement général des entreprises. Si elles sont entreprises, de telles réformes structurelles permettraient également de poursuivre l’assainissement des finances de l’État, notamment en « élargissant sa base fiscale », comme le souligne le Fonds.

Si des mesures économiques ont déjà été prises en ce sens par le gouvernement, le prochain pourra aussi compter sur les revenus tirés des hydrocarbures, avec, entre autres, le lancement de deux champs offshores majeures. Mais encore faudrait-il que ces programmes soient mis en production sans encombre, ce qui n’est pas garanti. Le projet pétrolier de Sangomar, initialement prévu pour 2021, a ainsi déjà été repoussé trois fois. Il devrait voir le jour au premier semestre de 2024. Reste, enfin, à poursuivre l’adaptation du pays face au changement climatique, alors que les inondations font déjà des ravages dans plusieurs centres urbains.

Des relations toujours solides avec la France

L’essor économique dont fait preuve le Sénégal et les promesses de croissance future n’ont pas manqué d’attiré, depuis plus d’une décennie, des investisseurs étrangers. Si certains viennent du Golfe, de Chine ou encore de Turquie, et bien que « l’Afrique ne [soit] plus la chasse gardée de l’Europe », comme n’a cessé de le répéter Macky Sall, c’est bien la France qui demeure le premier partenaire économique du pays. Mais quels liens unissent encore Paris à son ancienne colonie, alors que depuis 2021, le sentiment « anti-français » semble s’être développé au sein de la société sénégalaise ?

Si certains des experts interrogés par Jeune Afrique estiment qu’il n’existe pas un tel ressentiment « profond et significatif », d’autres dénoncent une « mainmise totale des entreprises françaises sur tous les secteurs ». Auchan (grande distribution), Eiffage (autoroutes), Alstom (Train express régional), Orange (télécoms), TotalEnergie (hydrocarbures)… Et si, somme toute, une partie des Sénégalais étaient davantage dérangés par les positions historiques françaises ancrées dans une économie de rente plutôt que transformation ? Pour l’heure, ni ce ressenti ni la concurrence accrue n’ont en tout cas pesé sur les échanges commerciaux entre la France et le Sénégal, qui connaissent une croissance continue, dépassant depuis 2022 le milliard d’euros.

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Dans ce contexte, le pays de la Teranga a vu l’émergence de nouvelles figures, désireuses de s’affirmer dans le débat économique local. D’Ousseyni Kane, le chef d’orchestre du Plan Sénégal émergent à Mame Aby Seye, la grande oratrice qui défend l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes, ces hommes et ses femmes portent haut leurs ambitions, nourris par leur désir de voir le Sénégal émerger et devenir un « hub d’attractivité ».

Retrouvez tous les épisodes de cette série :

Épisode 1 : Cinq défis pour l’avenir économique du Sénégal post-Macky Sall
Épisode 2 : Sénégal-France : quel rôle économique Paris peut-il encore espérer ?
Épisode 3 : Qui sont les nouvelles têtes pensantes de l’économie sénégalaise ?

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