Après trois jours de grève en Guinée, les syndicats vont négocier avec Mamadi Doumbouya

La suspension du mouvement survient après la remise en liberté de Sekou Jamal Pendessa, un responsable syndical qui était détenu depuis plus d’un mois.

Le mouvement de grève générale en Guinée s’est traduit par une presque paralysie de la capitale, Conakry (ici en septembre 2023). © Annika Hammerschlag/Anadolu via AFP.

Le mouvement de grève générale en Guinée s’est traduit par une presque paralysie de la capitale, Conakry (ici en septembre 2023). © Annika Hammerschlag/Anadolu via AFP.

Publié le 29 février 2024 Lecture : 3 minutes.

En grève générale depuis trois jours, la Guinée devrait retrouver son quotidien habituel, du moins pour un temps. Le mouvement syndical à l’origine de cette grève très suivie a annoncé le 28 février au soir sa suspension et la reprise de négociations après la libération du responsable d’un syndicat de presse, considérée comme un préalable à toute discussion. Le mouvement syndical guinéen « informe les autorités publiques, privées et informelles de sa disponibilité à reprendre les négociations dès demain [le 29 février] » et par là même « suspend la grève générale et illimitée déclenchée le 26 février », poursuit le communiqué.

Cette décision fait suite à la libération plus tôt dans la journée de Sekou Jamal Pendessa, secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG). Détenu depuis plus d’un mois pour avoir appelé à manifester contre la censure, il est sorti libre d’un tribunal de Conakry après avoir été condamné le 28 février en appel à un mois de prison ferme.

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Avec la libération de Jamal Pendessa, « nous pouvons retourner à la table des négociations avec le gouvernement pour appuyer les autres points de revendications », avait déclaré à la bourse du Travail Abdoulaye Sow, porte-parole du mouvement syndical.

Baisse des prix alimentaire et censure médiatique

Au menu des discussions à venir : la baisse des prix des denrées de première nécessité, la fin de la censure médiatique et le respect d’un accord lié à l’amélioration des conditions de vie des fonctionnaires.

Le mouvement de contestation lancé par les treize centrales syndicales du pays, et soutenu par les principaux partis politiques et des organisations de la société civile, s’est traduit par une paralysie presque totale de la capitale Conakry : les banques, les écoles et de nombreux commerces sont restés fermés, les administrations et hôpitaux fonctionnant au ralenti.

Il fait figure de test pour la junte dirigée par Mamadi Doumbouya depuis 2021, qui interdit toute manifestation et cherche à faire taire toute critique à son égard. « C’est une victoire de la démocratie, de la justice contre l’injustice, de la justice contre l’arbitraire », a déclaré Pendessa après le jugement.

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« La lutte contre la dictature continue et nous allons davantage nous battre pour que les autorités sachent qu’ils n’ont pas droit de vie et de mort sur la population », a-t-il ajouté. Des heurts dans la banlieue de Conakry ont fait deux morts le 26 février.

Connexion internet toujours ralentie

Arrêté le 19 janvier, le syndicaliste avait été condamné le 23 février à six mois de prison dont trois avec sursis parce qu’il était allé soutenir un certain nombre de ses confrères qui avaient manifesté « pour libérer les médias et réseaux sociaux ». La manifestation avait été interdite par les autorités.

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Les militaires au pouvoir ont récemment sévi contre un certain nombre de médias en supprimant des chaînes de télévision des principaux bouquets de distribution et en brouillant des fréquences radio, provoquant des manifestations de colère, en particulier de journalistes. Ils ont levé le 23 février les restrictions d’accès à Internet imposées depuis trois mois en raison d’un « problème » de sécurité selon les autorités guinéennes, mais des utilisateurs se plaignent d’une connexion toujours ralentie.

Un économiste comme nouveau chef du gouvernement

Huit jours après avoir dissous contre toute attente le précédent gouvernement sans en donner les raisons, mais en ordonnant le gel des comptes bancaires de ses membres et la saisie de leurs passeports, le chef de la junte a aussi nommé un nouveau Premier ministre.

L’économiste Amadou Oury Bah a prêté serment comme nouveau chef de gouvernement et juré de « mettre tout en œuvre pour préserver l’intérêt supérieur du CNRD [l’organe dirigeant de la junte au pouvoir], de son président et du peuple de Guinée ».

Insistant sur la communication avec les Guinéens, il s’est engagé à « apaiser, restaurer la confiance et redonner de l’espoir à nos compatriotes qui se sentent un peu désorientés ces derniers temps », selon une publication de la Primature sur ses réseaux sociaux.

Le nouveau Premier ministre est un homme de dialogue. Il n’a pas boycotté les rencontres organisées par la junte, contrairement à nombre de responsables de l’opposition. Il avait été ministre de la Réconciliation nationale après les importantes grèves de janvier-février 2007 qui avaient secoué le régime autoritaire du président Lansana Conté.

(avec AFP)

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