La Journée internationale des droits des femmes, célébrée le 8 mars, sensibilise nos États ainsi que les opinions publiques nationales et internationales sur la nécessité de mobiliser davantage d’investissements en vue d’une participation accrue des femmes au développement de la cité : « Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme », tel est le thème de réflexion et de mobilisation retenu cette année par les Nations unies.

Première célébration sous la Ve République

Il est important de préciser d’emblée que pour ONU Femmes, à l’origine de ce thème, il ne s’agit pas d’exprimer une simple revendication émancipatrice dans le sillage des luttes antérieures des femmes pour la reconnaissance de leurs droits et de leur inaliénable dignité. Le choix de ce thème part du constat de l’implication insuffisante des femmes dans les grandes causes planétaires actuelles que sont la lutte contre le réchauffement climatique, la promotion d’un développement durable et d’une économie solidaire. Pour les femmes tchadiennes, ce thème a donc une résonance toute particulière.

En effet, le 8 mars 2024 sera, dans notre pays, la première célébration du genre sous la Ve République qui a inscrit la femme comme l’un des piliers de l’édification de la nouvelle société tchadienne, bien plus que par le passé. Après les assises du dialogue national inclusif et souverain (DNIS), notre pays s’est résolument engagé sur la voie d’une paix et d’une concorde durables et d’un développement encore plus inclusif. Dans ce Tchad nouveau, les filles et les femmes doivent toutes prendre leur place avec un dynamisme et un enthousiasme encore plus grands. Il convient par ailleurs de souligner que cette problématique du 8 mars 2024 fait d’autant plus écho à nos politiques publiques nationales qu’elle s’appuie sur nos acquis en matière d’autonomisation des femmes.

C’est ainsi que, dans le canevas tracé par la Conférence mondiale sur les femmes (Pékin, septembre 1995) et les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) des Nations unies, le Tchad, depuis plus de deux décennies, a révisé ses politiques publiques et son dispositif législatif afin que les femmes puissent donner la pleine expression de leur capacité d’entreprendre et de leur génie créateur.

C’est dans ce contexte que le gouvernement du Tchad a élaboré et adopté, en 2017, la Politique nationale genre (PNG), dont le plan d’action 2019-2023 aura été le prolongement. À travers ce cadre de référence, le gouvernement s’est employé à donner une plus grande lisibilité aux politiques publiques consacrées à la lutte contre les inégalités entre hommes et femmes, d’une part, et, d’autre part, a mis en place les outils d’évaluation et de suivi de ces politiques.

Nous ne perdons cependant pas de vue que le 8 mars 2024 sera également célébré en pleine période de transition politique dans notre pays. D’ordinaire, dans un tel contexte où les institutions régaliennes sont à consolider et la cohésion sociale à renforcer, la problématique de la protection des couches les plus vulnérables de la société, notamment des femmes, ne manque pas de se poser avec une singulière délicatesse.

Des avancées non négligeables

Conscient de cet enjeu, le ministère de la Femme et de la Protection de l’enfance a organisé, du 19 au 24 février 2024 à N’Djamena, sous le haut patronage du président de la transition, Mahamat Idriss Déby Itno, une table ronde de haut niveau intitulée « Femmes et transitions politiques en Afrique ». Ces moments de réflexion ont vu la participation de pays africains impliqués dans un processus de transition, notamment le Niger, le Gabon, le Burkina Faso et la Guinée, ainsi que des organisations internationales et de nombreuses représentations diplomatiques accréditées au Tchad. À cette occasion, nous nous sommes fixé pour finalité de « contribuer au renforcement d’une gouvernance politique transformative dans les pays en transition en Afrique, fondée sur le principe d’égalité et d’équité entre les hommes et les femmes ». À cet égard, la transition en cours au Tchad peut revendiquer non sans fierté des avancées non négligeables.

Dès le lancement des assises du dialogue national, la représentation équitable des femmes a été retenue comme l’un des préalables à leur bonne tenue, qu’il s’agisse du présidium des débats ou de la désignation des membres au sein des différentes commissions. Au-delà de ces assises, dans les gouvernements successifs constitués à l’issue du DNIS, il y a lieu de relever une présence accrue des femmes, y compris à des positions éminentes dans l’ordre protocolaire.

Nous avons en revanche conscience que, pour l’avenir, nous devons investir davantage pour l’autonomisation des femmes dans tous les secteurs de la vie nationale où leur ardeur au travail, leur sens de l’organisation et de l’intérêt général sont des apports décisifs pour l’émergence de ce Tchad prospère qu’espèrent toutes les Tchadiennes et tous les Tchadiens. Accélérer le rythme de l’investissement en vue de l’épanouissement du potentiel créateur de la femme tchadienne, c’est accélérer le rythme en faveur du développement et de la pacification durable du Tchad.