Sud-Soudan : le difficile chemin vers l’indépendance

Les Sud-Soudanais ont déjà commencé à s’organiser pour célébrer leur indépendance, prévue en juillet. Mais l’euphorie a été rapidement éclipsée par une vague de violences meurtrières et une surenchère militaire.

Des Sud-Soudanais, le 9 janvier 2011 lors du vote pour l’indépendance, à Juba. © AFP

Des Sud-Soudanais, le 9 janvier 2011 lors du vote pour l’indépendance, à Juba. © AFP

Publié le 27 mars 2011 Lecture : 3 minutes.

« Nous ferons la fête le jour et la nuit », promet l’ancien soldat rebelle Wilson Achan, qui a combattu durant la guerre civile contre les forces gouvernementales de Khartoum. « Ils entendront le bruit des tambours jusque dans le Nord. »

Lors du référendum sur l’autodétermination du Sud-Soudan, en janvier, l’option sécessionniste l’a emporté à la quasi-unanimité, ouvrant la voie à la création d’un nouveau pays.

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Mais les Sudistes ont aujourd’hui de nombreuses raisons d’être inquiets pour l’avenir de leur future nation.

Depuis janvier, des violents combats entre rebelles et l’armée sudiste ont fait des centaines de morts, pour beaucoup des civils. Et le meurtre par balle début février d’un ministre du Sud-Soudan – bien que le mobile semble être d’ordre privé – a mis en évidence les défis liés à la reconstruction de la paix dans un pays ravagé par la guerre et surarmé.

Des images satellitaires d’un groupe de surveillance américain ont montré ces derniers jours un renforcement des forces armées soutenues par Khartoum et des « camps fortifiés » à Abyei, région contestée à la lisière entre le Nord et le Sud.

Tensions accrues entre le Nord et le Sud

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Les combats dans les États sudistes du Haut Nil et Jonglei ont déclenché une guerre des mots entre Nord et Sud et poussé Juba à suspendre temporairement le dialogue avec le pouvoir nordiste du président Omar el-Béchir, l’accusant de comploter pour faire tomber leur gouvernement avant l’indépendance.

Cette dispute n’est pas de bonne augure pour la suite des négociations sur des dossiers clés à régler avant juillet, dont le futur statut d’Abyei, la gestion du secteur pétrolier, les frontières, la citoyenneté, la sécurité et la dette.

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Durant la guerre civile dévastatrice qui a opposé Nord et Sud (1983-2005), Khartoum avait armé des milices sudistes hostiles au Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM). Ce dernier accuse le Nord de continuer à le faire.

Pour autant, si Nord et Sud aiment user de la stratégie de la tension, selon les experts, aucun des deux ne veut aujourd’hui la guerre.

« Revenir à la guerre a été rejeté par beaucoup de factions du NCP [parti du président Béchir]. Et ce n’est définitivement pas ce que veut le SPLM », déclare Edward Thomas, expert du groupe de réflexions londonien Chatham House.

Fragile contrôle du territoire

À cela s’ajoutent des problèmes humanitaires et des dissensions politiques internes. Plus de 246 000 Sudistes ayant fui vers le nord durant la guerre civile sont revenus dans le Sud depuis octobre, d’après l’Organisation internationale pour les migrations. Et les organisations humanitaires se préparent à l’arrivée possible de 500 000 personnes supplémentaires d’ici au mois d’août.

Sur le plan politique, les autorités sudistes s’étaient évertuées en amont du référendum à réconcilier les groupes rebelles, mais la méfiance héritée des années de guerre reste vivace. Le scrutin passé, les accords prennent l’eau et les groupes se pressent pour accéder au pouvoir.

Le Centre Carter a averti que la méfiance entre le SPLM et l’opposition était « un défi majeur qui minait l’unité du Sud-Soudan ». Les partis d’opposition se sont ainsi retirés ce mois-ci d’un comité technique chargé d’élaborer une nouvelle Constitution intérimaire, déplorant que le SPLM domine le processus.

Le groupe de recherche « Small Arms Survey » a de son côté mis en garde contre le fragile contrôle que Juba exerce sur « son vaste territoire militarisé ». « Il est évident que les rébellions ont la capacité non seulement de défier l’autorité du gouvernement de Juba et de déstabiliser le Sud, mais aussi de perturber les relations pacifiques Nord-Sud après le 9 juillet », date d’entrée en vigueur de l’indépendance, a indiqué le groupe dans un récent rapport.

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